Que proposent Kamala Harris et Donald Trump en matière de politique étrangère ?
Depuis 2020, la face du monde a changé. Invasion de l’Ukraine par la Russie, conflit au Moyen-Orient après l’attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, relations de plus en plus tendues avec la Chine… Le mandat de Joe Biden a été marqué par les crises internationales. Comment sa vice-présidente et candidate démocrate Kamala Harris se positionne-t-elle sur ces sujets dans la course à la Maison Blanche ? Et son prédécesseur, le républicain Donald Trump ?
Sur la guerre en Ukraine
Les positions des deux candidats à la Maison Blanche diffèrent sur l’aide à apporter à l’Ukraine, embourbée dans un conflit depuis près de trois ans. Kamala Harris affiche un « un soutien indéfectible au peuple ukrainien »comme elle l’a dit à Volodymyr Zelensky le 26 septembre lors de sa visite à Washington. C’est difficile pour elle de faire autrement. Depuis le début du conflit en février 2022, elle participe aux décisions prises par Joe Biden, à la tête d’une coalition de pays soutenant l’Ukraine.
Un revirement à ce niveau de sa part serait surprenant. Dès son investiture à Chicago le 22 août lors de la Convention démocrate, elle a rappelé qu’elle « ne se lierait pas d’amitié avec des dictateurs »visant directement son rival Donald Trump dont les liens avec Vladimir Poutine suscitent depuis longtemps des interrogations.
Si Kamala Harris est élue présidente des États-Unis, elle devrait continuer à fournir des armes à l’Ukraine. Depuis le début du conflit, les États-Unis sont le principal soutien financier de Kiev avec 75 milliards d’euros déjà versés et 23 à venir, selon les derniers chiffres de l’Institut allemand de Kiel.
Des montants vivement critiqués par Donald Trump depuis deux ans. Le candidat républicain estime que « Cette guerre n’aurait jamais dû avoir lieu » et assure qu’il peut y mettre un terme « en 24 heures grâce à un plan très précis », sans jamais en dévoiler les contours.
Son colistier JD Vance a mentionné, dans le podcast Spectacle de Shawn Ryan le 12 septembre, la mise en place d’un « zone démilitarisée » sur le territoire ukrainien, le long de la ligne de front. L’intégration de l’Ukraine à l’Otan serait aussi une des variables d’ajustement de ce plan : le pays de Volodymyr Zelensky devrait mettre un terme à cette option. Sur ce dernier point, Kamala Harris ne s’est pas vraiment prononcée : « Ce sont des questions que nous aborderons si et quand nous en arriverons à ce point » a-t-elle déclaré dans une interview avec CBS Lundi 7 octobre. Elle a également exclu toute rencontre avec Vladimir Poutine sans un représentant de l’Ukraine pour discuter de l’avenir du pays.
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Sur la guerre au Moyen-Orient
Quant à l’Ukraine, le candidat démocrate reste dans la lignée de Joe Biden sur le conflit au Moyen-Orient. Elle affirme soutenir Israël sur son droit à se défendre tout en assurant qu’il en a les moyens. En d’autres termes, poursuivre l’aide américaine à l’État juif.
Elle se dit quand même « gravement préoccupé par l’ampleur des souffrances humaines à Gaza, notamment par la mort d’un trop grand nombre de civils innocents » et veille à ce qu’il continue de faire pression sur Israël pour obtenir un cessez-le-feu. Si sa position reste très proche de celle de Joe Biden, Kamala Harris se montre plus nuancée sur la question.
Kamala Harris est également favorable à une solution à deux États alors que Donald Trump doute qu’une telle solution soit possible. Il assure que « l’attentat du 7 octobre » dirigé par le Hamas contre Israël, « cela ne serait jamais arrivé » s’il avait été président. Durant son mandat, entre 2016 et 2020, Donald Trump a montré son attachement à l’État juif en déplaçant l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
Depuis le 7 octobre 2023, il soutient l’action d’Israël à Gaza malgré de récents désaccords avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. S’il est élu, Donald Trump promet que « Nous aurons à nouveau la paix dans le monde, c’est garanti » mais ne précise pas comment elle compte atteindre cet objectif.
Les deux candidats sont d’accord sur un point : l’Iran. Kamala Harris et Donald Trump affichent une ligne dure envers l’ennemi juré des États-Unis. Le candidat démocrate décrit « mesure de justice » le 27 septembre, jour où Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah proche de l’Iran, a été tué dans une frappe israélienne.
Récemment, Donald Trump s’est montré encore plus radical que le camp démocrate, après l’attaque menée par le régime des mollahs contre Israël le 1euh octobre. Il se dit favorable à une réponse israélienne aux installations nucléaires iraniennes, là où Joe Biden appelle à les épargner.
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Sur la rivalité avec la Chine
Les deux candidats font de la Chine le principal adversaire stratégique des États-Unis. Kamala Harris prône une stabilisation des relations entre Washington et Pékin si elle est élue, conformément à la politique actuelle, tout en assurant qu’elle « garantira à ce que l’Amérique, et non la Chine, remporte la compétition pour le 21e siècle. »
Elle promet également de protéger le pays contre « pratiques commerciales déloyales » de Chine, sans préciser comment, et maintenir des taxes sur les produits importés de Chine. Cette mesure, introduite par Donald Trump durant son mandat, a été prolongée sous Joe Biden. Cela n’est pas oublié par le candidat républicain qui promet de renforcer encore davantage ces droits de douane.
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Sur la question de Taïwan, Donald Trump ne s’est pas prononcé en cas d’invasion de la Chine où Kamala Harris a affirmé qu’elle soutiendrait l’autodéfense de l’île, sans préciser si elle apporterait un soutien militaire.
Depuis plusieurs mois, la question de l’interdiction de TikTok aux Etats-Unis pour des raisons de sécurité cristallise les tensions avec la Chine. Kamala Harris défend la loi signée par Joe Biden obligeant le propriétaire chinois à vendre l’application, sous peine d’interdiction aux Etats-Unis. Donald Trump s’est opposé à ce texte.
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Sur l’OTAN
Les deux candidats à la Maison Blanche sont aux antipodes sur la question de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. La vice-présidente Kamala Harris avait « je me suis réjoui » pour accueillir la Suède et la Finlande au sein de l’OTAN, sur le réseau social
Lors de son investiture, elle a assuré qu’elle resterait « se tient aux côtés de nos alliés de l’OTAN » mais l’adhésion de l’Ukraine reste floue.
Le candidat républicain a suggéré de quitter l’OTAN lorsqu’il était à la Maison Blanche. Cette option reste encore plausible pour Donald Trump en cas de réélection, même s’il n’a pas confirmé qu’il irait jusque-là. S’il ne quitte pas l’Alliance, il pourrait aussi chercher à l’affaiblir et a déjà menacé les États qui ne contribuent pas suffisamment financièrement à l’Otan de ne pas les soutenir en cas d’attaque.