Quel bilan pour la fin d’année ?
L’année 2024 marque un véritable retour en force pour l’assurance-vie, après une année 2023 relativement décevante. Les Français se sont remis à épargner avec enthousiasme, comme en témoigne la collecte nette de 17,9 milliards d’euros sur les sept premiers mois de l’année, déjà bien supérieure à celle de l’ensemble de l’année précédente.
L’essor des unités de compte
Cet engouement pour l’assurance-vie profite principalement aux unités de compte, ces véhicules financiers non garantis qui offrent des rendements potentiellement plus élevés.
Malgré les risques qu’ils présentent, de nombreux épargnants les privilégient désormais aux fonds en euros traditionnels, dont la collecte reste faible, même si les sorties de trésorerie sont moins importantes qu’entre 2020 et 2022.
Depuis janvier, environ 5 milliards d’euros ont quitté le patrimoine général des compagnies d’assurance.
Une hausse du rendement, mais fragile
Le fonds en euros, autrefois pilier de l’épargne sécurisée, a néanmoins vu son rendement moyen augmenter sensiblement ces dernières années, atteignant 2,60% en 2023, selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Ce rebond s’explique en grande partie par l’utilisation des réserves accumulées par les assureurs dans le passé. Toutefois, cette hausse pourrait ne pas être durable.
Malgré la hausse des taux d’intérêt depuis 2022, les actifs détenus par les assureurs continuent d’être affectés par le remplacement progressif d’obligations plus anciennes et mieux rémunératrices par des obligations plus récentes et moins rentables.
À quoi faut-il s’attendre pour la fin de l’année 2024 ?
Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures, souligne que cette tendance pourrait difficilement perdurer. Si certains assureurs ont augmenté leur rendement grâce à leurs réserves, le rendement réel des actifs, avant recours à ces réserves, n’était que de 2,20 % en 2023.
Les experts prévoient que les taux resteront autour de 2,50% à 2,60% pour les fonds en euros en 2024, mais cette stabilité dépendra largement de la stratégie de chaque acteur du marché.
Certains groupes, disposant de réserves solides et cherchant à conquérir des parts de marché, pourraient adopter une politique plus agressive en augmentant les rendements, tandis que d’autres, plus prudents, préféreront préserver leur stabilité financière à long terme.
Une concurrence accrue sur le marché de l’épargne
Par ailleurs, la concurrence devrait s’intensifier sur les produits garantis, les comptes d’épargneQuels sont les plafonds des comptes d’épargne ?, qui ont également profité de la hausse des taux d’intérêt.
Cette situation pourrait ralentir les efforts des assureurs pour revaloriser les fonds en euros, poussant ainsi les épargnants à continuer de se tourner vers des placements plus risqués mais potentiellement plus rentables.