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une femme condamnée à la peine de mort pour une fraude bancaire de près de 41 millions d’euros

Jugé au palais de justice d’Hô Chi Minh Ville (Vietnam) ce jeudi 11 avril dans le cadre d’un vaste procès impliquant 85 prévenus et 2 700 témoins, Truong My Lan, promoteur immobilier de 67 ans, a été condamné à la peine de mort pour une fraude bancaire massive équivalant à près de 41 millions d’euros.

Un exemple donné en pleine campagne anti-corruption menée par le gouvernement vietnamien. Lors d’un immense procès au palais de justice de Ho Chi Minh Ville (Vietnam) impliquant 85 prévenus, Truong My Lan, promoteur immobilier, a été reconnue coupable d’une fraude bancaire de près de 41 millions d’euros et condamnée à la peine de mort.

Cette femme de 67 ans était accusée d’avoir pillé pendant onze ans l’une des plus grandes banques du Vietnam, selon la BBC.

Un procès impliquant 85 accusés et 2 700 témoins

Truong My Lan était poursuivi pour avoir contracté des emprunts d’un montant de 44 milliards de dollars, soit près de 41 milliards d’euros, auprès de la Saigon Commercial Bank. Les procureurs estiment que 27 milliards de dollars, soit plus de 25 millions d’euros, pourraient ne jamais être récupérés.

Face à ce scandale financier aux proportions historiques dans le pays, un procès tout aussi grandiose a été organisé. Ce coup de filet intervient après un durcissement de la campagne anti-corruption « Fourneaux ardents » menée ces derniers mois par le secrétaire général du Parti communiste vietnamien, Nguyen Phu Trong.

Les autorités communistes ont dévoilé les chiffres de ce procès colossal : 2 700 témoins, 200 avocats, 10 procureurs, 85 accusés dont 14 susceptibles d’être condamnés à la peine de mort et 104 cartons contenant les preuves pour un poids total de six tonnes.

Dans le cadre de cette campagne, deux présidents et deux vice-premiers ministres ont été contraints de démissionner et des centaines de responsables ont été sanctionnés ou emprisonnés.

De vendeur de marché à banquier

Issue d’une famille sino-vietnamienne d’Hô Chi Minh Ville, Truong My Lan a débuté sa carrière professionnelle en vendant des cosmétiques sur les marchés avec sa mère. Elle a ensuite acheté des terrains pendant la période de réforme économique connue sous le nom de « Doi Moi » en 1986. Dans les années 1990, elle disposait déjà d’un large portefeuille d’hôtels et de restaurants.

En 2011, Truong My Lan a été autorisée à organiser la fusion de trois petites banques à court de liquidités en une entité plus grande : la Saigon Commercial Bank. Pour contourner la loi interdisant à quiconque de détenir plus de 5 % des actions d’une banque, celle-ci a eu recours à des centaines de sociétés écrans et à des personnes agissant comme mandataires. Selon le dossier, cette dernière détenait en réalité plus de 90% de Saigon Commercial.

Cette influence économique lui aurait ensuite permis de nommer ses propres employés comme administrateurs, puis de leur avoir ordonné d’approuver des centaines de prêts au réseau de sociétés écrans qu’elle contrôlait. Au total, les prêts qu’elle a accordés via cette méthode ont été faramineux, au point de représenter 93% de la valeur totale des prêts accordés par la banque.

Selon les procureurs, sur une période de trois ans commençant en février 2019, elle a ordonné à son chauffeur de retirer 108 000 milliards de dongs (la monnaie du Vietnam), plus 3,72 milliards d’euros en espèces, de la banque, avant de les stocker dans son sous-sol.

Truong My Lan a également été accusée d’avoir versé de généreux pots-de-vin pour s’assurer que ses prêts ne soient jamais réexaminés. L’une des personnes inculpées à ses côtés était un ancien inspecteur en chef de la banque centrale, qui risquait la prison à vie pour avoir accepté un pot-de-vin de 4,65 millions d’euros.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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