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pourquoi la proposition d’introduire des jours d’attente supplémentaires dans la fonction publique refait surface


Un rapport, commandé par Gabriel Attal en février et publié début septembre, estime qu’ajouter un ou deux jours d’arrêt de travail non rémunéré générerait des économies de 174 à 289 millions d’euros par an.

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Un médecin remplit un formulaire d'arrêt de travail le 22 février 2024. (JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / AFP)

Michel Barnier est confronté à un défi de taille en arrivant à Matignon. Le nouveau Premier ministre et son gouvernement doivent soumettre au Parlement le projet de loi de finances 2025 au plus tard mardi 1er octobre, puis le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) d’ici le 15 octobre. Et ce, dans un contexte de finances publiques moins bonnes que prévu.

Le déficit public pourrait atteindre 5,6% du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l’année, au lieu des 5,1% espérés initialement, selon la direction générale du Trésor. Il se creuserait même à 6,2% du PIB en 2025 au lieu de 4,1%, si environ 60 milliards d’euros d’économies n’étaient pas réalisés l’an prochain, prévient le Trésor.

La situation semble particulièrement critique du côté de la Sécurité sociale. « Le déficit de la branche santé sera probablement supérieur aux 11,4 milliards d’euros attendus par la commission des comptes de la Sécurité sociale en juin » Et « devrait rester à un niveau historiquement très élevé »a prévenu le directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), Thomas Fatôme, dans un entretien publié dimanche par Les échos.

« Cette situation financière est un sujet de préoccupation majeur auquel le prochain gouvernement et le prochain Parlement devront rapidement s’attaquer. »

Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie

aux « Echos »

Pour tenter de ramener le déficit public sous l’objectif européen de 3 % d’ici 2027, l’administration française a multiplié les pistes d’économies ces derniers mois. En février, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal a ordonné à l’Inspection générale des finances (IGF) et à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) de formuler des propositions pour « réduire l’absentéisme en général, en mettant l’accent sur les absences de courte durée », dans la fonction publique.

Leur rapport de près de 300 pages, publié le 5 septembre, précise que :« une augmentation générale » congés maladie depuis la crise du Covid-19. Dans la fonction publique, l’étude estime le coût des absences pour raisons de santé à 15 milliards d’euros en 2022, une année marquée par un nombre d’arrêts maladie à un niveau « historiquement élevé »Les auteurs estiment que le nombre d’absences s’élève à 14,5 jours par agent public en 2022 (11,7 jours dans le secteur privé), contre 8 jours par an sur la période 2014-2019. Si la tendance à la hausse « semble s’être inversé » en 2023, dans les secteurs public et privé, l’Igas et l’IGF suggèrent néanmoins plusieurs pistes pour ramener durablement ce taux à son niveau d’avant la crise sanitaire.

Parmi les propositions, le rapport préconise l’introduction d’un ou deux jours de carence supplémentaires, c’est-à-dire des jours d’arrêt de travail non rémunérés. Le jour de carence dans la fonction publique a été instauré en 2012 sous Nicolas Sarkozy, avant d’être supprimé en 2014 sous la présidence de François Hollande, puis rétabli par Emmanuel Macron en 2018. Selon le rapport, ce retour « a atteint son objectif de réduction des arrêts de courte durée et a représenté une économie budgétaire de 134 millions d’euros en 2023 pour le budget de l’État. » Un deuxième jour d’absence pour les fonctionnaires rapporterait 174 millions d’euros par an, et un troisième jour – comme dans le secteur privé – générerait 289 millions d’euros.

Selon une note de l’Insee, le rétablissement du jour de carence dans l’Education nationale a bien entraîné une diminution de la fréquence des arrêts maladie. Mais cela ne signifie pas que les absences étaient auparavant nécessairement injustifiées, insiste l’Insee. « En effet, l’instauration du jour de carence peut inciter les personnes malades à travailler. »

Le rapport de l’Igas et de l’IGF évoque également la possibilité de réduire la rémunération des jours indemnisés dans le cadre d’un arrêt de courte durée. Actuellement, à l’exception du premier jour de carence, les salariés du secteur public sont « payé au salaire complet » durant les trois premiers mois d’arrêt maladie. Les deux organisations proposent de réduire cette rémunération à 90% du salaire, comme dans le secteur privé, même si, dans les faits, 70% des salariés du privé bénéficient d’un maintien du versement de leur salaire par leur employeur à l’issue de leurs jours de carence, rappelle le rapport.

La réduction des rémunérations dans le secteur public permettrait de réaliser des économies de 300 millions d’euros dans chacun des trois secteurs du secteur public. (État, territorial et hospitalier), selon l’étude. Soit 900 millions d’euros au total.

La future équipe de Michel Barnier sera libre de saisir ou non ces options d’économies. Elles suscitent en tout cas déjà la colère des syndicats. « Si c’est l’une des premières mesures du nouveau gouvernement, cela sera de bon augure pour l’ambiance dans les mois à venir. »prédit Christian Grolier, secrétaire général de la Fédération générale des fonctionnaires-Force ouvrière, à la parisien. « En arrêt maladie, les fonctionnaires perdent déjà leurs primes dès le premier jour d’arrêt maladie, sachant que celles-ci représentent en moyenne 24,3% de leur rémunération. Vouloir donc réduire le salaire de 10% » serait équivalent à « une perte de plus d’un tiers de leur salaire »le syndicat dénonce dans un communiqué.

« Encore une fois, ces idées sont radines sans chercher les causes : fatigue, manque de personnel… »soutient Natacha Pommet, secrétaire générale de la CGT Fonction publique, dans les colonnes du quotidien.

La publication de ce rapport intervient alors que le Directeur Général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie a appelé à une réflexion globale pour une « système d’indemnisation des arrêts de travail plus durable financièrement, mais aussi plus équitable« y compris dans le secteur privé. Selon Thomas Fatome, 60% l’augmentation des coûts d’indemnisation des congés de maladie est due à « Un facteur économique et démographique ». « Après, on a 40% qu’on ne sait pas expliquer »a-t-il déclaré mardi sur franceinfo. D’ici la fin de l’année, le Cnam se rapprochera « près de 1 000 entreprises de plus de 200 salariés » qui font face à un absentéisme important.

francetvinfo

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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