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Pour un sport populaire et émancipateur, il faut une grande loi de programmation

Pendant deux mois, la France a vécu au rythme de la compétition sportive. Les Jeux Olympiques et Paralympiques auront marqué avec enthousiasme nos semaines d’été. Il est indéniable que le succès populaire de ces Jeux illustre l’importance que le sport a dans la conscience collective.

Cette étincelle sportive, aussi belle soit-elle, ne doit pas occulter les dysfonctionnements et les errances du sport dans notre pays. On attendait avec impatience une loi d’héritage au second semestre 2024, annoncée par le gouvernement. Ce samedi, lors du défilé des athlètes, le président de la République devait nous en présenter les contours. Mais, comme souvent depuis sept ans, les ambitions se rétrécissent comme du galuchat. Seule annonce tonitruante : la volonté de créer un grand « Journée nationale du sport » sur le modèle du festival de musique. Dans l’absolu, l’idée est bonne, mais cette initiative reste bien insuffisante si l’objectif de notre pays est de devenir une nation sportive.

L’opportunité qui s’offre à nous est historique. Nous pouvons enfin consacrer les ressources et inclure durablement le sport et ses pratiques dans nos politiques publiques.

Nous appelons à une grande loi de programmation sportive pour véritablement consacrer l’héritage des Jeux de Paris 2024

La nation sportive est un horizon souhaitable, à condition qu’elle soit pensée dans l’objectif de démocratiser le sport. Une nation sportive, ce n’est pas seulement la haute performance, comme le souhaite le président de la République. Une nation sportive, c’est le droit au sport pour tous.

Cette feuille de route budgétaire, co-construite avec et pour le monde du sport, doit nous permettre d’affirmer avec force l’objectif d’augmentation des crédits. Nous souhaitons porter les moyens du ministère des Sports à 1% du budget de l’Etat, contre 0,18% aujourd’hui.

Dans une période plus instable que jamais, le sport peut et doit rassembler. Nous proposons des pistes prioritaires pour un sport émancipateur et populaire, accessible partout et par tous.

Inciter et convaincre les gens à pratiquer un sport sur le long terme

Impressionnés par les performances de Léon Marchand, Pauline Ferrand-Prévot et d’autres, de nombreux jeunes expriment leur envie de s’engager ! En suivant les événements, les spectateurs se projettent et se mettent à rêver. La pérennité de l’engagement sportif est intrinsèquement liée à la capacité des clubs à les accueillir. En effet, sans politique volontariste, les personnes les plus éloignées de la pratique sportive le resteront.

Le point de départ de toute démocratisation du sport est de dédier véritablement sa pratique à l’École. Aujourd’hui, le temps effectif moyen d’éducation physique et sportive (EPS) est inférieur à 2 heures. Cette matière fondamentale ne doit pas être une variable d’ajustement dans les programmes. Arrêtons avec la vision hygiéniste du sport de « 30 minutes de sport à l’école »et propose plutôt d’atteindre les 4 heures effectives d’EPS du CP à la Terminale.

Inciter et convaincre les gens à pratiquer, c’est aussi investir dans le sport extrascolaire. Face à la commercialisation croissante et au déclin du bénévolat, il faut soutenir et accompagner massivement le tissu sportif local. Il faut garantir l’accès au sport à tous les jeunes de ce pays.

La lutte contre les VSS dans le sport a été reportée depuis trop longtemps

L’une des priorités affichées dans les déclarations de la ministre sortante était la lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans le sport (VSS). De nombreuses études ont révélé les dérives inhérentes au monde du sport. Il faut tirer les conclusions de la Commission1 dirigée par Marie-George Buffet et Stéphane Diagana et la commission d’enquête sur les défaillances du sport français, dont la députée verte Sabrina Sebaihi était la rapporteure.

La protection des pratiquants doit être une priorité. Nous sommes en 2024, il n’est plus temps de tergiverser sur le traitement des violences et des discriminations. Il faut en finir avec la loi de l’omerta. L’une des réponses est de créer une agence indépendante pour le traitement des VSS dans le sport, signe de confiance envoyé à l’ensemble du monde sportif.

Le parasport et la question des infrastructures, les grands héritages de ces Jeux

L’un des héritages les plus précieux doit être de renforcer le parasport et d’aller vers une société plus inclusive. 48% des personnes en situation de handicap ne pratiquent jamais d’activité physique et sportive. De l’accueil en EPS, au manque d’accessibilité aux infrastructures, les inégalités sont extrêmement présentes. Nous proposons de mieux accompagner les collectivités territoriales dans l’accessibilité de leurs infrastructures et de recruter davantage d’AESH pour permettre aux 430 000 élèves en situation de handicap de suivre des cours de sport.

Enfin, il faut mener un travail de fond sur les infrastructures sportives en France. Selon le rapport de l’INJE2 En 2023, 61% des équipements sportifs ont été mis en service avant 1995, et depuis, seul un tiers a été rénové. Le plan du gouvernement, qui vise 5 000 équipements, est insuffisant. La rénovation des infrastructures est un enjeu majeur pour mieux accueillir les personnes en situation de handicap, encourager les femmes à pratiquer et prendre le virage écologique nécessaire dans le sport.

Nous proposons donc la création d’un fonds de soutien aux collectivités pour déployer un plan « sport durable ». L’idée est de promouvoir le sport, de lutter contre la sédentarité par l’aménagement des espaces publics et d’y associer la question de la durabilité du sport. Ce fonds doit s’accompagner de la création de 10 000 équipements sportifs supplémentaires sur l’ensemble du territoire.

La gauche a toujours suivi la voie d’un sport émancipateur et populaire. Lors des élections législatives, le Nouveau Front Populaire a été la seule force à proposer un programme pour le sport. Aujourd’hui, nous demandons une grande loi de programmation afin de faire perdurer l’esprit des Jeux et d’amorcer une véritable démocratisation de la pratique du sport en France.

Le sport est un creuset de la démocratie. Il rassemble les gens autour d’un objectif commun, forge l’esprit d’équipe et les valeurs de solidarité. C’est donc à nous, politiques, de nous mettre sur la ligne de départ. Les possibilités sont immenses !

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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