une foule immense à Téhéran pour les funérailles du président iranien
L’hommage rendu au président iranien décédé dans un accident d’hélicoptère le 19 mai a rassemblé une foule de citoyens iraniens.
Une foule immense s’est rassemblée mercredi dans le centre de Téhéran pour rendre un dernier hommage au président iranien Ebrahim Raïssi, célébré comme un « martyr » après sa mort dans un accident d’hélicoptère. « Un million d’adieux », a indiqué la télévision d’Etat, saluant le nombre de personnes rassemblées dans le centre de la capitale. Aucune estimation indépendante n’était disponible. « Je suis triste. Je suis venu apaiser mon cœur »a témoigné Maryam, une enseignante de 41 ans portant un tchador arrivée avec son mari et son fils d’une ville au sud de Téhéran.
En ce jour férié déclaré, les cérémonies ont débuté par une prière dirigée par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui s’est prosterné devant les cercueils des huit hommes tués dans l’accident, dont le chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian. Avec Raïssi, « Nous avons perdu une personnalité remarquable. C’était un très bon frère. Un fonctionnaire efficace, compétent, sincère et sérieux”, a-t-il ensuite déclaré en recevant le Premier ministre irakien Mohamed Shia al-Sudani, l’une des personnalités étrangères venues pour l’occasion. Lors de la prière, la plus haute autorité de la République islamique était entourée de hauts responsables du clergé chiite, de membres du gouvernement, dont le président par intérim Mohammad Mokhber, et de hauts officiers de l’armée et des Gardiens de la révolution.
Etaient également présents le leader politique du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le numéro deux du Hezbollah libanais, Naïm Qassem. Malgré la disparition de Raïssi, « nous sommes convaincus que la République islamique d’Iran poursuivra son soutien au peuple palestinien », a déclaré Haniyeh, qui s’est exprimé brièvement juste avant que trois pays européens – l’Espagne, l’Irlande et la Norvège – ne reconnaissent l’État palestinien. Le Hamas et le Hezbollah font partie « l’axe de la résistance » qui, notamment avec les rebelles yéménites Houthis, est soutenu par Téhéran dans le cadre de la guerre dans la bande de Gaza entre le Hamas et Israël.
L’Union européenne absente
Des dirigeants de pays du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Asie, dont le président tunisien Kaïs Saïed et l’émir qatari Tamim ben Hamad al-Thani, ont assisté dans l’après-midi à une cérémonie d’hommage, à laquelle une soixantaine de pays étaient représentés, selon l’agence Irna. Parmi les participants figuraient le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Choukri, dont le pays n’entretient pas de relations diplomatiques avec l’Iran, ainsi qu’une délégation des talibans afghans. En revanche, aucun pays de l’Union européenne n’était représenté à la cérémonie, alors que les relations de Téhéran avec les pays occidentaux restent très tendues.
Après la prière, la foule s’est déplacée lentement vers la place Azadi, l’une des plus grandes de la ville désertée par les voitures et où les magasins avaient baissé leurs rideaux. De nombreuses personnes brandissaient des portraits, parfois stylisés et colorés, du défunt président et des drapeaux iraniens, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les habitants de Téhéran avaient reçu des messages sur leurs téléphones les appelant à « assister aux funérailles du martyr ».
Ces cérémonies se déroulent selon la tradition des grands rassemblements qui ont marqué les 45 premières années de la République islamique, comme celui qui a suivi la mort du général Qassem Soleimani, un haut responsable militaire tué par une frappe américaine en Irak en 2020. d’immenses portraits de « martyr » Ebrahim Raïssi ont été suspendus et pendus dans les lieux publics des principales villes. Les funérailles se termineront jeudi par l’inhumation du défunt président à Mashhad (nord-est), sa ville natale. Pendant ce temps, les autorités s’affairent à organiser le processus de remplacement de M. Raïssi, qui préside l’Iran depuis 2021. L’une des tâches du président Mokhber, 68 ans, est de préparer l’élection présidentielle, qui se tiendra le 28 juin. A ce stade, aucune personnalité politique ne s’est publiquement déclarée candidate.
Une douzaine d’heures de recherche
Ebrahim Raïssi est mort dans le crash de l’hélicoptère qui l’emmenait dimanche à Tabriz (nord-ouest) après avoir assisté à l’inauguration conjointe d’un barrage avec son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, sur leur frontière commune. De difficiles opérations de recherche ont été menées pendant une douzaine d’heures dans une région escarpée et boisée avant que l’épave de l’hélicoptère ne soit découverte lundi à l’aube.
Les forces armées, qui ont ordonné une enquête sur les causes du drame, ont indiqué mercredi que des drones nationaux avaient été utilisés pour localiser l’hélicoptère, ce qu’un drone équipé d’un équipement de vision nocturne dépêché par la Turquie n’a pas réussi à faire. Présent à bord d’un hélicoptère accompagnant celui du président, le chef de cabinet de M. Raïssi, Gholam Hossein Esmaili, a déclaré que l’avion avait subitement disparu sans émettre aucun signal d’alarme.