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Présidentielle américaine : Joe Biden vs Donald Trump, un débat sous haute tension

Dans quelques jours, jeudi 27 juin, Joe Biden et Donald Trump se retrouveront sur le plateau de CNN pour participer au premier débat présidentiel télévisé de cette saison électorale, quatre mois avant la grand-messe du 5 novembre. participation, à savoir obtenir au moins quatre scrutins nationaux à 15 % et être qualifié dans un nombre suffisant d’États pour remporter le scrutin, l’indépendant Robert F. Kennedy Jr. n’en sera pas de la partie.

Ce premier face-à-face entre le président sortant et l’ancien locataire de la Maison Blanche lancera donc la dernière ligne droite de cette campagne électorale que les observateurs de la vie politique américaine et les Américains scruteront attentivement, semble-t-il, encore et à plusieurs égards. , totalement hors du commun.

Une organisation presque inédite

Ce débat sera très particulier puisque la Commission indépendante des débats présidentiels ne le supervisera pas, une première depuis sa création en 1988. En effet, les deux candidats ont décidé de le contourner pour négocier les modalités d’organisation directement avec la chaîne. de la télévision CNN. Il s’agira donc d’un échange d’une heure et demie, sans public, ponctué de deux pauses publicitaires durant lesquelles les équipes de campagne ne pourront pas interagir avec les protagonistes. Mais ce n’est pas tout : les deux ne pourront pas avoir de notes avec eux, il n’y aura pas de public et le micro sera fermé à celui qui attend son tour pour parler, afin d’éviter la cacophonie.

Autre élément qui sort de l’ordinaire : ce moment aura lieu en amont des conventions républicaine (15 au 18 juillet) et démocrate (19 au 22 août) qui sont censées officialiser la candidature des vainqueurs des primaires, à travers un vote formel. vote des délégués de chaque parti. Preuve supplémentaire, s’il en fallait, que cette campagne électorale américaine sort du cadre habituel.

Le pari de Joe Biden

L’absence de débat aurait été une première dans l’histoire politique américaine moderne, mais n’aurait probablement pas été une grande surprise. En effet, Joe Biden et Donald Trump se détestent et ce dernier a multiplié les propos grossiers, les mensonges et les excès depuis 2015. À cela s’ajoute surtout le fait qu’il s’est placé en dehors du champ démocrate en tentant de renverser le résultat du scrutin. l’élection présidentielle de 2020 et incitant ses partisans à prendre d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021. L’actuel locataire de la Maison Blanche avait donc toutes les raisons de refuser de se présenter devant lui à la télévision.

Mais ces obstacles apparents au débat se sont progressivement atténués à mesure que les sondages ont montré un semblant d’incapacité du président sortant à distancer son adversaire. Même s’ils n’assument rien du résultat final et doivent être pris avec des pincettes jusqu’à présent du jour J, la multiplication des sondages d’instituts réputés sérieux qui placent le candidat républicain devant ou juste derrière, ont poussé Joe Biden à s’adapter. sa stratégie et prendre les devants en concoctant cette première invitation au débat. Un pari qui a un double objectif : tenter de faire oublier les nombreuses questions sur son âge qui handicapent sa campagne et (re)mettre en avant la dangerosité politique de Donald Trump en rappelant notamment qu’il est désormais un récidiviste.

Avec quels risques ?

Lorsqu’il s’agit de débats électoraux télévisés entre candidats en pleine campagne électorale, la première confrontation télévisée de l’histoire américaine, le 26 septembre 1960, entre John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon revient à chaque fois. Alors que le démocrate semblait avoir perdu le premier débat radiophonique, son apparition à l’écran lors du second a inversé la tendance grâce à son charisme et son aisance devant les caméras. De là à estimer que sa victoire sur le fil a été rendue possible grâce à ce moment ? Les avis diffèrent.

Mais au-delà de cet exemple très particulier, la plupart des chercheurs en sciences politiques concluent que l’impact de ces rencontres en présentiel sur les intentions de vote est nul ou quasi nul.

Comme le rappelait récemment Antoine Yoshinaka, chercheur associé à l’Observatoire sur les États-Unis et professeur associé au département de sciences politiques de l’Université d’État de New York à Buffalo, « Les débats télévisés sont l’un des aspects d’une campagne électorale où il y a le plus grand écart entre la science politique et l’importance accordée par les médias ». Une affirmation qui a été confirmée par l’économiste Caroline Le Pennec, dans une interview au Point en avril 2022. A travers ses recherches, elle a montré que les débats télévisés ont la plupart du temps « un effet totalement négligeable sur la prise de décision des électeurs ».

Est-ce que ce sera pareil cette fois-ci ? Tout le laisse penser si l’on s’appuie sur des études sur le sujet. Mais le doute persiste grandement en cette année électorale très particulière, pour laquelle les sujets de l’âge et des capacités cognitives impactent la campagne de Joe Biden et, dans une moindre mesure, celle de Donald Trump. Et si, comme le tweete Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire au lycée Carnot de Dijon, le démocrate est probablement celui qui « le plus à gagner » dans cette confrontation, c’est aussi lui qui pourrait probablement payer le prix le plus élevé d’un échec.

Pour les francophones peu à l’aise avec l’anglais qui souhaitent assister à cet événement, des diffusions spéciales en direct sont prévues sur France 2 en France (à partir de 3 heures du matin, dans la nuit du jeudi 27 juin au vendredi 28 juin) et sur ICI RDI au Canada. .

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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