Sommet de l’OTAN à Washington, au risque de décevoir l’Ukraine
« Je pense que l’Ukraine sera satisfaite de ce que nous mettons sur la table », a déclaré la semaine dernière l’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’Otan, Julianne Smith. « Je m’attends à ce que les chefs d’Etat et de gouvernement adoptent un paquet substantiel pour l’Ukraine », a déclaré vendredi Jens Stoltenberg. « L’Ukraine se rapproche de l’Otan », a ajouté le secrétaire général de l’Otan, énumérant les mesures qui devraient être approuvées lors du sommet de Washington.
Pays candidat à rejoindre l’Alliance atlantique au plus vite, l’Ukraine n’a jusqu’ici reçu que des promesses d’adhésion, mais sans aucune invitation formelle. Ce refus des Alliés avait été qualifié d' »absurde » par le président ukrainien lors du précédent sommet, l’an dernier à Vilnius. Une invitation à rejoindre l’Otan n’est toujours pas à l’ordre du jour, faute d’accord de Washington ou de Berlin. Mais l’idée est de proposer une « série de mesures » qui constitueront un « pont vers l’adhésion », a expliqué Jens Stoltenberg.
«Proche de zéro»
« Nous n’aimons pas vraiment l’idée d’un ‘pont’ vers l’adhésion, nous avons besoin de l’adhésion », a déclaré fin juin une source diplomatique ukrainienne. Mais, a reconnu la source à Kiev, « les chances d’obtenir une invitation à rejoindre l’OTAN sont proches de zéro ».
Le langage utilisé sera important, et certains des 32 membres de l’Otan souhaitent que la déclaration du sommet mentionne le caractère « irréversible » de la future adhésion de Kiev. D’autres, plus prudents, parlent d' »accélération », selon un diplomate à Bruxelles. Mais là n’est sans doute pas l’enjeu pour Volodymyr Zelensky, qui réclame armes et munitions face aux forces russes à l’offensive, notamment autour de Kharkiv, la deuxième ville du pays.
Kiev demande notamment des systèmes de défense antiaérienne pour protéger ses villes et ses infrastructures, constamment pilonnées par Moscou. La moitié des capacités énergétiques de l’Ukraine ont été détruites par les frappes russes, rappelait Volodymyr Zelensky fin juin. « J’attends des alliés qu’ils fournissent davantage de systèmes de défense antiaérienne et de munitions », a assuré vendredi le secrétaire général de l’Otan.
Les Pays-Bas cherchent à réunir plusieurs pièces d’une batterie Patriot, des missiles sol-air particulièrement efficaces contre les missiles balistiques utilisés par la Russie. L’Ukraine avait demandé il y a des mois l’envoi d’au moins sept batteries Patriot. Deux seulement ont été promises par l’Allemagne et la Roumanie, et l’Italie a assuré être prête à envoyer une batterie de Samp-T, un système de défense antiaérienne de fabrication franco-italienne.
40 milliards d’euros
Sans les pays de l’Otan, qui lui fournissent la quasi-totalité de son soutien militaire, l’Ukraine risque la défaite sur le champ de bataille. Or, si cette aide continue à lui être apportée, rien ne garantit que cela continuera à être le cas à long terme. Jens Stoltenberg avait donc proposé aux Alliés de s’engager à fournir au moins le même niveau d’aide militaire sur le long terme, soit quelque 40 milliards d’euros par an. Une déclaration en ce sens devrait être annoncée à Washington, sans la Hongrie, qui a obtenu une exemption de ce soutien militaire.
Mais ce sera en deçà des espoirs de Jens Stoltenberg, qui espérait voir un engagement scellé « aussi longtemps que nécessaire », et pas seulement pour un an. Cependant, « je m’attends à ce que les alliés décident au sommet de maintenir ce niveau d’aide l’an prochain », a-t-il simplement indiqué à la presse vendredi.