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Un site stratégique de radar d’alerte précoce DM de Voronej a été attaqué dans le sud-ouest de la Russie

Située dans le kraï de Krasnodar, près d’Amavir (à plus de 600 km de la ligne de front ukrainienne), la base Baronovsky abrite deux radars ultra haute fréquence (UHF) Voronezh DM qui, capables de suivre jusqu’à 500 cibles à plus de 6 000 km, font partie d’un réseau d’alerte précoce, censé prévenir toute attaque de missiles balistiques contre la Russie.

Or, le 23 mai, des sources russes rapportaient que ce site venait d’être visé par des munitions téléopérées ukrainiennes. Peu de temps après, des photographies montrant des dégâts importants sur l’un des deux radars ont été diffusées via les réseaux sociaux. Par ailleurs, moins de vingt-quatre ans plus tard, le centre de communications par satellite d’Alushta (Crimée) a été touché par plusieurs missiles balistiques tactiques MGM-140 ATACMS (Army TACtical Missile System) fournis par les États-Unis à l’Ukraine.

Pour l’heure, les autorités ukrainiennes n’ont revendiqué aucune de ces deux attaques, ce qui n’a donné lieu à aucun commentaire de la part de leurs homologues russes.

Le Voronezh DM est un radar au-dessus de l’horizon (OTH) conçu pour localiser des cibles sur une très longue distance. D’où la question de savoir si les forces ukrainiennes avaient un intérêt opérationnel à cibler celles d’Amavir, sachant qu’elles sont orientées vers la Méditerranée et le Moyen-Orient. Autrement dit, l’un d’eux a-t-il pu détecter les missiles balistiques tirés vers la Crimée ?

Quoi qu’il en soit, cette attaque pourrait avoir des implications bien plus larges, car c’est l’un des éléments clés de la dissuasion nucléaire russe qui a été touché.

En effet, parmi les « conditions déterminant la possibilité de recours aux armes nucléaires », détaillées dans la doctrine révisée par le Kremlin en 2020, figurent « les actes contre des sites étatiques ou militaires de nature critique significative à l’égard de la Fédération de Russie, y compris la mise hors service » seraient susceptible de « compromettre la réponse des forces nucléaires ».

Par ailleurs, l’attaque d’Amavir a été menée alors que les forces russes venaient de lancer un exercice « avec des armes nucléaires non stratégiques », avec une « première étape (…) dans la région militaire du sud ».

« L’objectif de l’exercice est de maintenir le personnel et l’équipement des unités de combat d’armes nucléaires non stratégiques à des fins de réponse et en vue de sauvegarder inconditionnellement l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Russie en réponse aux déclarations provocatrices et aux menaces proférées par certains responsables occidentaux contre la Fédération de Russie », a expliqué le ministère russe de la Défense.

Par ailleurs, l’attaque de ces radars Voronezh DM pourrait également influencer les discussions visant à autoriser les forces ukrainiennes à frapper le territoire russe avec des armes fournies par les États-Unis.

Cette « ligne rouge » fixée par Washington a vacillé lorsqu’Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, a suggéré un changement de doctrine lors d’un voyage à Kiev. « Nous n’avons pas encouragé ni autorisé les frappes en dehors de l’Ukraine, mais en fin de compte, c’est à l’Ukraine de décider elle-même comment elle mènera cette guerre, une guerre qu’elle mène pour défendre sa liberté, sa souveraineté et son intégrité territoriale », a-t-il déclaré. le 15 mai.

Cependant, le Département d’État a rapidement corrigé le tir, assurant, le lendemain, que la position des États-Unis n’avait pas changé sur ce point. « Nous n’encourageons ni n’autorisons les frappes sur le territoire russe », a déclaré Vedant Patel, son porte-parole, lors d’un point presse.

Seul le Royaume-Uni a levé toutes ses réserves à ce sujet. Début mai, le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a défendu le droit de Kiev de frapper le territoire russe avec des armes fournies par Londres. « De la même manière que la Russie frappe l’Ukraine, il est tout à fait compréhensible que l’Ukraine ressente le besoin de se défendre », a-t-il soutenu.

« La réponse aux frappes ukrainiennes utilisant des armes britanniques sur le territoire russe pourrait consister à frapper toute installation et équipement militaire britannique sur le territoire ukrainien et au-delà », avait alors réagi la diplomatie russe.

Photo : ministère russe de la Défense

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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