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Un enseignant reçoit un coup de tête dans un lycée de l’Essonne, les profs disent qu’ils en ont marre

« Il n’y a pas de cours aujourd’hui, madame », demande une adolescente un peu perdue. « Pas cette première heure », répond un professeur du lycée Essouriau, aux Ulis (Essonne). Ce lundi à 8h30, les professeurs ont renvoyé leurs élèves dans la cour de récréation. Un débrayage organisé pour dénoncer les multiples incidents survenus depuis la rentrée scolaire au sein de cet établissement qui accueille près de 1.000 jeunes.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase : l’agression d’un enseignant jeudi dernier. Cet après-midi-là, un étudiant de 16 ans, habitant Grigny et fréquentant l’école primaire, hésitait à travailler. «C’était un bloc de 4 heures en atelier. La première heure, il a refusé de prendre des notes, raconte un enseignant. La deuxième heure, il a fait semblant de ne pas avoir ses vêtements de travail. Ils lui ont proposé de lui en prêter un, ce qu’il a refusé. »

La situation s’envenime lorsque l’élève demande à aller aux toilettes, ce qui n’est pas autorisé pendant les heures de cours. « Il a commencé à jurer avant de quitter la salle », poursuit le professeur. C’est un collègue qui, en tentant d’intervenir, a été violemment agressé. « Il a reçu un coup de tête, a été insulté puis menacé », raconte-t-on. Immédiatement, la victime a porté plainte au commissariat et l’agresseur a été placé en garde à vue. « Il nie les faits », indique une source policière. Un conseil de discipline est prévu le 18 octobre. L’enseignant est depuis en congé.

« Qui nous protège ? »

Si cet incident est le plus grave, ce n’est pas le premier de l’année. Plusieurs enseignants ont été insultés. D’autres se font jeter du chewing-gum en plein cours. « Le problème, c’est qu’ils font cela alors que nous leur tournons le dos. Impossible d’identifier qui est l’auteur et personne ne parle, déplore un enseignant. Quand nous les menaçons de punition collective, ils nous disent que c’est interdit. Et ils ont raison. Quand on leur dit qu’on va faire un reportage sur leur comportement, ils assurent que ça finira de toute façon à la poubelle. Les étudiants n’ont plus peur des conséquences de leurs actes et nous nous retrouvons impuissants. Nous nous sentons abandonnés par notre hiérarchie. »

Les enseignants interrogés prédisent une « année compliquée ». Notamment à cause du sureffectif dans les classes. « On est passé de 24 élèves par classe il y a 4 ans à 32 élèves cette année », compare Sylvain Mestdagh, enseignant et élu au Snes91 (Syndicat national de l’enseignement secondaire). Nous accueillons les étudiants qui rencontrent des difficultés importantes, que l’on découvre au fil de l’année faute de suivi. »

Sa collègue Sonia Lambert, co-secrétaire du Snes, est du même avis. « D’autres n’ont pas choisi d’être scolarisés dans cet établissement. Ils avaient leur devoir en septembre et viennent souvent de loin pour se retrouver dans une classe bondée. Ils ressentent un sentiment d’injustice envers le système éducatif qui explique, en partie, cette montée de la violence. De l’autre, ils ont des professeurs qui se retrouvent en première ligne et qui perdent leur motivation au fil des années. Ils ne se sentent plus respectés par les étudiants, méprisés par le gouvernement et tout ça pour un salaire qui ne suit pas. Nous ne devrions pas être surpris si de plus en plus de personnes songent à se reconvertir. »

L’établissement de l’Ulis (ici ce 14 octobre) accueille près de 1 000 étudiants.

Au sein du lycée, lundi, certains élèves tenaient encore à apporter leur soutien. « Nous sommes choqués d’apprendre cette attaque », confie le second. Et effrayé. On se dit que si un enseignant peut être attaqué, qui nous protège ? Et visiblement nos parents sont inquiets à l’idée de nous laisser étudier dans un établissement où les professeurs se font tabasser. Jeudi c’était lui, demain ce serait peut-être nous. Nous ne pouvons pas apprendre correctement si nous ne nous sentons pas en sécurité. »

Contacté, le rectorat de Versailles confirme que « les services départementaux suivent cette situation ». Le conseiller technique de l’établissement et de la vie scolaire de l’Essonne s’est rendu sur place jeudi. Les équipes du dispositif académique de prévention et de sécurité ont assuré le suivi le lendemain, tandis que des membres de la brigade régionale de sécurité étaient présents lundi. « Ces deux dispositifs pourront être utilisés autant que nécessaire afin d’accompagner les équipes éducatives », précise-t-on.

Quant aux étudiants, « ceux qui en expriment le besoin peuvent être vus par les infirmières du lycée ou par des psychologues ».

Cammile Bussière

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