Toulouse. « J’ai envie de dormir » : ras-le-bol des nuisances sonores de ce bar, les voisins réagissent
Par
Nina Hossein-Zadeh
Publié le
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« Je veux retourner au tribunal. » Christiane Marconirésident du n°1 Allée Briennedans le quartier des Amidonniers à Toulousene sait plus quoi faire face aux nuisances sonores qu’elle attribue à son voisin, le Flashback café, un restaurant et bar qui a ouvert ses portes en août 2023.
Tenir par Julien Soudet Et Rémi Sanchezancien ingénieur du son du groupe Zebda, l’établissement succédait à l’Écluse Saint-Pierre, salle de spectacle conçue par ce dernier, qui avait fermé ses portes… suite à des plaintes du même riverain concernant des nuisances sonores.
Des banderoles sur les fenêtres
« Ici, on meurt de ne pas pouvoir dormir. Merci Flashback, merci la mairie. Non à la médiocrité » ; « Les jeunes boivent, les vieux trinquent », peut être lu sur les banderoles accrochées aux fenêtres de Christiane Marconi.
Après avoir poursuivi devant le tribunal Écluse de Saint-Pierre, elle s’imaginait pouvoir se rendormirdans son appartement à côté du Flashback.
Son lit, posé sur le mur mitoyen, n’est plus un lieu de repos. « Je suis fatiguée et vraiment en colère. Du jeudi au dimanche, c’est le pire avec les DJ. En semaine, c’est jusqu’à 2h du matin et le samedi jusqu’à 3h du matin« Vous imaginez ? » s’exclame-t-elle, ne trouvant plus ses mots.
Ces banderoles sont un cri du cœur pour faire connaître son combat. « J’ai rencontré récemment le maire, qui m’a demandé si c’était moi qui avais posé les banderoles. Je lui ai dit que je ne les retirerais pas tant que l’affaire ne serait pas réglée. »
« J’ai essayé de rendre les choses à l’amiable »
Retraitée, Christiane Marconi d’abord j’ai essayé de parler aux nouveaux gérants du bar« J’ai essayé de faire les choses à l’amiable », explique-t-elle, révélant avoir eu un échange avec Julien Soudet, le patron.
« Il m’a même donné son numéro de téléphone. Très gentil, Il m’a dit de l’appeler si j’avais des problèmes.« Ce que cette ancienne professeure de français a fait, à maintes reprises. En vain, selon elle.
Devant le silence de ce voisin trop bruyant à ses yeux, elle décide d’appeler Allô Toulouse. « Une fois, deux fois, mais chaque soir, faire venir des agents municipaux à votre domicile pour évaluer le bruitsans jamais rien faire de plus… Donc, j’ai fini par arrêter de les appeler.
« Nous sommes en procédure »
Dans l’immeuble, Christiane Marconi n’est pas la seule à ne plus supporter les nuisances sonores. Une autre habitante, également voisine du café Flashback, confie, exaspérée : « On n’en peut vraiment plus. Les nuisances sonores sont répétitives, nous ne dormons plus » il dit.
Il est propriétaire de son appartement, contrairement à Christiane Marconi, locataire. Il a donc décidé de passer à l’étape suivante. « Je ne peux rien vous dire de plus, nous sommes en train de faire des démarches et Une enquête est en cours. »
Ils blâment également le bar les allées et venues des clients sur le trottoir qui sortent pour fumer et faire du bruit
Un moment qu’ils ont décidé de prendre en photo, mais aussi en vidéo, pour en avoir la preuve.
Prochains tests de niveau sonore
Ce lundi 5 août 2024, Christiane Marconi a reçu une lettre recommandée. « Elle m’indique que le 17 septembre, Il y aura des tests de niveau sonore. » Des analyses similaires à celles déjà réalisées, selon le résident, et qui « dépassaient sans surprise largement le seuil autorisé ».
Pourquoi refaire ces tests ? « C’est le Flashback Café qui enverra ses propres experts »elle soupire, la demande ayant été émise par la direction de l’établissement.
Sa crainte, ainsi que celle des autres résidents, est donc la suivante : que la musique ne soit pas pas réglé sur le volume habituel pour valider les tests de niveau sonore. « Pour nous, il semble logique qu’il s’agisse d’une visite surprise, et non à une date et une heure précises. »
« J’ai des problèmes cardiaques depuis que j’ai arrêté de dormir »
Si Christiane Marconi mène ce combat, c’est notamment parce que depuis l’Écluse Saint-Pierre, puis l’arrivée du Flashback café, elle sent que cela a un effet sur sa santé. Depuis 2022, Elle se rend chez son médecin qui établit des certificats sur son état de santé.
Elle écrit que j’ai des troubles du sommeil et du stress. Je ne suis pas jeune, j’ai aussi des problèmes cardiaques puisque je ne dors plus.
Face à la situation, Elle a également consulté un neurologue. « Son évaluation était claire : mon état s’était dégradé à tel point que je ne pouvais plus répondre aux questions. Ce n’est pas normal ! »
Obtenir une meilleure isolation ?
Aujourd’hui, les voisins sont catégoriques. Ils ne réclament pas la fermeture du lieu.
« bien sûr que non ». Ils « veulent simplement que les patrons font des travaux d’isolation«Je veux dormir», dit Christiane Marconi.
Refaire l’isolation ? » Ce n’est pas pas si simple, sinon ça aurait été fait depuis longtemps« , réplique Julien Soudet,interrogé par Actualités de Toulouse à ce sujet. Selon lui, il n’y a « pas de contraintes particulières » face à un tel projet, « mais pour isoler, il faut savoir quoi isoler et pour cela, il faut réaliser de nombreux tests qui prennent du temps ».
« Pas de concerts amplifiés »
Un patron visiblement irrité par la situation, « d’autant plus en plein été, où notre programmation est quasiment à l’arrêt, notamment sur le volet musical », déplore Julien Soudet.
« Comme vous le savez, les nombreuses guinguettes et autres lieux avec terrasses réduire considérablement l’activité des restaurants et bars toulousains”,dit-il, affirmant que « les clients ne sont pas avec nous, et donc la musique non plus ».
Le boss de Flashback voulait « sauver ça » endroit magique »situé Allée de Brienne « avec un nouveau concept qui n’inclut aucun concert amplifié ». Il poursuit :
Nous accueillons quelques DJ le week-end. Ils viennent animer la salle dans le respect des obligations légales car le niveau sonore est bridé par un limiteur auquel nous n’avons pas accès. Malgré cela, nous souffrons toujours de ce sujet qui revient sans cesse.
La bataille juridique a commencé
Pour résoudre le problème, Julien Soudet et ses équipes ont décidé « unilatéralement » aller au bout de tout ce qu’il est possible de faire tant pour l’intérêt et la tranquillité du voisinage que pour la sauvegarde de nos emplois. »
C’est ainsi que le café Flashback fera « effectuer à nos frais une expertise judiciaire qui aura lieu en septembre », confirme le patron, en référence à l’analyse sonométrique évoquée par Christiane Marconi.
De son côté, la voisine n’hésite pas non plus à recourir à la justice. « Je voulais déjà porter plaintemais on m’a renvoyé en expliquant que le café Flashback avait reçu l’autorisation du préfet pour son ouverture», se plaint le retraité.
Mais elle ne baisse pas les bras. « Au moment du Lock, on m’a conseillé de porter l’affaire devant la justice. C’est comme ça que l’établissement a fermé. Aujourd’hui, je veux prendre un avocat et retourner devant le tribunal.»
La mairie s’implique
Le conflit n’ayant pas trouvé de solution, les résidents et les équipes du Flashback Café ont été convoqués par courrier – quiActualités de Toulouse a pu être consulté – par le maire du district Ghislaine Delmond.
» Bien que l’exploitation de l’établissement en question a été déclarée conforme à la réglementation applicable« Les nuisances subies par les riverains perdurent néanmoins », peut-on lire.
C’est donc autour de la table, le 24 juin, que tous les protagonistes ont été invités à échanger. Des représentants du Service municipal d’hygiène et de santé étaient également présents.
« Lors de cette réunion, les riverains ont expliqué leur problème, ce que les exploitants reconnaissent, mais Ils ne peuvent pas non plus arrêter leur activitéce que les riverains ont également compris », rapporte la mairie, contactée par Actualités de Toulouse.
« L’établissement doit se conformer », précise la mairie
Selon les résidents de l’immeuble, le Flashback Café était avis donnéavec l’obligation de réaliser des travaux d’isolation d’ici septembre, ce que Julien Soudet dément. Interrogée sur le sujet, la mairie a néanmoins indiqué Actualités de Toulouse:
Une mise en demeure a été envoyée à l’établissement en juin dernier, suite à la constatation d’émergences supérieures à la valeur limite. L’établissement doit donc se mettre en conformité.
Elle précise également que les services d’hygiène et de santé présents à la réunion « ont demandé une nouvelle mise à jour de l’étude acoustique » et que « Ghislaine Delmond a demandé que des solutions immédiates soient trouvées pour les riverains. »La communauté ajoute que les gestionnaires se sont engagés à « essayer de baisser le volume » avant d’avoir les résultats de l’étude.
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