Nouvelles locales

Un peu c’est déjà trop – Editorial de Stéphane Sahuc – 18 septembre 2024

Qu’est-ce qui se cache derrière le limogeage brutal de Thierry Breton de son poste de commissaire européen ? Oui, il se trouve au carrefour d’une convergence d’intérêts : ceux d’Ursula von der Leyen, de mèche avec les Gafam et déterminée à évincer celui qui avait élevé la voix contre leurs pratiques. Et ceux d’un Emmanuel Macron affaibli qui a besoin d’un fidèle à Bruxelles : Stéphane Séjourné.

Mais ce moment politique en dit long sur l’assujettissement des puissances françaises et européennes aux intérêts du monde capitaliste. Non pas que Thierry Breton ait été un farouche défenseur des intérêts des travailleurs. Mais il était partisan d’une régulation minimale de la politique industrielle européenne. Déjà trop pour les défenseurs de l’idéologie selon laquelle la concurrence pure et parfaite se suffit à elle-même.

Pour preuve, le rapport remis la semaine dernière au président de la Commission européenne par Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et actuel président de l’Institut Delors, un document présenté ce mardi au Parlement européen. L’objectif de ce texte est, assure Mario Draghi, de donner des pistes pour rattraper le retard que prend l’Union européenne dans la compétition avec les Etats-Unis et la Chine.

La « productivité » des entreprises européennes serait freinée par un excès de normes sociales et environnementales. Le rapport Draghi dénonce ainsi les 13 000 actes législatifs annuels décidés par les autorités européennes contre 5 500 aux États-Unis. Et de proposer un cadre de « coordination de la compétitivité » ce qui ne signifie rien de moins qu’un alignement sur les pratiques et les normes américaines.

Enfin, il défend l’octroi de subventions publiques généreuses pour soutenir les investissements privés dans le numérique, l’intelligence artificielle et l’environnement. Sans aucune condition et sans la moindre contrepartie, bien sûr. « Déréglementer » toujours plus et plus vite, c’est l’exigence du capitalisme européen. Alors, on fait exploser celui qui voulait réguler un tout petit peu, un tout petit peu qui est déjà trop.

Les milliardaires des médias ne peuvent pas se le permettre

Nous ne sommes financés par aucun milliardaire. Et nous en sommes fiers ! Mais nous sommes confrontés à des défis financiers constants. Soutenez-nous ! Votre don sera déductible des impôts : donner 5 € vous coûtera 1,65 €. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page