Scandale des airbags défectueux : ça fait trembler Citroën

Lorsqu’elle a appris en mai le rappel massif de véhicules Citroën C3 et DS3 fabriqués entre 2009 et 2019 en raison d’airbags défectueux, Maryse-Hélène Malroux a immédiatement vérifié si sa voiture était concernée. « J’ai acheté une DS3 automatique de 2013, il y a 3 ans dans un garage de Muret », commence l’habitante de Cazères (Haute-Garonne).

En quelques clics, elle réalise que la voiture qu’elle vient d’offrir à son fils fait partie des 250 000 véhicules faisant l’objet d’un avertissement d’interdiction de circuler. Ces modèles sont équipés d’airbags de l’ex-entreprise japonaise Takata, « susceptibles de provoquer des blessures graves ou mortelles », selon les termes du constructeur Stellantis.

Le dysfonctionnement vient du détonateur, dont le gaz se dégrade avec la chaleur et l’humidité. Le système a provoqué plusieurs dizaines de morts et de mutilations en projetant violemment des pièces métalliques vers les occupants. En France, le dernier cas remonte à novembre 2023, avec la mort d’un homme de 51 ans dans les Hautes-Pyrénées.

Plus de 6 000 personnes sur Facebook

« C’est plus qu’un choc, je n’imaginais pas que je mettais mon enfant en danger », confie cette habitante de Comminge, qui dit avoir subi un choc émotionnel. Elle a immédiatement contacté son fils, sans attendre la lettre recommandée envoyée à tous les propriétaires concernés de la moitié sud de la ville, plus exposés à la chaleur. « Je lui ai dit d’immobiliser la voiture le temps que les airbags soient changés. »

Moins de 10 jours plus tard, elle crée le groupe Facebook Collectif scandale Airbags Citroën. Il compte aujourd’hui plus de 6 000 membres. Tous partagent leurs déboires pour faire remplacer leurs airbags. À commencer par Maryse-Hélène Malroux, qui a dû menacer sa concession de porter plainte pour non-assistance à personne en danger, afin d’obtenir un véhicule de courtoisie. Ses nouveaux airbags ont été commandés et doivent être remplacés d’ici 10 jours.

Plainte déposée

Avocate de profession, Maryse-Hélène Malroux est également à l’origine d’une action de groupe menée par le cabinet de Me Christophe Lèguevaques, qu’elle a contacté le 28 mai. L’avocat toulousain, connu pour ses actions de groupe et pour avoir défendu notamment des victimes du Levothyrox, a déposé plainte le 29 juillet auprès du procureur de Versailles.

Il invoque trois délits : mise en danger de la vie d’autrui, pratiques commerciales trompeuses et atteinte involontaire à l’intégrité des personnes et atteinte involontaire ayant entraîné la mort. « Ils se sont vantés de la sécurité de leurs véhicules alors que l’airbag qui est censé vous protéger est un airbag tueur », soutient Me Christophe Lèguevaques, assurant que le groupe Stellantis était conscient du danger des airbags depuis au moins 2014 après les nombreux décès survenus aux Etats-Unis.

Tous les propriétaires des véhicules concernés ont jusqu’au 8 septembre pour rejoindre l’action, qui rassemble déjà 1.450 personnes lundi 5 août, en s’inscrivant sur la plateforme en ligne MyLeo. Des formalités légales sont prévues à cet effet. L’objectif est d’abord d’obtenir une condamnation pénale du constructeur Stellantis, mais aussi d’indemniser les victimes à la fois pour le préjudice moral « d’avoir conduit un véhicule dangereux pendant des années », la perte de jouissance car les réparations traînent en longueur, et le préjudice financier lié à la dépréciation du véhicule.