Un coup de force, puis un coup de massue… Comment Tadej Pogacar a assommé Jonas Vingegaard dans les Pyrénées
Le Slovène, qui avait remporté les deux étapes pyrénéennes de deux manières différentes, a désormais creusé un écart important avec le Danois, à une semaine de l’arrivée.
Publié
Mise à jour
Temps de lecture : 5 min
Samedi matin, au départ des deux étapes pyrénéennes, Tadej Pogacar comptait 1’14 » d’avance sur son rival Jonas Vingegaard. Dimanche soir, l’écart dépassait les trois minutes (3’09 »).
En deux jours, avec deux tactiques différentes, le Slovène a anéanti les espoirs naissants du Danois, qui lui avait ravi une deuxième place et la victoire dans le Massif Central mercredi. Retour sur le week-end pyrénéen qui aurait pu faire basculer le Tour 2024 en faveur du maillot jaune.
Samedi : Une entreprise collective avant la détonation
Jusqu’aux Pyrénées, Tadej Pogacar avait toujours été en tête. Il n’avait perdu qu’une microscopique seconde sur le Danois, au Lioran. Mais cette seconde avait peut-être créé une fissure dans son sourire, lui qui n’était pas encore parvenu à faire une réelle différence.
Samedi donc, avec le Tourmalet, la Hourquette d’Ancizan et le Pla d’Adet, Tadej Pogacar a sorti le grand jeu. UAE avait prévu de sortir les trois géants pyrénéens de leur torpeur le temps d’un après-midi. Nils Politt, plus rouleur que grimpeur, a d’abord écrémé le petit poisson, avant que Pavel Sivakov et Joao Almeida ne maintiennent un rythme éreintant pour les outsiders.
Alors que Jonas Vingegaard était toujours à l’aise, Tadej Pogacar a ensuite envoyé son dernier homme de main, Adam Yates, devant observer les réactions. « Ce n’était pas prévu. De toute façon, avec Tadej (Pogacar)On ne sait jamais quel est le plan. Il est venu me voir et m’a dit d’attaquer. Je me suis demandé : « Pourquoi ? » Mais j’ai attaqué.a révélé le Britannique samedi soir.
« Les gens me disent : « Ne gaspille pas ton énergie. » Mais je ne pense pas que je puisse changer. Quand je le sens, j’attaque. Cela a marché samedi, pas mercredi. C’est la vie, j’aime courir. »
Tadej Pogacarà l’arrivée de la 14ème étape
Jonas Vingegaard a une nouvelle fois réagi en deux temps, le Slovène a tenu bon et le Danois n’a pu que le regarder s’enfuir. Après un bref mais bienvenu relais avec Yates, la luciole jaune a filé vers une nouvelle victoire, creusant irrémédiablement un écart qui s’élevait à 39 secondes à l’arrivée.
« Nous avions pour objectif de remporter une étape au sprint. Je voulais laisser l’étape à Adam. (Yates)mais en même temps, j’avais cet instinct en moi qui me disait que je pouvais le rejoindre, » Pogacar a estimé l’arrivée. Avec une avance de plusieurs dizaines de secondes, le coup a été réussi.
Dimanche : Défense et contre-attaque
Relégué à près de deux minutes samedi soir, Jonas Vingegaard ne s’est pas avoué vaincu. Il s’est même montré presque confiant quant à sa contre-attaque à venir, dimanche sur le terrible plateau de Beille (15,8 km à 7,9%). « J’étais plus déçu après l’étape du Galibier. Aujourd’hui (SAMEDI) J’ai fait une bonne performance, donc je ne peux pas être déçu. C’était trop court. Plus c’est long et difficile, mieux c’est pour moi« a déclaré le Danois au départ dimanche.
La contre-attaque a bel et bien eu lieu : pour la première fois dans cette édition, le vélo Visma-Lease a mené le peloton, laissant le maillot jaune en position défensive. A 10,5 kilomètres du sommet final, Jonas Vingegaard a pris le large, mais Tadej Pogacar n’a pas bronché. Le Slovène a attendu, visiblement à l’aise dans la roue du Danois. Car il n’en finit pas de nous le rappeler : il a appris de ses erreurs.
Lui qui a tendance à disperser son énergie par amour de la course, a cette fois observé les intentions du Danois. « L« Ces deux dernières années, c’est vrai que j’ai fait des erreurs. On paie ça cash, c’est comme ça qu’on peut perdre la course. »se rappelait-il avant le départ. Cinq kilomètres pour jauger le niveau du Danois, puis le naturel a repris le dessus.
A 5,3 kilomètres de l’arrivée, le maillot jaune a bondi et Jonas Vingegaard n’a une fois de plus pas pu suivre. « J’ai voulu le suivre à son rythme. Il a essayé de relancer et j’ai remarqué que ce n’était pas aussi vif que la première attaque »a observé le vainqueur du jour.
A l’arrivée, 1’08 », 3’09 » au total. Une avancée qui commence à ressembler à un matelas moelleux. En deux jours et deux coups tactiques différents, Tadej Pogacar a vaincu le Danois, désormais acculé.Nous savions que Tadej était en meilleure forme que l’année dernière, avec une préparation plus spécifique sur la haute montagne et les étapes dures et longues »a déclaré Mauro Gianetti, manager de l’UAE Team Emirates.
Les doutes que le Danois avait semés dans la tête du Slovène sont revenus le hanter ce week-end. « J’ai probablement fait l’une des meilleures performances de ma vie, mais Tadej était encore plus fort. Je pense qu’il a encore une chance de gagner ce Tour. Nous avons vu ces deux dernières années qu’il pouvait avoir des mauvais jours. Il faut donc espérer qu’il en ait d’autres. Mais s’il maintient ce niveau, ce sera difficile. »dit le Danois.
A la veille de la dernière journée de repos, rien ne laisse penser que le tenant du titre parviendra à inverser la tendance lors des six étapes restantes. Est-il déjà échec et mat ?