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Patrick Pouyanné menace de quitter la Bourse de Paris pour New York

« C’est une question légitime. » Pour Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, la société restera française, mais quant à la cotation principale, c’est une autre affaire. L’essentiel des transactions boursières sur les actions du géant français des hydrocarbures s’effectuent actuellement à la Bourse de Paris, où il représente la deuxième capitalisation derrière LVMH. Mais le patron ne cache pas, dans un entretien accordé ce vendredi 26 avril à l’agence de presse financière américaine Bloomberg, avoir des vues sur New York.

« Nous sommes confrontés à une situation dans laquelle les actionnaires européens vendent ou conservent leur participation, et les actionnaires américains achètent.il explique. Qu’est-ce qui est le mieux pour les actionnaires américains ? Préfèrent-ils que les actions soient principalement cotées à New York ou en Europe ? Je pense que lorsque vous posez la question, vous avez la réponse. »

47% des actionnaires institutionnels aux Etats-Unis

Depuis 2012, la part de la propriété institutionnelle nord-américaine est passée de 33 % à 48 % (dont 47 % pour les États-Unis) en 2023, tandis que celle de l’Europe (hors Royaume-Uni) a diminué de 45 % à 34 % au cours de la même période. même période. La propriété institutionnelle représente 78 % de la propriété totale de l’entreprise. « En Europe, au lieu de soutenir les entreprises européennes qui veulent faire cette transition, même si elle est difficile, elles nous regardent et nous disent : regardez, vous continuez à produire du pétrole et du gaz. » souligne Patrick Pouyanné.

La stratégie de TotalEnergies « consiste à maintenir le cap sur les énergies carbonées et à utiliser les revenus ainsi générés pour financer la transition », explique Samuel-Frédéric Servière, responsable de la politique fiscale et budgétaire à la très libérale Fondation Ifrap. Les Américains en profitent : « Aux États-Unis, les considérations environnementales ne sont pas aussi aiguës qu’en Europe. » précise Pascal Quiry, professeur de finance à HEC.

Outre-Atlantique, les investissements liés aux hydrocarbures, notamment dans les gaz de schiste, continuent de croître. Résultat, « Les compagnies pétrolières sont nettement plus valorisées aux Etats-Unis qu’en Europe », note-t-il.

Au premier trimestre 2024, la major pétrolière française a enregistré un bénéfice net de 5,7 milliards de dollars (5,2 milliards d’euros). Un chiffre en hausse de 3% par rapport à la même période de l’année dernière. Fort de ce bon départ, le groupe souhaite consacrer cette année 17 ou 18 milliards de dollars à ses investissements. Dont 5 milliards devraient être utilisés pour la production d’électricité à partir de gaz ou de sources renouvelables.

Attention aux effets d’annonce

Reste que pour Pascal Quiry, il faut se méfier d’un effet d’annonce : « C’est juste une proposition, rien ne dit qu’il va la mettre en œuvre. » D’autant que la sortie du patron de TotalEnergies intervient dans un contexte particulier. La semaine dernière, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé la mise en place d’une taxe rétroactive sur les rachats d’actions à partir de cette année, une pratique dont TotalEnergies est devenu l’un des principaux adeptes. L’année dernière, le groupe a racheté 8,2 milliards d’euros d’actions, soit 27% de l’ensemble des rachats d’actions réalisés par les entreprises françaises.

Par ailleurs, le patron de Total doit également être entendu ce lundi 29 avril par la commission d’enquête sénatoriale dirigée par le sénateur écologiste de Paris Yannick Jadot. Depuis des mois, cette commission, qui vise à remettre en cause l’intégrité des engagements climatiques de la multinationale française, est au cœur des plus grandes tensions entre l’ancien candidat écologiste à la présidentielle et la majorité sénatoriale (droite et centre), qui l’accuse de partialité sur l’objet.

Dans ce contexte tendu, il y a fort à parier que l’interview de Bloomberg sera au menu des discussions. Mais si certains y verront une menace pour la France de se voir privée d’un de ses fleurons en Bourse, d’autres ne manqueront pas d’y voir le signe que TotalEnergies est bien plus obsédé par la valorisation de ses profits. que par le changement climatique. Face à Bloomberg, Patrick Pouyanné ne s’en est en aucun cas caché : « Ce n’est pas de l’émotion, c’est du business… »

Cammile Bussière

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