Un responsable CGT condamné à un an de prison avec sursis, pour « apologie du terrorisme » après l’attaque du Hamas contre Israël
Le tribunal correctionnel de Lille a condamné, jeudi 18 avril, le secrétaire général de l’Union départementale CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut, à un an d’emprisonnement avec sursis simple pour « apologie du terrorisme ».
Le syndicaliste a été poursuivi en raison d’un tract de soutien aux Palestiniens, distribué par le syndicat le 10 octobre 2023, trois jours après l’attaque du Hamas contre Israël. « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre), ils reçoivent les réponses qu’ils ont provoquées »on pourrait y lire.
Ce dépliant rédigé collectivement a été publié sous la responsabilité de M. Delescaut. Le tribunal a estimé que les propos en question diabolisaient les auteurs des attaques, incitaient « réduire la désapprobation morale » contre eux et a provoqué une inversion entre victimes et auteurs d’actes terroristes.
Le tribunal a également souligné que le tract ne contenait pas « pas de condamnation explicite ou implicite des actes du 7 octobre ». Il a fait valoir que ces commentaires auraient pu « des conséquences concrètes » en France, où la majorité des actes antisémites commis «relent à un déplacement de ce conflit sur le territoire (national) ». Il a en revanche acquitté M. Delescaut des faits de provocation publique à la haine ou à la violence.
Sophie Binet dénonce un « jugement honteux »
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, dénoncé sur la plateforme X UN « jugement honteux » représentant « une étape très grave franchie dans la répression des libertés ».
« C’est un très mauvais signal qui est donné en matière de liberté d’expression sur ce conflit qui met à rude épreuve, pour le dire par euphémisme, le monde politico-médiatique »a estimé le député (La France insoumise, LFI) du Nord Ugo Bernalicis, qui s’est adressé au tribunal.
Jean-Paul Delescaut devra verser 5 000 euros à une association reconnue partie civile, l’Organisation juive européenne, pour préjudice moral. Il était absent lors des délibérations et ses avocats ont refusé de commenter, affirmant seulement que leur client faisait appel.
Lors de l’audience du 28 mars, le procureur a estimé que le tract « constituait une légitimation d’une attaque de masse sous couvert d’une analyse historique ». Sophie Binet et le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, sont venus apporter leur soutien à M. Delescaut. La CGT du Nord avait dénoncé « une attaque d’une grande violence contre le syndicalisme ».