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pourquoi la gauche ne désigne-t-elle pas son candidat à Matignon pour les législatives ?

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Jean-Luc Mélenchon, sur le plateau de France 2, mercredi 12 juin 2024, à Paris.  (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Les différents partis du « nouveau Front populaire » n’ont pas décidé qui pourrait diriger le gouvernement en cas de victoire de la gauche dimanche 7 juillet. Plusieurs responsables sont ouvertement candidats, sans qu’il n’y ait de consensus sur leur profil.

Le syndicat de la gauche est actuellement sans leader. Après l’accord de principe sur la création d’un « nouveau front populaire », lundi 10 juin, au lendemain des élections européennes qui ont vu le Rassemblement national recueillir 31,37% des suffrages, les différents partis ont entamé d’intenses négociations en vue des législatives anticipées. élections dimanche 30 juin et 7 juillet. Avec une question en filigrane : qui dirigera cette coalition électorale visant à empêcher l’extrême droite de former un gouvernement de cohabitation ? Autrement dit, qui serait Premier ministre si la gauche gagnait les législatives ?

Pour l’heure, les différents négociateurs assurent qu’ils ne s’étendront pas sur la question de l’incarnation. La date limite des déclarations de candidature dans les 577 circonscriptions étant fixée au dimanche 16 juin, 18 heures, le temps presse pour répartir les candidatures. Jeudi matin, les discussions ont tourné au bras de fer entre le Parti socialiste d’un côté et La France insoumise et Les Ecologistes de l’autre, autour de cette répartition. « C’est irresponsable. Ils s’en fichent de nous. La question qu’on leur pose c’est : ‘Veulent-ils un député RN ou un député PS ? » » a déploré jeudi à midi un élu socialiste, avant que le climat ne s’apaise dans l’après-midi.

L’enjeu est de taille : plus un parti rassemble des circonscriptions « gagnables », plus il a de chances d’élargir son groupe à l’Assemblée nationale et d’influencer la poursuite de la recomposition politique. Surtout, en cas de victoire aux élections législatives, le groupe dominant au soir du 7 juillet aurait le contrôle du nom du Premier ministre. « Nous nous en tiendrons à la formule proposée par Olivier Faure (le premier secrétaire du Parti Socialiste)« a insisté Jean-Luc Mélenchon sur France 2.

« C’est le plus grand groupe parlementaire qui propose. »

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise

sur France 2

L’alliance n’a donc pu désigner aucune personnalité avant le soir du second tour, dimanche 7 juillet. En attendant le verdict des urnes, la question de « Premier ministre » de la gauche est dans toutes les têtes et dans les mots de quelques-uns. « Je m’en sens capable »a ainsi assuré Jean-Luc Mélenchon, qui avait clairement appelé la gauche à l’envoyer à Matignon via Nupes lors des élections législatives de juin 2022. « Je ne m’élimine pas mais je ne m’impose pas »il expliqua.

« En 2022, avec Nupes, la gauche pensait avoir perdu. Il fallait donc se remobiliser avec un chiffre », rappelle le politologue Rémi Lefebvre. Cette année, alors que la majorité et Emmanuel Macron sont politiquement affaiblis en raison des élections européennes et de la dissolution qui a suivi la victoire de l’extrême droite, « l’importance du leader est moins importante »il juge.

Dans un étonnant mimétisme, François Ruffin a utilisé jeudi matin le même terme que le leader de La France insoumise pour évoquer sa possible arrivée à Matignon en cas de victoire de la gauche le 7 juillet.

« Je m’en sens capable. »

François Ruffin, député sortant de la Somme

sur France Bleu

« S’il y a un jour un consensus qui doit aboutir à un nom, je suis prêt à prendre la place que nous voulons pour transformer la vie des gens. Quel que soit le poste que je puisse occuper, si c’est à Matignon comme Premier ministre, pourquoi pas ?a-t-il encore répété sur France Bleu. « Nous sommes plusieurs. Bien sûr, j’en fais partie comme les autres »a également mis en avant Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, sur RTL, à propos des personnalités capables de diriger un gouvernement de gauche.

Les hypothèses vont bon train et les différents responsables qui s’expriment dans les médias se chargent de les commenter. Le cas de Jean-Luc Mélenchon est particulièrement évoqué. L’ancien candidat à la présidentielle n’est pas « disqualifié »a assuré Olivier Faure sur RMC, tandis que d’autres cadres du Parti socialiste ont exprimé leur désaccord. « En aucun cas Jean-Luc Mélenchon ne sera Premier ministre »a déclaré la socialiste Carole Delga dans un communiqué. « C’est impensable », a ajouté le sénateur Rémi Féraud sur Public Sénat. Ce proche d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, appelle Jean-Luc Mélenchon à « Restons le plus loin possible si nous voulons empêcher l’extrême droite de gagner ».

Alors qu’un débat entre Gabriel Attal, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon était envisagé, selon Le Parisienle leader de La France insoumise a décliné l’invitation. « Le ‘nouveau Front populaire’ n’a pas encore désigné son candidat (au lieu de) Premier ministre. C’est aux dirigeants des grands partis de notre coalition de se rendre à ce type de débat »il a déclaré sur le réseau social

Plus qu’un nom, c’est un profil que la gauche tente actuellement d’identifier. Le premier ministre doit « ne soyez pas source de division »quelqu’un « qui est capable de rassembler toute cette gauche et tous ces écologistes »a estimé Clémentine Autain, députée sortante de Seine-Saint-Denis, sur franceinfo. « Nous déciderons d’une candidature qui fasse consensus au sein de cette diversité de gauche et d’écologistes »a-t-elle précisé. « Au vu du rassemblement du Front populaire, une candidature féminine au poste de Premier ministre aurait de nombreux avantages ! a lancé la socialiste Valérie Rabault sur X.

Les différents dirigeants défendent leurs options tout en restant prudents, tandis que la campagne courte doit rassembler des militants habitués à combattre sur le terrain. Il faut aussi et surtout attendre, comme stratégie. « Nous risquons de perdre des électeurs si nous choisissons un Premier ministre. Il vaut mieux ne pas être clair. »estime l’élu socialiste cité plus haut, qui reflète déjà après le deuxième tour : « Si nous avons 80 députés (contre 31 membres et proches aujourd’hui), nous sommes en position de force pour attirer une partie de la macronie et construire nous-mêmes le projet. On redevient central et le Premier ministre peut être Olivier Faure, Boris Vallaud ou quelqu’un d’autre. »

Derrière l’unité affichée du « nouveau Front populaire », les volontés hégémoniques sont loin d’avoir disparu, avec Matignon désormais en vue.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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