Divertissement

Un mystérieux algorithme « sélectionne-t-il » vraiment les candidats ? c’est plus compliqué que ça

Comme chaque année depuis sa création, Parcoursup a essuyé plaisanteries, critiques et moqueries à l’occasion de la publication des résultats. En cause, une incompréhension généralisée des critères utilisés, certains étudiants ayant d’excellents résultats se retrouvant sans solution. Et comme chaque année, une explication est évidente : un mystérieux algorithme serait à l’œuvre pour trier et « sélectionner » les candidats, selon des préférences sociales, géographiques ou encore nominatives.

Pour d’autres, cet algorithme serait même une loterie. La preuve en serait que les lettres de motivation ne sont pas lues. Ainsi, cette année un candidat aurait reçu une réponse positive pour la licence de lettres modernes de l’Université de Nancy, alors qu’il se contentait de dresser la liste des 23 derniers lauréats du Ballon d’Or de France Football en couverture. lettre.

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FAUX

En réalité, ce tweet qui cumule 2,4 millions de vues est un copier-coller d’un post publié l’année dernière. L’auteur n’a pas pris la peine de modifier la date sur la capture d’écran. Mais le fait est que « les milliers de lettres de motivation rédigées par des lycéens n’ont la plupart du temps jamais été ouvertes », soulignaient les chercheurs Pierre Clément et Marie-Paul Couto en 2019 dans la revue Pensée. Ils sont en effet examinés par des commissions et non par un outil, ce qui rend impossible des formations très demandées, comme les licences.

L’algorithme national est également accessible librement et en toute transparence. Mais il n’agit qu’en bout de chaîne, pour corriger les classements faits par les formations avec certains critères, comme le taux d’étudiants boursiers ou la priorité aux candidats de l’académie pour les filières non sélectives. Elle gère également la répartition des places d’internat en classes préparatoires.

Les établissements libres de cacher leurs critères

Mais l’essentiel du tri « opaque » s’effectue en réalité au niveau des formations elles-mêmes. Pour examiner les dossiers, les établissements peuvent utiliser leur propre algorithme. Ou utilisez un « outil » fourni par Parcoursup, qui prend la forme d’un fichier Excel, explique TF1. « L’outil d’aide à la décision, mis à disposition par Parcoursup, permet de pondérer certains éléments des dossiers », explique à la première chaîne Alban Mizzi, doctorant en sociologie qui rédige une thèse sur la plateforme.

Plusieurs critères sont proposés aux établissements sur cet outil unique. Ils sont libres de pousser le curseur sur certains filtres plutôt que sur d’autres. Par exemple, Sciences Po Bordeaux a décidé de paramétrer l’outil pour retenir davantage d’étudiants boursiers, au détriment des étudiants des lycées privés, comme l’explique Le monde. La rumeur naît alors du secret des délibérations en vigueur dans l’Enseignement supérieur, protégé par la loi, qui permet aux établissements de garder secret le fonctionnement de leur algorithme interne. Et ce, qu’il utilise un peu, seulement ou pas du tout l’outil Parcoursup.

Pour contrer quelque peu cette légende d’une sélection obscure, Parcoursup a ajouté cette année à chaque formation une fiche explicative, qui met en avant « les critères d’analyse des candidatures » et leur pondération. Il n’en reste pas moins qu’in fine, « l’humain garde le dernier mot » dans le processus de sélection, rappelle Alban Mizzi. Et le cerveau humain est sans doute l’algorithme le plus mystérieux qui soit.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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