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travail du sol, archéologie et défi environnemental… Comment Versailles prépare son écrin royal pour accueillir les Jeux

Dans près de quatre mois jour pour jour, le ballet des tractopelles aura laissé la place à celui des chevaux, mais le cadre royal n’aura pas changé. Le 27 juillet, le château de Versailles ouvrira ses jardins au monde olympique pour accueillir les épreuves équestres, de pentathlon moderne et para-équestre. Un cadre exceptionnel, fleuron des sites de Paris 2024, qui a dû être chouchouté, aménagé et entretenu depuis le début des travaux il y a 24 mois, pour que la demeure du Roi Soleil puisse déployer ses tentacules vertes au monde.

Pour que les meilleurs cavaliers du monde déambulent dans la carrière du Royal Star – pour les épreuves de dressage et de saut d’obstacles – et parsèment les jardins et le long du Grand Canal pour le cross-country, la tâche était considérable. Toutes les précautions ont été prises avant d’entamer ces travaux sur ce monument vieux de 401 ans, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Archéologues et pyrotechniciens

Une équipe d’archéologues a passé cinq semaines sur les futurs sites olympiques afin de ne pas endommager un éventuel vestige. Au final, pas de chaussures enterrées de Louis XIV, mais quelques trouvailles. « Nous avons redécouvert le dispositif du Royal Star, qui permettait d’évacuer les eaux vers le Grand Canal. C’était l’occasion de faire des relevés, des dessins, et d’en conserver la mémoire. »révèle Louis-Samuel Berger, administrateur général par intérim du château.

Une équipe de pyrotechniciens a également été sollicitée, le site ayant été bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale. « Nous disposons de tous les relevés précis des impacts. Nous avons donc réalisé des expertises, afin de vérifier qu’il n’y avait pas de danger, qu’il n’y avait pas d’engins non explosés, pour assurer la parfaite sécurité des visiteurs »il rassure.

Alors que le château de Versailles accueillera les épreuves équestres des Jeux Olympiques, les jardins et le parc ont été conçus en conséquence.

Paris 2024 : Versailles se prépare à accueillir l’équitation

Alors que le château de Versailles accueillera les épreuves équestres des Jeux Olympiques, les jardins et le parc ont été conçus en conséquence.

(France2)

Ce terrain constituait en effet le principal enjeu technique de l’organisation des Jeux, au fond des jardins des rois de France, à 3 km dans l’axe des terrasses du château. La raison : il n’est pas plat, il a donc dû être conforme aux normes olympiques et de la Fédération équestre internationale. « Il a fallu réaliser d’importants travaux d’aménagement afin d’aplatir le sol de la carrière »révélé vendredi lors d’une visite à Lorick Joseph, en charge du site équestre olympique de Paris 2024.

La piste de ski de fond, longue de 5,3 km et qui disposera de deux pontons sur l’eau –« une première mondiale » -, accueillera 40 000 spectateurs. Elle a également demandé deux ans de préparation « pour que la piste soit homogène, avec une densité similaire »poursuit le membre du Cojop.

Des ouvriers travaillent le 29 mars 2024 sur l'amphithéâtre naturel où se déroulera le gué de la Ménagerie, obstacle à l'épreuve de cross le long du Grand Canal du Château de Versailles.  (MAXPPP)

Quatre mois avant les événements, les fondations sont établies mais le seul signe visible réside dans les tribunes, formées en U autour de la carrière, et d’une capacité de 16 300 places, soit « l’équivalent de Bercy » selon Lorick Joseph. Imposantes, en pente, elles sont bordées d’arbres, dont elles ne doivent pas s’approcher à moins de trois mètres, et sont quasiment terminées, contrairement à la carrière principale. « Nous avons construit la relation avec Paris 2024 sur la base du respect absolu du patrimoine, mais aussi de l’intégrité environnementale et paysagère. Des prospections ont été réalisées sur la faune, la flore et nos espèces protégées afin qu’il n’y ait aucun dégât. Les peuplements mesurent près de 25 m de haut, mais ils s’intègrent très bien dans le paysage, car proches du feuillage des arbres. »développe Louis-Samuel Berger.

Pour accueillir les chevaux au Domaine des Rois de France qui sera hébergé dans 220 boxes temporaires, le deuxième défi était de s’intégrer dans le parc sans le dénaturer. « Notre fil conducteur est de veiller à ce que nous respections le site dans sa globalité et qu’à la livraison, il soit correctement intégré au paysage »explique Axel de Thoisy, chef de projet adjoint de l’entreprise de travaux GL Events Equestrian Sports. « Le principe est la non pollution du site. Ainsi, toute terre excavée est conservée dans la zone, et aucune terre extérieure n’est acceptée, de manière à éviter toute pollution du sol par des éléments extérieurs, et notamment par des espèces végétales envahissantes qui pourraient modifier l’écosystème »prévient l’administrateur général par intérim du site.

Un site magnifié à la fin des Jeux

Organiser les Jeux Olympiques dans le cadre de Versailles de 800 hectares oui, mais pas à n’importe quel prix. Pour que Paris 2024 y pose ses bottes, il faut qu’il rende le site identique. « Pour tout ce qui implique des déplacements au sol, c’est un vrai défi car malgré le fait que nous ayons remis le Royal Star sur pied, il faut le remettre dans son état initial, donc pas plat !, sourit le chef de projet. Afin d’anticiper la restauration des jardins, tout a été planifié longtemps à l’avance. « Toutes les opérations sont entièrement réversibles, nous remettrons le site dans son état initial, et même mieux, car l’amélioration des sols, du tissu végétal, tout cela restera en héritage »se félicite Louis-Samuel Berger.

« Cet espace, qui se trouve au fond du parc et qui n’était pas le plus bien entretenu, sera probablement l’un des mieux entretenus du château à la fin des JO. »

Louis-Samuel Berger, administrateur général par intérim du Château de Versailles

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L’héritage des Jeux pour Versailles sera donc réel, puisque les travaux d’aménagement ont permis d’accélérer ceux déjà prévus par le château. « Les Jeux Olympiques ont vraiment eu un très fort effet accélérateur sur tous nos programmes de restauration : entretien des arbres, de certains bassins, de la Grille d’Honneur, du Parterre du Midi. Nous sommes en train de recréer ce que Louis XIV lui-même a vu. du haut de la Galerie des Glaces »il résume.

Travaux terminés à 60-70%

Si les travaux sont terminés à « 60-70% » Selon Paul-Jacques Tanvez, qui dirige les travaux de Normandie Drainage, l’ensemble de ce chantier doit encore réellement prendre forme d’ici quatre mois, même si « Les délais sont respectés, et même un peu en avance »précise Louis-Samuel Berger. « Nous devons terminer la tour des juges, le montage de la tribune finale, l’arène principale avec le plancher équestre et l’emplacement de la piscine moderne du pentathlon »poursuit Lorick Joseph de Paris 2024.

Le site de la principale arène équestre des Jeux Olympiques de Paris, avec le château en arrière-plan à Versailles, le 29 mars 2024. (MAXPPP)

Les coureurs qui ont déjà visité le site ont pu jauger le profil très plat du cross et donc adapter leur préparation en conséquence, mais aussi profiter du cadre, bien plus historique que celui de Rio en 2016 et celui de Tokyo, privé de public en 2021. »Ils trépignent d’impatience. Toutes les fédérations du monde viennent voir le site. Depuis Londres, il n’y a pas eu d’expérience équestre aussi puissante que celle de Versailles. Il y a une attente incroyable »sourit Louis-Samuel Berger, alors qu’une deuxième épreuve test après celle d’août 2023 aura lieu fin juin.

Le public, qui pourra encore visiter le château pendant les Jeux, découvrira ces sites le 27 juillet, date de la première épreuve équestre, mais aussi le lendemain avec le pentathlon moderne, et du 3 au 7 septembre pour le para-équitation. Ensuite, toutes les infrastructures seront démontées d’ici la fin de l’année, et les jardins retrouveront leur quiétude vers le printemps 2025.

« Notre défi est de faire fonctionner ensemble ces deux sites, et de proposer un parcours qui soit d’excellence sportive et de génie esthétique tel que le souhaitait Louis XIV il y a 400 ans. Les Jeux Olympiques au Château de Versailles, cela ne traversera notre existence qu’une seule fois »conclut l’administrateur général par intérim.

Cammile Bussière

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