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Qu’est-ce que l’IPTV, ce décodeur pirate qui permet de regarder la Ligue 1 à un prix dérisoire ? – Libération

La Ligue 1 fait son grand retour sur la plateforme DAZN, dont les tarifs d’abonnement suscitent l’indignation des amateurs de football. Cette politique tarifaire rend l’utilisation d’un boîtier IPTV illégal très attractive. Libé fait le point sur ce décodeur et les risques auxquels les utilisateurs s’exposent.

Comment regarder la Ligue 1 sans se ruiner ? Vendredi 16 août, le PSG sans Mbappé retrouvera les terrains pour affronter Le Havre et lancer cette nouvelle saison de Ligue 1, désormais sponsorisée par McDonald’s, sous les caméras de la plateforme DAZN. Mais cette année, il faudra débourser au moins 30 euros par mois pour regarder 8 des 9 matchs en une journée. Face à ces tarifs exorbitants, le service de streaming sportif britannique se justifie dans les colonnes de L’équipe : « Les prix ont beaucoup augmenté au cours des dix dernières années et l’inflation affecte tout le monde. » Et de souligner qu’un billet pour assister à un match dans les tribunes coûte « entre 50 et 80 euros en moyenne pour le moins cher (pour les plus grandes affiches, ndlr)« .

Malgré cette défense, les footballeurs usent de leurs stratégies plus ou moins légales pour éviter de payer : trouver un ami d’un ami qui a un abonnement, boire un verre dans un bar qui diffuse le match, cliquer sur le lien d’un obscur site de streaming gratuit via une chaîne Telegram ou enfin utiliser un décodeur IPTV. Un petit boîtier qu’il suffit de brancher sur sa télévision pour avoir accès illégalement à une quantité de contenus audiovisuels.

Qu’est-ce que l’IPTV ?

Lorsque vous allumez votre téléviseur, le signal TV qui vous permet de regarder votre émission peut être transmis par plusieurs moyens : les fréquences terrestres captées avec une antenne râteau qui vous permet d’avoir accès à la TNT ; les signaux satellites captés par une parabole qui vous permettent d’avoir accès aux chaînes ou à une connexion internet. C’est cette dernière option que l’on appelle IPTV, acronyme de Télévision sur protocole Internet. Cet appareil permet d’accéder aux plateformes VOD telles que Netflix, Disney+ ou Prime Video. Des services auxquels les anciens modèles de téléviseurs ne peuvent pas accéder, sauf avec une IPTV, qui leur permet de recevoir tous les signaux Internet.

Aujourd’hui, ce décodeur est très souvent fourni par un fournisseur d’accès à Internet (FAI) lorsque l’on souscrit à une offre Internet, téléphonie et TV. Il s’agit de la solution IPTV la plus classique proposée par Free, Orange SFR, Bouygues, etc. Selon Arcom, la réception de la télévision via Internet est le premier moyen d’accéder à la télévision. Au second semestre 2023, 69,3 % des foyers français équipés d’un téléviseur utilisent l’IPTV et l’écrasante majorité de ces foyers connectés à l’IPTV le sont grâce à un fournisseur d’accès à Internet (83,7 %).

Est-ce légal ?

Dans la plupart des cas, oui. Si le fournisseur IPTV paie une licence lui donnant le droit de diffuser du contenu qui ne lui appartient pas, c’est légal. Le fournisseur facture donc souvent un abonnement à ses utilisateurs, choix qu’ont fait MolotovTV et d’autres services de streaming (Netflix, Amazon Prime Video). Là où ce n’est plus légal, c’est lorsque le contenu diffusé via une box IPTV est piraté.

Ces boîtiers IPTV pirates fonctionnent exactement comme les décodeurs légaux, mais le contenu diffusé a été piraté. Cela permet aux propriétaires de ces boîtiers d’avoir accès, moyennant un abonnement de 20 à 50 euros par an, à tous les programmes TV, y compris les programmes accessibles par abonnement. Face à la fragmentation des offres de streaming, des chaînes sportives et des bouquets télé, le calcul est donc vite fait. Entre payer 20 à 50 euros par an pour avoir accès à un catalogue gargantuesque et payer 30 euros pour DAZN par mois, plus 15 euros pour un service de streaming, plus 15 euros pour un autre… de plus en plus d’utilisateurs ont décidé de se procurer, sur internet ou dans une boutique qui n’y prête pas beaucoup attention, un décodeur IPTV pirate pour le connecter à leur écran.

Quel est le risque pour un utilisateur IPTV ?

Juridiquement, un utilisateur d’IPTV est coupable de recel et risque cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende. Mais dans la pratique, aucune sanction n’a jamais été prononcée contre un utilisateur d’IPTV en France, car les autorités cherchent notamment à traquer les diffuseurs, un moyen beaucoup plus rapide de faire tomber les sites. En Italie, le démantèlement d’un important réseau IPTV démantelé en 2022 avait conduit à la destruction de 500 000 comptes utilisateurs.

Selon l’Arcom, 1,8 million de personnes ont utilisé l’IPTV illégale en 2023. Selon le Baromètre de consommation de programmes sportifs publié en mai 2024 par le régulateur de l’audiovisuel, 11% des Français déclarent utiliser des moyens illicites comme l’IPTV pour regarder des programmes sportifs en direct au moins une fois par semaine, souvent pour compléter un abonnement.

De quoi exaspérer des chaînes comme DAZN ou BeIN, qui paient des droits TV de plus en plus élevés pour diffuser les matchs. C’est pourquoi, le 12 août dernier, la Ligue de football professionnel (LFP) s’est vantée dans un communiqué d’avoir remporté « une nouvelle victoire juridique dans la lutte contre le piratage d’allumettes. » La LFP a obtenu de la justice le blocage de plusieurs sites majeurs par les principaux fournisseurs d’accès à Internet français. Mais en 2023, l’Arcom n’avait bloqué que 34 diffuseurs IPTV. Il ne faut pas crier victoire trop tôt.

Cammile Bussière

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