Réforme des retraites : « Il faut obliger les employeurs du secteur public à payer les cotisations sociales », estime la Fédération
Augmentation des cotisations pour les salariés, baisse des pensions pour les retraités : les mesures d’urgence prises ce jeudi par le Congrès ont du mal à passer. Pour Joao D’almeida, invité du JT de NC la 1ère, les élus sont les premiers responsables de la situation financière de la Caisse de retraite des fonctionnaires locaux.
Pour préserver le fonds de pension local, le Congrès a adopté le 8 août une augmentation de 1% des cotisations des fonctionnaires et une réduction de 3% des pensions des retraités de la fonction publique jusqu’à fin 2025.
Des mesures impopulaires, votées à contrecœur par les élus du boulevard Vauban, et particulièrement mal accueillies par les retraités.
Invité au journal télévisé ce jeudi soir, le secrétaire général du syndicat des retraités de la Fédé, Joao D’Almeida, a pointé la responsabilité des politiques dans la situation dramatique de la CLR, qui finance les retraites de 6.000 fonctionnaires retraités de Nouvelle-Calédonie.
« Nos élus disent, la main sur le cœur, qu’ils ont été contraints de prendre ces mesures, forcément injustes et impopulaires. Mais ce sont eux les seuls responsables de tout cela. »
Responsables car ce sont eux qui « voter sur des textes qu’ils ne respectent pas. Ils sont responsables de voter des budgets qui sont insuffisants et ils sont responsables de voter des mesures fiscales, qui peuvent fournir des ressources pour un service public de qualité, donc ils sont responsables sur toute la ligne.« Peut-on dire aujourd’hui que nous sommes face à un mur ? Mais ce sont eux qui ont construit le mur. »le représentant des retraités de la Fédération s’est offusqué, en faisant référence à l’intervention, dans une séance du Congrès, de Vaimua Muliava, responsable de la fonction publique au sein du gouvernement.
Avant d’en arriver là, les syndicats avaient sonné l’alarme à plusieurs reprises, se souvient João D’Almeida. « Le 30 juin 2021, notre organisation a manifesté devant le Congrès, non pas pour demander des prestations supplémentaires mais pour sensibiliser aux difficultés du secteur hospitalier car il fallait réformer le Ruamm (Régime unifié d’assurance maladie et maternité, ndlr). Nous sommes en août 2024 et il n’y a toujours pas de réforme du Ruamm. »
Cette inaction a généré des problèmes. « en cascade », estime le représentant des retraités de la Fédération. « Cela a permis à certains employeurs, notamment hospitaliers, d’éviter de payer leurs cotisations (sociales). Mais il n’existe aucune caisse qui puisse fonctionner sans cotisations. »
La Fédération prévoit donc d’écrire à tous les employeurs des établissements ou services publics pour leur rappeler que « Cotiser aux régimes de sécurité sociale est une obligation ». « Beaucoup disent : nous paierons les salaires et nous verrons le reste. « Ensuite », s’indigne João D’Almeida. Parmi ses propositions pour redresser la CLR, la Fédération veut rendre obligatoire le paiement des cotisations de sécurité sociale pour tous les employeurs publics du pays.
Je ne comprends pas pourquoi on demande à ceux qui ont les revenus les plus faibles de faire trois fois plus d’efforts qu’à ceux qui sont actifs.
João D’almeida, secrétaire général du syndicat des retraités de la Fédération
Car pour l’organisation syndicale, faire peser la réforme davantage sur les retraités que sur les employeurs et les salariés est injuste. »Quand on est à la retraite, on a moins de revenus que ceux qui travaillent. Je ne comprends pas pourquoi on demande à ceux qui ont le moins de revenus de faire trois fois plus d’efforts que ceux qui sont en activité. « Actif », s’agace João D’Almeida, en s’appuyant sur les deux mesures de la réforme, à savoir 1% de cotisations en plus pour les salariés contre 3% de pensions en moins pour les retraités.
« Il y a une construction intellectuelle qui m’échappe. On a posé la question plusieurs fois et on nous a donné des éléments comptables. Mais la logique de faire payer les plus faibles trois fois plus que les autres, je pense qu’on va avoir du mal à s’en remettre. »
Ces mesures de sauvetage temporaire du CLR répondent aussi aux demandes insistantes de l’Etat de réformer la protection sociale du pays, en échange de son soutien financier. Mais pour João D’Almeida, beaucoup d’efforts ont déjà été faits par les retraités. « Depuis 2017, nous enregistrons un taux d’inflation cumulé de 14 %. Si l’on ajoute à cela les différents prélèvements sur les pensions pour redresser le CLR, cela représente 20 % de pouvoir d’achat retiré aux retraités. »