Ce dimanche après-midi, nous avons eu la surprise, en arrivant à Pluguffan (29), de ne voir aucun policier sur le bord des routes. Et un accès très facile au site de l’aéroport où s’est déroulée la rave. « Traversez la ferme. Après, il suffit de longer le champ cultivé», raconte une jeune femme de Quintin, dans les Côtes d’Armor. « L’ambiance est sympa. Nous sommes arrivés à quatre heures du matin. Nous partirons bientôt. C’est moi qui prends le volant, je suis resté clean.
Quelques centaines de mètres plus loin, et grâce à ces indications vous pourrez accéder au tarmac par une clôture brisée. Comme nous l’a dit notre premier contact, il n’y a pas de droit d’entrée à payer. « En général, nous payons toujours une contribution. Mais pas là-bas», nous a confié celui qui est habitué à ce type de rassemblement.
Dans les minutes qui suivent, les grands bruits se taisent.
« La distance ne nous fait pas peur »
Comme prévu, il est temps de faire une pause. Dans les ruelles, garçons et filles nettoient le chantier, de gros sacs poubelles à la main. « On reconnaît les véhicules des vrais fêtards », raconte un participant venu de Seine-et-Marne avec une dizaine d’amis. Ils accrochent toujours des poubelles aux rétroviseurs de leurs véhicules. Pas question de laisser nos canettes et papiers gras sur le site. Nous emporterons tout avec nous.
Sur le tarmac de la piste d’atterrissage, le groupe a entamé une partie de Mölkky. D’autres jouent au ballon dans une ambiance détendue. « Je suis coach sportif dans le monde civil, plaisante un jeune barbu qui doit reprendre le travail mardi. Une petite entorse de temps en temps ne fait pas de mal. Aujourd’hui, je n’ai rien pris. C’est moi qui dois prendre le volant. Je ne plaisante pas à ce sujet. Non loin de là, une jeune femme qui doit quitter prochainement les lieux souffle dans un alcootest pour vérifier qu’elle ne sera pas en infraction.
Le petit groupe dit savoir depuis près de deux mois qu’un événement allait être organisé. « La distance ne nous fait pas peur. Et puis, un grand bol d’air breton est toujours le bienvenu. «Regarde, c’est un bon enfant», dit un de ses amis. Un jour, j’ai invité ma sœur à venir. Elle avait beaucoup d’idées fausses sur les raves. Elle a changé d’avis. »
« Tout va bien. Globalement, ils se débrouillent »
Le tarmac est noir de monde. Vous pouvez tout trouver ici. Grâce à une logistique très bien huilée. Bières fraîches à la pression, sodas, jus de fruits, vêtements, bijoux, mais aussi plats à emporter et même barbe à papa ! Les amateurs de substances psychotropes trouveront également leur bonheur ici. « Mais moins qu’ailleurs », précise une participante qui confie avoir déjà découvert des supérettes du sexe sur d’autres sites. Pourtant sur une centaine de mètres, le petit manège qui prend place à proximité de deux camionnettes ne laisse aucun doute sur la nature des marchandises qui passent de main en main. Et de temps en temps, des vendeurs ambulants proposent des produits illicites sans aucune discrétion.
« Tout se passe bien », assure un pompier en poste au cœur du site depuis le matin. Nous n’avons même pas besoin d’intervenir. Les organisateurs ont prévu une station médicale de bobologie. Dans l’ensemble, ils se débrouillent. J’ai eu l’occasion de suivre des festivals très connus. Ici, aucun risque de se faire vomir sur les pieds. »
Quatre fêtards référés
L’heure passe. Et les sons restent silencieux. Sur le bitume, peu de gens désorientés. Mais un homme d’une trentaine d’années ne peut plus mettre un pied devant l’autre. Il sera pris en charge par des bénévoles.
« Depuis samedi soir, nous avons accompagné six évacuations vers l’hôpital (une dizaine selon la préfecture, ndlr). Ce qui n’est pas beaucoup, vu le nombre de personnes rassemblées ici », explique un membre de l’association Techno + qui dispense des soins médicaux. « Les gens consomment, on ne le nie pas. Mais tout le monde veille sur les autres. » De l’autre côté de la barrière, la police continue de veiller. Ce dimanche soir, le parquet de Quimper a annoncé que quatre fêtards avaient été déférés pour consommation de drogue. Les fêtards devraient quitter les lieux ce lundi.
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