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Reworld Media trébuche en bourse. Affaire à ramasser ou chat noir à éviter ?

En quelques années et par acquisitions, Reworld Media est devenu l’un des principaux groupes de médias français avec de nombreuses marques phares : Grazia, Marie France, Marmiton, Top Santé, Doctissimo, Auto PLus, Closer, Télé Magazine, Sciences et Vie, etc. .

Le groupe dispose également d’une deuxième branche d’activité en B2B et notamment autour des technologies publicitaires.

Si on s’y intéresse ce matin c’est parce que le titre constitue un scénario intéressant avec une forte baisse de sa valorisation depuis la présentation de ses résultats 2023 qui ne semble apparemment pas mériter une telle sanction.

En 2023, le chiffre d’affaires a continué de croître (+8,6%), mais en revanche la rentabilité a été fortement impactée. Le bénéfice net a chuté de près de 40% à 26,9 millions d’euros, ployant sous le poids des acquisitions à digérer et une année 2023 qui n’a pas été fantastique en termes de publicité.

La dette est relativement maîtrisée puisqu’elle est de l’ordre de 200 millions d’euros mais comme il y a presque 100 millions de trésorerie, cela nous donne une dette nette de 100 millions soit environ 1,8 fois l’Ebitda. Très durable et ne nécessite aucun stress particulier.

Alors oui, l’exercice 2023 n’est pas fantastique mais on s’interroge encore sur la sanction qui frappe aujourd’hui le dossier puisque sa capitalisation est tombée à environ 140 millions d’euros. Cela fait ressortir un PER de seulement cinq fois les bénéfices de 2023 et logiquement bien inférieur pour celui de 2024 avec un résultat attendu de reprise.

Du point de vue commercial donc, et à moins qu’il n’y ait des cadavres cachés dans les placards, l’affaire est séduisante. On notera malgré tout à la baisse, une absence de dividende. C’est une stratégie qui peut se comprendre quand on est dans une phase de forte croissance pour mieux réinvestir mais qui entre en conflit direct avec la politique de rémunération des dirigeants qui est exagérée par rapport à la taille de l’entreprise. En effet, les deux administrateurs fondateurs reçoivent chacun 1 million d’euros par an et disposent d’un plan d’actions gratuites de 2 millions d’actions, exerçables à partir de 2024. Cela fait un package de 7 à 8 millions d’euros, soit un tiers du résultat 2023 ! Nous sommes ici à l’intérieur d’ordres de grandeur du CAC 40 et non d’une ETI. Ajouter à cela une vente de 800 000 euros réalisée par le PDG délégué juste après les résultats et alors que le titre est au plus bas depuis 2020, cela ne contribue pas à restaurer la confiance.

De ce côté-là, il faudra rassurer les actionnaires car ces actions gratuites sont une épée de Damoclès sur le titre compte tenu de leur volume et de la liquidité du titre qui n’est pas énorme. En dehors de ce point, nous avons affaire à une entreprise qui s’est développée sur des bases saines, pas trop endettée et qui, même au cours d’une année difficile, a produit un résultat honnête. Rien ne justifie donc une telle sanction boursière et un objectif d’équilibre à 4 euros est une valorisation conservatrice si les marges renouent avec la croissance en 2024.

Mis à jour le 11 avril 2024 à 18h30

Au lendemain de notre article, la direction de Reworld a annoncé le lancement d’un plan de rachat d’actions entre le 12 avril et le 31 décembre 2024. Il pourra porter sur jusqu’à 1 million d’actions et se justifie pour couvrir les plans d’attribution gratuite d’actions qui ont été mis en place. pour les principaux managers du groupe.

Une information qui tombe à point nommé pour rassurer les actionnaires ce que nous espérions en ayant pointé à nos yeux un des rares points noirs du groupe avec ces actions gratuites un peu excessives. Cela ne change donc rien à la conclusion, la sous-évaluation du dossier reste importante et son potentiel à moyen terme est indéniable. Être à l’écoute de ses actionnaires est une qualité, n’hésitons pas à la saluer, ce n’est pas toujours la norme…

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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