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sept questions pas si bêtes sur la flamme olympique

Allumée mardi à Olympie, en Grèce, la flamme doit arriver en France le 8 mai, accostant dans le port de Marseille à bord du « Belem ». Le symbole des Jeux olympiques effectuera ensuite un long voyage pour arriver à Paris le jour de la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet.

C’est le premier départ des Jeux Olympiques de Paris. La flamme olympique est allumée mardi 16 avril en Grèce, à Olympie, berceau historique de la compétition sportive. Ce feu sacré entamera alors son voyage vers la France. Elle arrivera le 8 mai à bord du Belém, dans le port de Marseille, puis atteindra la capitale, transmis d’une main à l’autre au cours d’un long relais, jusqu’au 26 juillet, date de la cérémonie d’ouverture des Jeux. Elle illuminera ensuite la capitale, depuis le jardin des Tuileries, pendant toute la durée de l’événement. A l’occasion de l’allumage de cette torche mythique, franceinfo répond à sept questions pas si stupides sur cet emblème du sport international.

1 Comment est-il éclairé ?

Ce n’est pas à Athènes, mais à Olympie, au sud de la Grèce continentale, que la flamme se rallume avant chaque édition des Jeux Olympiques. Dans la Grèce antique, le site d’Olympie accueillait la première manche des Jeux de l’époque, mais était aussi un carrefour religieux, où des incendies brûlaient en permanence au temple de la déesse Héra ainsi que sur les sites sportifs.

Comme le rappelle le Comité International Olympique (CIO),La flamme est encore allumée aujourd’hui par le soleil, à l’aide d’un miroir parabolique de conception ancienne, appelé « skaphia » à l’époque d’Aristote. La cérémonie d’allumage est traditionnellement confiée au Comité olympique hellénique, qui mobilise pour cela un groupe de femmes selon un rituel précis.

Si les Jeux paralympiques utiliseront la même torche, elle sera allumée à Stoke Mandeville, berceau du paralympisme, au Royaume-Uni, avant de lancer son propre relais, du 25 au 28 août.

2Quel combustible est utilisé pour alimenter la torche ?

Il s’agit d’un gaz courant : le propane. Auparavant, on utilisait du propylène, ce qui produisait certes une flamme intense, mais aussi beaucoup de fumée. Ce gaz a été utilisé pour la dernière fois en 1996, aux Jeux d’Atlanta, comme l’expliquait en 2000 la chaîne australienne ABC. Lors des Jeux de Sydney, les torches contenaient pour la première fois un mélange sous forme liquide de butane et de propane. C’est finalement ce dernier élément qui a été retenu pour les Jeux d’été de Tokyo en 2021. Pour Paris 2024, le CIO précise que les flambeaux fonctionneront au biopropane, issu du traitement d’huile végétale agricole ou de déchets verts.

3 Comment faire pour qu’il ne s’éteigne pas au moindre coup de vent ou lorsqu’il pleut ?

Aucun risque n’existe. Malgré plusieurs idées astucieuses, comme l’intégration à la fin des années 1990 d’un système à double brûleur (le plus protégé peut rallumer l’autre en cas d’extinction), il est déjà arrivé que les torches olympiques s’éteignent. En 2004, des vents puissants ont vaincu la flamme dans un ancien stade d’Athènes. En 2012, il s’est éteint à plusieurs reprises pendant le relais, à partir du troisième jour, a rapporté le Gardien.

Si les dégâts sont visibles, ils sont souvent de très courte durée. Pour rallumer ce gros briquet olympique, les organisateurs du relais peuvent se targuer d’utiliser le même feu d’Olympie, grâce à des lanternes de secours. Ces derniers s’inspirent en effet directement des lampes de mineurs et voyagent avec les porteurs de flammes.

Afin de pouvoir rallumer la flamme olympique à tout moment, des lanternes de sécurité sont portées tout au long du relais.  (LAMPE DE PROTECTION)

La torche a parfois été conçue pour des situations extrêmes : elle a par exemple plongé le long de la Grande Barrière de corail en 2000, escaladé l’Everest avant les Jeux de Pékin en 2008 et fait un voyage dans les eaux glaciales du lac Baïkal avant les Jeux de Sotchi en 2014. A chaque fois, des versions spéciales de la torche furent néanmoins utilisées.

Concernant ces JO 2024, l’organisation parisienne assure que la torche répond à un cahier des charges strict. « Quelles que soient les conditions météorologiques, la flamme doit rester alluméeexplique à franceinfo Mathieu Lehanneur, designer et créateur de la torche. Nous avons travaillé avec des systèmes catalytiques, les mêmes que ceux utilisés par les alpinistes qui doivent réchauffer un repas à 4 000 mètres.

Sous réserve d’un batterie de tests lors de sa phase de conception, l’objet a été testé pour qu’il puisse résister à des conditions climatiques difficiles. Le feu contenu dans l’objet peut « résister à des vents de 100 km/h », explique Grégory Murac, directeur adjoint du relais des flammes olympique et paralympique. Toutefois, en cas d’incident ou d’incident, leLes gardiens de la flamme accompagnant les relayeurs seront chargés de rallumer le flambeau avec du feu d’Olympie contenu dans des petites lanternes.

4 Le flambeau est-il lourd à porter ?

Produite à 2 000 exemplaires, contre 10 000 par exemple aux Jeux olympiques de Tokyo, la torche olympique est légère et facile à transporter. Son poids était au cœur des préoccupations de son créateur. « Nous avons travaillé dur pour réduire le poids à 1,6 kg ». L’épaisseur de l’acier utilisé pour la fabrication de cet objet, haut de 70 cm, n’excède pas 0,7 mm. « On est presque sur l’épaisseur d’une feuille de papier »précis Mathieu Lehanneur.

Des tests ergonomiques ont été réalisés pour vérifier que tout type de main peut le tenir. « Quand on remet le flambeau entre les mains de ceux qui l’ont déjà porté, comme Tony Estanguet, il a expliqué qu’il était mieux équilibré que le flambeau des autres éditions. » Les torches ne seront pas à proprement parler passées de main en main, mais simplement placées les unes à côté des autres pour transmettre la flamme – ce passage est aussi appelé un « baiser », comme l’explique le site officiel.

Sur les 200 mètres parcourus par chaque relayeur lors du parcours de la flamme, les risques de brûlures sont minimes, car la chaleur se diffuse dans un rayon de 10 à 15 centimètres de la partie supérieure de l’objet. « Il n’y a pas de conduction thermique »ajoute Grégory Murac. « La poignée ne change pas de température, même pas d’un demi-degré »ajoute Mathieu Lehanneur.

Le skipper Armel Le Cleac'h pose avec la torche et la lanterne olympique, à Paris, le 8 avril 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

5 La flamme restera-t-elle allumée tout le temps jusqu’à son arrivée à Paris ?

Après la cérémonie d’allumage mardi, la flamme atteindra Paris sans jamais s’éteindre. Allumé à Olympie grâce à l’énergie du soleil, il sera préservé tout au long du trajet « dans des petites lanternes de mineur qui ont des certifications particulières nous permettant notamment de voler », précise Gégory Murac. Le convoi accompagnant la torche et les porteurs comprendra plusieurs lanternes de secours.

Un important dispositif de sécurité a été prévu pour sécuriser la flamme tout au long du parcours. Les gendarmes et policiers mobilisés surveilleront en permanence le porteur pour éviter toute intrusion. Les autorités craignent que des militants profitent de la médiatisation des relais pour tenter d’éteindre la flamme.

En cas d’urgence, une flamme « ultime urgence »est présent à Paris pour « Soyez sûr et certain que c’est bien la flamme d’Olympie qui allumera la vasque lors de la cérémonie d’ouverture le 26 juillet »explique l’organisation du relais.

6 Cette tradition remonte-t-elle vraiment à la Grèce antique ?

Ce cérémonial du relais de la flamme est en réalité né à Berlin en 1936, lors des Jeux de la 11e Olympiade de l’ère moderne. Lors de la préparation de ces Jeux marqués par l’empreinte du nazisme, Carl Diem, secrétaire général du comité d’organisation, s’est inspiré d’un ancien rituel religieux pratiqué en Grèce : les courses aux flambeaux. A ces occasions, les habitants des villes « honorait les dieux avec des lampaddromes, (…) constitués à l’origine d’un simple relais d’un feu sacré à un autel »» précise le Comité national olympique et sportif français (CNOSF).

Lors de la fête des Panathénées, célébration religieuse dédiée à la déesse protectrice d’Athènes, plusieurs équipes s’affrontaient en relais. « L’équipe arrivée la première avec une torche encore allumée a eu l’honneur d’allumer l’autel de Prométhée et a été récompensée ». L’idée de Carl Diem fut reprise par Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande du Troisième Reich, qui organisa le premier relais olympique en 1936. La flamme allumée à Olympie quitta ensuite la Grèce le 20 juillet et, après un voyage de 10 jours et 3 000 kilomètres, arrivé au stade olympique de Berlin le 1er août.

7 Pourra-t-on acheter une torche olympique en souvenir ?

Pour ces JO 2024, le comité n’a pas souhaité vendre les 2.000 flambeaux au public, ni les remettre aux relayeurs. « A A la fin du relais, les torches seront récupérées, reconditionnées, et pourront être revendues à prix coûtant aux sponsors du Relais, partenaires et acteurs de l’écosystème Paris 2024., explique à franceinfo l’organisation du relais. Pour autant, les relayeurs ne repartiront pas les mains vides. « J’ai dessiné un objet qui sera remis à chacun des relayeurs », explique Mathieu Lehanneur, qui souhaite conserver l’effet de surprise concernant ce cadeau.

Suite aux précédents Jeux Olympiques, il était tout à fait possible de reconstituer la cérémonie de la « Chaudron olympique » chez soi, dans son jardin ou sur son balcon. « Lors des éditions précédentes, l’organisation proposait aux relayeurs d’acheter leur flambeau, mais ces ventes créaient des situations peu olympiques »se rapporte le créateur de la torche.

Ainsi, jeIl n’était pas rare d’en trouver sur des sites de revente ou dans les catalogues de maisons de ventes prestigieuses. En 2012, deux relayeurs affirmaient avoir reçu des offres en ligne allant de 40 000 à 150 000 livres sterling (respectivement près de 47 000 et 176 000 euros aujourd’hui) pour vendre le précieux réceptacle olympique, selon le Gardien. En juillet 2023, une torche datant des Jeux de Grenoble 1968 a été vendu pour 187.500 dollars (environ 176.000 euros), selon le site de la maison de vente aux enchères. Auparavant, d’autres flambeaux de la même édition avaient été vendus 225 000 dollars (211 000 euros), rappelle France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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