Un député du Val-de-Marne tente un coup d’État pour dépouiller Paris de ses compétences
C’est un véritable coup d’État… ou plutôt un coup d’État régional. Ce jeudi, le député LR du Val-de-Marne, Vincent Jeanbrun, a rédigé un projet de loi visant à transférer la responsabilité du périphérique parisien à Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports franciliens.
Propriété de la Ville de Paris, le périphérique serait alors géré conjointement par IDFM et la région Île-de-France. En clair, le député tente de retirer le périphérique à Anne Hidalgo pour le céder à Valérie Pécresse, présidente des deux entités.
« Cette décision ne repose sur aucune étude scientifique solide »
La raison de ce coup d’Etat ? L’abaissement de la vitesse maximale autorisée de 70 km/h à 50 km/h décidé unilatéralement par la Mairie de Paris. Un timing bien pensé puisque c’est ce jeudi même que la mesure est appliquée sur l’ensemble de la rocade de 35 kilomètres, et avec les radars prêts à flasher.
Une mesure qui a suscité l’ire de l’opposition régionale, mais aussi de plusieurs ministres des transports successifs de Clément Beaune à François Durovray plus récemment. Décision justifiée par la municipalité parisienne concernant la protection des riverains contre les nuisances sonores et la pollution de l’air. Cette dernière « aura des effets », a assuré à l’AFP Patrick Bloche, premier adjoint à la mairie de Paris.
Problème pour l’opposition, dont Valérie Pécresse, qui serait favorable à la pose d’un nouveau revêtement phonique sur le périphérique, « cette décision ne repose sur aucune étude scientifique solide », comme l’affirme Vincent Jeanbrun, également maire de L’Haÿ-les- Roses (Val-de-Marne) dans un communiqué.
« La durée de vie de ce projet de loi est extrêmement limitée »
« Une gouvernance régionale unifiée est nécessaire », justifie Vincent Jeanbrun. « 80 % des usagers du périphérique ne sont pas parisiens », écrit le député, faisant référence à une étude de l’Institut Paris Région. Selon lui, « il est donc temps de rendre le périphérique aux Franciliens ».
Une prise de position et un acte qui n’effraient pas les élus parisiens. Patrick Bloche en tête : « C’est avant tout un acte symbolique. La durée de vie de ce projet de loi est extrêmement limitée. »
Selon lui, l’impact de cette mesure reste limité pour les automobilistes : « Si on parcourt la moitié du périphérique pour traverser Paris, à 50 km/h, le trajet ne prend que six minutes de plus que si on roule à 70 km/h. km/h. » La vitesse moyenne effective étant d’environ 36 km/h, l’impact de la mesure sur le bruit devrait surtout se faire sentir la nuit.
Une prochaine pétition en ligne ?
Contacté par 20 minutesDavid Belliard, adjoint d’Anne Hidalgo chargé des Transports, ne semble pas plus impressionné : « Cette proposition de loi qui ne vise qu’à pérenniser cette autoroute sans aucun changement est une pure gesticulation politique. Est-ce la région qui rachètera pour plus de trois milliards d’euros (estimation il y a 15 ans de la valeur du périphérique) le périphérique que Paris a financé ? Est-ce la région qui souhaite prendre en charge les coûts de son entretien ? Comment la région peut-elle impliquer davantage les communes voisines que Paris et nos concertations en cours sur le sujet depuis cinq ans ? Et à qui les députés LR demanderont-ils le transfert de responsabilité du périphérique lors du passage de la région aux écologistes en 2027 ? »
N’abandonnant pas, Vincent Jeanbrun envisagerait d’utiliser la pression populaire en lançant une pétition en ligne pour faire avancer son projet de loi.