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une journée avec les lycéens guadeloupéens aux Jeux Paralympiques

REPORTAGE – Plus de 350 élèves scolarisés en Guadeloupe ont bénéficié du projet « Ma Classe aux Jeux » lancé par l’Etat, qui vise à permettre à près de 200 000 jeunes partout en France de bénéficier d’événements sportifs.

La tour Eiffel, le Louvre, la cathédrale Notre-Dame… Postés sur le toit d’un bateau-mouche, les vingt-trois lycéens guadeloupéens contemplent le paysage qui défile sous leurs yeux. La plupart de ces jeunes n’avaient jamais vu ces monuments parisiens. « Je ne les imaginais pas aussi gros »D’nys dit, impressionné. « Nous avons beaucoup de chance d’être ici, nous n’aurions jamais pu faire toutes ces activités sans ce projet »salue Alexane. Ce projet est « Ma classe aux jeux »un dispositif mis en place par l’Etat dans le but d’offrir un séjour parisien à près de 200 000 jeunes Français pendant les Jeux Paralympiques.

Parmi ces chanceux, 1000 élèves viennent des territoires d’outre-mer, dont 377 écoliers et accompagnants de Guadeloupe. Durant plus de deux ans, ces jeunes en classe de terminale, spécialisés en éducation physique, pratiques sportives et culture, ont participé à l’organisation de ce voyage en récoltant des fonds et en recherchant des sponsors. « Nous avons organisé des ventes de gâteaux et contacté plusieurs endroits pour trouver un logement. »dit Alexane, fière de ce que le groupe a accompli.

La majeure partie du financement provient toutefois des ministères des Outre-mer, de l’Intérieur et de l’Éducation nationale, laissant aux parents la charge de payer la somme de 350 euros. « Les parents sont tous très émus par cette opportunité qui est offerte à leur enfant quasiment gratuitement »se réjouit Gina Saint-Phor, professeure d’éducation physique et surveillante du séjour.

Le groupe de 23 lycéens guadeloupéens et leurs trois encadrants sont de passage à Paris entre deux épreuves paralympiques.
Clara Hidalgo / Le Figaro

Séduite par le para-athlétisme

Ce jeudi 5 septembre, la météo n’est pas au beau fixe. La visite de la tour Eiffel a été remplacée par la croisière des Bateaux Mouches. Les jeunes, qui avaient prévu de revêtir leur imperméable, restent imperturbables. Depuis le navire qui traverse la Seine, ils saluent les gens sur les quais ou à leurs fenêtres avec un grand sourire. Malgré la pluie battante, ils multiplient les selfies tandis que résonnent les plus grands tubes de la chanson française, d’Aznavour à Piaf.

Depuis son arrivée à Paris, cette classe de terminale du lycée Gerville Réache, à Basse-Terre, enchaîne les visites culturelles à l’Assemblée nationale et au ministère des Outre-mer, et assiste chaque jour à différentes épreuves paralympiques. Para-athlétisme au Stade de France, para-équitation à Versailles suivi d’une visite guidée du château avant de se rendre au Club France… Le groupe s’est imprégné de la ferveur olympique.

Si le para-équitation n’a pas fait l’unanimité auprès des adolescents car il est jugé « trop ​​ennuyeux »Le para-athlétisme a rassemblé tout le monde. « C’était impressionnant et plus diversifié car il y avait plusieurs sports comme le sprint, le saut en longueur, le lancer du poids… »explique Miléna, vêtue d’un maillot rose fluo du PSG. Cette fan du club de foot parisien s’émerveille devant chaque bâtiment chargé d’histoire.

Un métro « sale » et surpeuplé

Cette semaine, les jeunes guadeloupéens découvrent une autre institution parisienne… le métro. Pour leur apprendre à se responsabiliser, les trois encadrants demandent à l’un des élèves de les guider avec un GPS pour chaque trajet. Cette fois, c’est au tour d’Ylan de les conduire à l’Arena Porte de la Chapelle où la classe s’apprête à découvrir les épreuves de para-haltérophilie.

Des jeunes guadeloupéens ont découvert les joies du métro parisien.
Clara Hidalgo / Le Figaro

Regroupés sur la ligne 9, les adolescents perdent facilement l’équilibre lorsque le train démarre. « On n’est pas habitués, on n’a pas de métro chez nous, on prend seulement le bus »explique Milena, qui n’apprécie pas l’expérience. « Il y a beaucoup de monde et c’est sale »se plaint-elle. La jeune fille est surprise d’apprendre que le métro se porte beaucoup mieux pendant les Jeux olympiques et paralympiques.

Les trois changements de ligne fatiguent certains de ses camarades qui s’assoupissent sur leurs sièges. A la sortie du métro, les imposants immeubles de la Porte de la Chapelle leur donnent le vertige. « C’est haut ! Imagine, tu vis là-haut ? En fait, je ne veux pas y penser. »demande Milena de manière rhétorique.

« Leur handicap est devenu leur force »

Louis est ébloui lorsqu’il franchit les portes de l’immeuble. Le terrain de basket illuminé et miroitant installé au plafond le fascine. « J’ai vu que le site avait été construit spécialement pour les Jeux »informe-t-il ses amis. Avant d’entrer dans l’Aréna, les lycéens ont hâte d’être surpris par les exploits des para-athlètes. Ils sont surpris de constater que les gradins sont vides. Seuls quelques groupes scolaires remplissent les sièges en plastique.

Des jeunes guadeloupéens ont assisté jeudi 5 septembre aux épreuves de para-haltérophilie à l’Arena Porte de la Chapelle.
Clara Hidalgo / Le Figaro

Concentrés et silencieux, les adolescents sont frappés par la force des para-athlètes féminines qui ouvrent le spectacle avec le développé couché. « Je ne sais pas comment ils parviennent à soulever des poids aussi lourds. Même nous, nous n’y arriverions pas. »Quentin s’étonne, captivé par le spectacle. Depuis lundi, les para-athlètes offrent un véritable régal à ces jeunes. « En fin de compte, les Jeux Paralympiques ne sont pas différents des Jeux Olympiques, ils restent un sport de haut niveau. »note N’jahemma. « Leur handicap est devenu leur force »rebondit Léandre qui juge enfin cette compétition « plus intéressant que les Jeux Olympiques car on est toujours surpris ».

Dans le cadre de leur spécialité sportive au baccalauréat, ces lycéens pratiquent au moins dix à douze heures de sport par semaine, et notamment la musculation. « Voir les sportifs se dépenser me donne envie de bouger aussi, ça me manque »Miléna l’avoue contre toute attente. La jeune fille, comme tous ses camarades, est néanmoins heureuse d’avoir bénéficié d’une rentrée échelonnée. Les jeunes Guadeloupéens reprennent l’avion lundi et rejoignent leurs salles de classe mardi. Ils traînent déjà des pieds.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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