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REPORTAGE. Disparition d’un couple de boulangers du Tarn-et-Garonne à Madère : mortelle randonnée en montagne

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Les corps de deux Tarn-et-Garonnais ont été découverts ce vendredi matin 5 avril, à Sao Vicente, au nord de l’île de Madère, au Portugal. Ce couple de boulangers de Beaumont-de-Lomagne avait disparu depuis le 16 mars, lors d’une dernière balade en montagne, lors de vacances dans ce cadre paradisiaque.

Nature luxuriante, paysage sauvage et enchanteur entre mer et montagne, Sao Vicente, au nord de l’île de Madère, au Portugal, est cet écrin paradisiaque qui vient de se refermer comme un piège mortel. C’est dans ce décor de rêve que les corps de Laurent et Véronique Blond, 58 et 56 ans, ont été retrouvés par un promeneur, mettant fin à vingt jours de recherches et d’angoisse insupportable.

Ce couple de boulangers habitant Beaumont-de-Lomagne, dans le Tarn-et-Garonne, n’a plus donné signe de vie depuis le 16 mars. Jeudi soir, un promeneur qui serait l’ami d’une des filles du couple a alerté les secours. et les autorités locales, après une première découverte macabre. Le corps de Véronique Blond a été retrouvé pour la première fois en montagne, à Sao Vicente, au cœur d’une végétation dense. Ce vendredi matin, les spécialistes du secours en montagne, les pompiers et la police s’activent pour récupérer la dépouille de la malheureuse qui aurait subi une chute mortelle sur un parcours de trail. Quelques heures plus tard, un deuxième corps est retrouvé à une vingtaine de mètres de la première découverte. Selon les autorités, il pourrait bien s’agir du corps de Laurent Blond, le mari de Véronique. Mais il faudra attendre les travaux d’authentification pour déterminer avec certitude l’identité des corps.

La maison louée par Véronique et Laurent, à Sao Vicente./ Photo DDM.
La maison louée par Véronique et Laurent, à Sao Vicente./ Photo DDM.

Cette double découverte marque l’aboutissement tragique de vingt jours de fouilles et d’investigations intenses autour de cette zone.

Le couple avait loué une villa sur l’avenue Marcos Marques Rosa, artère très fréquentée de Sao Vicente, pour un séjour touristique prévu du 12 au 21 mars. Ce lieu de vacances, au bord de l’océan, est situé à seulement quelques mètres du centre de recherche. zone.

C’est l’amie de la fille du couple, Johanna, qui aurait fait la première découverte macabre. Cet homme a également alerté les secours et les autorités locales jeudi, peu après 19 heures. Des traces de vêtements semblant correspondre à ceux portés par Véronique Blond ont également été retrouvées.

Tout au long de la matinée de vendredi, les secours en montagne ont multiplié leurs efforts pour extraire de la végétation les restes des deux malheureux randonneurs.

Opérations rendues difficiles par le mauvais temps et le vent qui s’est levé en rafales au nord de l’île. Les sentiers très escarpés à flanc de montagne rendent également complexes les opérations visant à collecter toutes sortes de traces et d’indices. En toute fin de matinée, le dispositif est levé. Les policiers et les secouristes quittent les lieux et se retrouvent dans un centre de commandement, non loin de là, installés sous des tentes pour débriefer les opérations et poursuivre le travail de vérification de l’identité des disparus. Triste épilogue d’un séjour qui a tourné au drame.

Le 16 mars, vers 15h30, Véronique et Laurent décident de faire une petite balade digestive et se laissent emporter par la beauté du site, tout autour de Sao Vicente, leur lieu de vacances, au nord de l’île. Le lieu ne manque pas d’attrait. C’est un site très prisé des amateurs de randonnées. Laurent est habillé d’une veste grise et d’un bas de survêtement plutôt ample. Véronique porte une veste de sport bleue et un sac à dos dans les tons roses. Tous deux sont équipés d’une petite bouteille d’eau. A plus de 2 000 kilomètres du Tarn-et-Garonne, le dépaysement est complet dans ce joyau naturel, cadre idéal pour recharger les batteries.

La montagne, bloc volcanique massif, haut de plus de deux cents mètres, offre des balades au cœur de cette végétation dense et luxuriante. En contrebas, les vagues de l’océan constituent l’endroit idéal pour des dizaines de surfeurs en quête de sensations fortes.

Les secours sur place à Sao Vicente où le corps d'une femme qui pourrait être Véronique Blond a été découvert./ Photo DDM
Les secours sur place à Sao Vicente où le corps d’une femme qui pourrait être Véronique Blond a été découvert./ Photo DDM

Mer, montagne, les activités autour du site touristique de Sao Vicente, petite ville de plus de 5 000 habitants, sont variées et également très appréciées des touristes étrangers. « C’est leur premier voyage sur cette île », poursuit Johanna, l’une des deux filles du couple qui est restée dans la villa en location de l’avenue Marcos Marques Rosa, en direction est, en direction de Ponta Delgada, lorsque ses parents sont partis en balade ce jour-là. Ma mère n’arrêtait pas de dire à quel point elle était excitée de partager ce voyage avec mon père et moi. »

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En milieu d’après-midi, un témoin aurait aperçu le couple « sitio de Calhau », à Sao Vicente, en direction de Porto Moniz, côté ouest. La police dispose d’une ligne téléphonique dans ce quartier. Ensuite, selon le responsable de la communication de Funchal, « le téléphone a explosé le 19 mars, il n’était pas connecté à Internet ». Il y avait un peu de vent ce jour-là mais la température était douce. Véronique et Laurent viennent de réaliser plusieurs randonnées les jours précédents. Johanna, leur fille de 27 ans, préfère se détendre dans la maison de location, au bord de l’océan. Sans vraiment avoir de projets en tête, le couple préfère, ce samedi 16 mars, se laisser emporter par la promenade au cœur de ce décor enchanteur.

Piste criminelle explorée

« Ma mère serait de nature plus craintive et mon père un peu plus aventureux. Lorsqu’ils partent en randonnée, ils s’orientent vers des sentiers protégés et balisés. Les heures passent et toujours aucun retour du couple tarn-et-garonnais. Johanna tire la sonnette d’alarme en fin de journée et les premières recherches sont lancées. Mais ce n’est vraiment que le lendemain matin que les grandes opérations ont commencé. Sur 16 kilomètres de côte, entre Porto-Moniz et Sao Vicente, d’ouest en est, une vingtaine d’hommes sont partis à la recherche de randonneurs. « Bateaux, drones équipés de caméras thermiques, chiens, tous les moyens sont déployés à ce moment-là pour les retrouver », assure le commissaire Joao Gois, du commissariat de Funchal, la capitale de l’île. Durant les trois jours suivants, le même dispositif est activé ».

Ce vendredi 5 avril, policiers, pompiers et secouristes tentent de récupérer le corps de Véronique Blond
Ce vendredi 5 avril, policiers, pompiers et secouristes tentent de récupérer le corps de Véronique Blond

En fonction de la météo et des différentes informations recueillies, après l’avis de recherche, les fouilles reprennent. « Nous avons pensé à une piste criminelle, celle d’un enlèvement par exemple, pour tout vérifier. Mais cette hypothèse travaillée par la police judiciaire n’aboutit à rien aujourd’hui. Nous avons entendu des témoins mais aucun élément ne nous le permet à ce stade », lier cette affaire à un scénario criminel », insiste l’officier.

A Madère, où la nature est généreuse, la disparition des promeneurs perturbe parfois la tranquillité de ses discrets habitants. Trois personnes ont disparu au cours des dix dernières années. Personne ne les a trouvés. D’autres, plus chanceux, se sont perdus quelques heures avant de retrouver leur chemin et de réapparaître. On s’est récemment souvenu d’un randonneur aguerri, polonais, perdu en montagne. Mais deux personnes, l’une après l’autre, ça n’est jamais arrivé.

« Les gens viennent ici pour la randonnée, l’amour de la nature mais certains ne signalent pas lorsqu’ils empruntent les sentiers et ils peuvent emprunter des sentiers non protégés », ajoute ce responsable de l’office de tourisme, au centre de Sao Vicente. Elle remet aux randonneurs un guide sur lequel figurent quelques précautions de sécurité : les départs en solo sont déconseillés, randonner de préférence avec un guide, veiller à revenir avant la nuit… Des conseils de base pour mieux aborder la montagne et éviter de se faire surprendre. Ici plus qu’ailleurs, la vigilance est de mise.

Le danger des « levadas »

Au cœur de cette montagne fascinante, les fameuses « levadas », ces petits canaux creusés dans les rochers servant à l’irrigation, constituent une véritable attraction pour les randonneurs. Ils les suivent, sur les flancs des montagnes, et s’y promènent pour mieux apprécier les sensations de fraîcheur et vivre pleinement la nature. Il y a environ 3 000 kilomètres de « levadas » sur l’île. Cette réalisation ancestrale et majeure, destinée à mieux répartir l’eau dans toutes les vallées, est un peu, pour nous, l’équivalent du Canal du Midi. Mais des dizaines de mètres de haut.

Il existe des itinéraires parfaitement adaptés aux promenades. Mais d’autres sont bien plus difficiles, voire dangereux. Car l’humidité du sol peut provoquer des glissements de terrain dans certains endroits non protégés. Ce phénomène est ici très connu et les habitants de la région le décrivent comme la principale cause d’éventuels accidents.

Ces routes mouillées mènent souvent à des endroits offrant des vues uniques et époustouflantes. Mais ils peuvent être de véritables pièges, car à proximité de ces routes d’irrigation, le danger rôde. Les professionnels du tourisme recommandent de se munir d’une carte recensant les « levadas » pour éviter que la randonnée ne tourne au cauchemar ou au drame. Véronique et Laurent ont-ils emprunté ces chemins par inadvertance ? Leur promenade, qui se voulait plus ludique que sportive, pourrait-elle les conduire vers une zone dangereuse non protégée ? La fatigue des marches précédentes aurait-elle pu jouer un rôle ? Des questions que se posent les policiers lors de leurs recherches.

La police poursuit les recherches

C’est malheureusement le scénario le plus plausible et celui qui reste, à ce jour, privilégié par la police locale. Mercredi après-midi, des policiers ont emprunté les escaliers d’un passage très étroit, le « Caminho da Abelheira ». Un chemin bordé de maisons qui mène directement à la montagne où ont eu lieu les fouilles. Ce vendredi 5 avril, c’est ce même chemin qui est au cœur des recherches puisque les sauveteurs sont passés par ce lieu pour accéder à la zone de fouille. Sur cette avenue Marcos Marques Rosa, les sauveteurs sont à pied d’oeuvre, parmi quelques touristes de passage.

A Madère, au nord de l'île, les randonneurs apprécient aussi les balades au bord de l'océan./ Photos F. Ab
A Madère, au nord de l’île, les randonneurs apprécient aussi les balades au bord de l’océan./ Photos F. Ab

La plupart des Allemands et des Français parcourent les sentiers d’un pas léger. « Nous sommes juste là pour le paysage. C’est très étrange qu’ils disparaissent tous les deux d’un coup », commente ce couple nancéen. Même sentiment d’incrédulité chez les habitants et commerçants de Sao Vicente. Tom et Clémence, un jeune couple toulousain de 25 et 23 ans, ont les yeux rivés sur les surfeurs. « Nous ne ressentons aucun danger », disent-ils en se tenant la main. « Nous avons parcouru beaucoup de chemins, sans rencontrer de difficultés. »

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Un sentiment partagé par de nombreux randonneurs, plus ou moins aguerris en cette période pré-touristique. En continuant sur l’avenue Marcos Marques Rosa, en direction de Ponta Delgada, vers l’est, des restaurants et bars traditionnels ont déjà installé tables et chaises sur les terrasses. Sous la douceur estivale, on commente la double disparition. « C’est un endroit idyllique ici, s’ils se sont perdus ou s’ils ont été victimes d’une chute mortelle c’est vraiment triste », témoigne cet habitant du coin, en buvant une gorgée de bière, face à l’océan. Ici, on vous assure que personne n’a revu Véronique et Laurent depuis leur disparition. Vendredi, un sentiment d’effroi et de soulagement dominait. Personne ne pouvait imaginer un épilogue aussi tragique.

Cammile Bussière

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