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pourquoi Perrier a-t-il arrêté la production de ses bouteilles d’un litre ?

La production de bouteilles d’un litre d’eau gazeuse Perrier a été suspendue en raison de problèmes sur plusieurs sources à Vergèze, dans le Gard, selon les informations de Franceinfo et Le Monde, diffusées vendredi 14 juin 2024. La maison mère Nestlé Waters, qui a également propriétaire des marques Contrex, Hépar et Vittel, parle d’un « opération de maintenance régulière ». Cette annonce intervient après une série de révélations depuis début 2024 sur les eaux minérales du poids lourd de l’agroalimentaire.

► Pourquoi la production de la bouteille Perrier d’un litre a-t-elle été arrêtée ?

Le site captant Perrier de Vergèze compte sept puits. Un forage a été arrêté depuis avril 2024 après un épisode de contamination, et deux autres ont « a récemment subi des opérations de désinfection qui ont impacté les activités de production », selon les deux médias. Deux autres ne sont plus dédiées à la marque Perrier, mais à « Maison Perrier », autre marque du groupe qui ne bénéficie pas de l’appellation d’eau minérale naturelle.

Une majorité de puits ne produisent plus d’eau Perrier, la production de bouteilles d’un litre de « Perrier vert » est arrêtée. au moins jusqu’à la fin deété », explique Franceinfo. Une information que le groupe n’a pas confirmée en l’état. A l’AFP, il a simplement assuré que « la production de Perrier vert 1 litre n’est pas arrêtée »sans préciser s’il s’agit de la situation actuelle de ses usines ou de l’avenir de la chaîne de production à long terme. « Nous reviendrons avec une meilleure capacité pour servir nos produits dès la fin de ces opérations, et après une phase de réapprovisionnement de nos stocks »il a seulement ajouté.

► Par quoi l’eau a-t-elle été contaminée ?

En avril 2024, le préfet du Gard demande à l’entreprise de suspendre l’exploitation d’un puits présentant des bactéries » témoins de contamination d’origine fécale »qui peut « présentent un risque pour la santé des consommateurs ». Dans la foulée, 2,9 millions de bouteilles, jamais mises sur le marché, ont été détruites par le groupe agroalimentaire.

C’est loin d’être le premier avertissement : les eaux souterraines utilisées par Nestlé pour sa marque phare d’eau gazeuse sont régulièrement contaminées. L’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses) a alerté le gouvernement dans une note confidentielle en octobre 2023, révélée en avril 2024 par Franceinfo et Le Monde.

Elle a mentionné que plusieurs forages de Vergèze sont « situés à proximité de sources potentielles de contamination d’origine anthropique et étaient soumis à des pollutions périodiques d’ordre microbiologique mais aussi physico-chimique.. En effet, les sources d’eau minérale naturelle utilisées par Nestlé sont régulièrement contaminées par des bactéries, notamment Escherichia coli. Des traces de polluants chimiques ont également été détectées, dont des molécules issues de la dégradation des pesticides et polluants éternels (PFAS).

► L’eau minérale Perrier est-elle propre à la consommation ?

Dans cette même note confidentielle, les experts de l’Anses affirmaient que les non-conformités détectées « ne devrait pas conduire à la production d’eau en bouteille »c’est-à-dire que ces sources contaminées ne doivent plus être exploitées pour produire de l’eau minérale naturelle.

Nestlé Waters France, la succursale qui gère Perrier, assure de son côté que « les eaux minérales naturelles (mises) sur le marché peuvent être consommées en toute sécurité et leur composition minérale est conforme à leur étiquetage », dans une publication sur son site Internet en avril 2024. « Ces démarches qualité s’appuient sur un dispositif de filtration » entre autres, précise le communiqué.

► Pourquoi les méthodes de filtration de l’eau de Nestlé posent-elles problème ?

Les eaux minérales naturelles comme Perrier ou Vittel, autre marque du groupe, sont une appellation très réglementée. Puisés très profondément dans les eaux souterraines, ils sont censés être « microbiologiquement sain  » Et « ne peut faire l’objet que de quelques traitements autorisés par la réglementation, la désinfection de l’eau étant interdite », précise le site Internet du ministère de la Santé.

Pourtant, le 29 janvier 2024, le groupe suisse a reconnu publiquement avoir utilisé des méthodes de purification strictement interdites – filtres à base d’ultraviolets ou de charbon actif – sur plusieurs sources, en France et en Suisse. Une autre enquête des deux médias, publiée le lendemain, a en outre révélé qu’elle avait volontairement caché ces pratiques aux agents chargés du contrôle sanitaire de l’eau des Agences régionales de santé (ARS).

Nestlé affirme avoir arrêté d’utiliser ces méthodes de filtrage, mais a maintenu ses microfiltres en dessous de 0,8 microns, avec l’accord de l’État bien que théoriquement non réglementaire. L’entreprise se justifie en répondant en janvier que ces traitements « ont toujours eu pour objectif de garantir la sécurité alimentaire » de leurs eaux. En théorie, Nestlé doit donc cesser d’utiliser ces traitements interdits pour conserver son appellation d’eau minérale naturelle à Perrier, mais ceux-ci semblent indispensables pour garantir les normes sanitaires.

► Quel avenir pour Perrier ?

Cette succession de révélations met en péril l’avenir de la marque d’eau gazeuse. Toujours selon Franceinfo et Le Monde, les autorités « je me demande dans les coulisses » sur l’éventuel retrait pour Nestlé des autorisations d’exploitation des sources de Vergèze. Les syndicats représentant les 1 000 salariés de l’usine gardoise ont, de leur côté, activé leur droit d’alerte face à une situation susceptible d’affecter potentiellement l’avenir du site.

L’ONG Foodwatch a jugé auprès de l’AFP vendredi 14 juin 2024 un « silence des autorités dans toute cette affaire (…) inacceptable ». L’organisation de défense des consommateurs a porté plainte contre Nestlé Waters et Source Alma (Cristalline, Saint-Yorre…) en février 2024, dénonçant toutes deux leur « violation de la réglementation, tromperie du consommateur, gain économique et intention de tromper ».

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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