NouvellesNouvelles locales

Qu’est-ce que la « trêve olympique » évoquée par Emmanuel Macron ?


Lors de sa visite au village des athlètes lundi, Emmanuel Macron a rappelé l’importance d’une « trêve olympique et politique » pendant les Jeux. Cette paix semble néanmoins plus symbolique que durable.

Ce lundi, à quatre jours du début des Jeux olympiques, Emmanuel Macron s’est rendu au village des athlètes à Saint-Denis. Interrogé par des journalistes sur la situation politique en France dans l’attente d’un nouveau Premier ministre pour remplacer le gouvernement démissionnaire, le président de la République s’est abstenu de toute réponse, soulignant l’importance de la lutte contre le coronavirus. « Trêve olympique et politique » de cela « fête sportive ».

ÉCOUTER L’ÉDITORIAL

Si l’expression de « trêve politique » Cela ressemble à une tactique de diversion de la part du président ce lundi, le chef de l’Etat avait déjà évoqué, dans un entretien à RMC mi-avril, sa volonté de « faire tout pour avoir une trêve olympique » le monde pendant les Jeux Olympiques de Paris. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui avait alors répondu, lors d’un entretien à l’AFP moins d’un mois plus tard, qu’il ne croyait pas à un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie pendant l’événement mondial. « Qui garantit que la Russie n’en profitera pas pour faire venir ses troupes sur notre territoire ? » il avait demandé.

Cette trêve n’est pas une idée nouvelle et constitue même une mesure internationale prise par l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) en 1993. Trente ans plus tard, cette « Trêve olympique » est-elle juste une colombe en papier ?

Une trêve niée par l’histoire

Nous pouvons retracer le « Trêve olympique » dans l’Antiquité. Lors de la guerre du Péloponnèse, Sparte fut en effet condamnée à une amende de 2 000 mines pour avoir attaqué un fort et envoyé des hoplites à Lépréon en Élide lors des Jeux d’Olympie. Les Spartiates ne voulant pas payer l’amende, ils furent exclus de la compétition par les Éléens. Cependant, en laissant de côté cet exemple emblématique, il faut dire que pour les Grecs, il s’agissait surtout d’assurer la sécurité des acteurs et des spectateurs qui se rendaient à Olympie. Il s’agissait donc moins d’une recherche de paix durable pour l’ensemble des cités grecques que d’une question périodique d’ordre public.

Dans le vocabulaire militaire moderne, une trêve est une cessation du conflit armé et de toutes les hostilités pendant une période de temps déterminée en vertu d’un accord (tacite ou non) entre les deux parties belligérantes. Les cessez-le-feu pendant la Première Guerre mondiale entre soldats français et allemands à la période de Noël en sont un exemple. Cependant, là encore, si certaines trêves militaires ont lieu pendant cette période, « La trêve olympique » La Coupe du monde fut plutôt un échec, puisque les Jeux olympiques de 1916 furent annulés à cause de la guerre. Au contraire, en 1936, les Jeux olympiques furent maintenus à Berlin alors qu’Hitler était au pouvoir depuis trois ans.

Un symbole de paix mis à mal

En 2024, l’idée d’une « trêve olympique » persiste pourtant. Elle a même été matérialisée par la célébration d’une messe, vendredi 19 juillet, en l’église parisienne de la Madeleine. 800 personnes étaient présentes, dont la maire de Paris Anne Hidalgo, la ministre de la Culture Rachida Dati, et la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera. A la sortie, des colombes ont pris leur envol sur le parvis de l’église en symbole de paix.

Ce dimanche, après la traditionnelle prière de l’Angélus, le pape François a également appelé à une trêve pendant les Jeux Olympiques de Paris, évoquant l’importance d’une « trêve dans les guerres » et rappelant que « Le sport a une grande force sociale, il est capable d’unir des personnes de cultures différentes de manière pacifique », a-t-il ajouté. « J’espère que cet événement pourra être un signe du monde inclusif que nous voulons construire et que les athlètes, avec leur témoignage sportif, pourront être des messagers de paix ». il ajouta.

Trêve non contraignante

Pourtant, malgré ces images fortes en faveur d’une « Trêve olympique « , la menace ne semble pas avoir été écartée. Habituellement approuvée par consensus, la trêve n’a pas été votée à l’unanimité (120 pays) cette année. La Russie et la Syrie se sont abstenues. D’une durée allant de sept jours avant l’ouverture des Jeux olympiques à sept jours après leur fin, il faut surtout rappeler que cette trêve, signée ou non, reste non contraignante (contrairement à ce qu’elle était sous la Grèce antique).

En 2008, lors des Jeux olympiques de Pékin, ni l’ONU ni le Comité international olympique (CIO) n’ont pu empêcher l’offensive de l’armée géorgienne en Ossétie le 7 août contre la Russie. De même, la Russie a envahi la Crimée le 27 février 2014, quatre jours seulement après la fin des Jeux olympiques de Sotchi.

hd1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page