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« Plus rien ne marche »… Comment la crise des droits TV met un coup d’arrêt au mercato en France

En attendant un accord avec un diffuseur pour leur championnat, les clubs de Ligue 1 ne peuvent pas investir sur le marché des transferts et pourraient même être contraints de brader certains joueurs.

France Télévisions – Éditorial Sport

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Des cameramen filment le match de Ligue 1 entre l'Olympique Lyonnais et le Clermont Foot 63, le 22 octobre 2023. (Mourad ALLILI/SIPA)

Les jours passent et le brouillard demeure. A moins de deux mois de la reprise du championnat de France, personne ne sait sur quelle chaîne il sera diffusé. L’équilibre économique du football français, déjà précaire, repose en grande partie sur l’attribution des droits TV. Plus de dix jours après l’ouverture du mercato de Ligue 1, en plein Euro, à l’heure où les équipes sont habituellement occupées à chercher des renforts, l’incertitude domine et le recrutement est mis entre parenthèses.

« Il y a eu relativement peu de transferts depuis l’ouverture du marchénote Antoine Feuillet, docteur en économie du sport et maître de conférences à l’université Paris-Saclay. La situation concernant les droits TV freine l’enthousiasme des clubs car ils n’ont aucune visibilité sur leur budget pour l’année prochaine. Une grande partie de leurs revenus est totalement inconnue. » Le PSG est le seul club de Ligue 1 à avoir officialisé une arrivée majeure : celle du gardien russe Matvey Safonov, en provenance de Krasnodar. Pour la majorité des autres groupes, beaucoup plus dépendants des droits de diffusion, c’est le calme plat.

A la même date l’année dernière, on comptait déjà près d’une dizaine d’arrivées officielles. Des joueurs libres (Stijn Spierings, Loïc Nego, Becir Omeragic), mais aussi des acquisitions évaluées à plusieurs millions d’euros : Ibrahim Cissoko à Toulouse, Morgan Guilavogui à Lens, ou encore les options d’achat de Mahdi Camara et Mostafa Mohamed levées par Brest et Nantes.

Vivien André, agent du latéral droit des Bleus Jonathan Clauss (Marseille), confirme la tendance observée : « En effet, il y a plusieurs collègues qui s’appellent et on voit que ça marche assez lentement en ce début de mercato. » Tous les clubs ne sont pas aussi dépendants des droits TV, mais cette manne représente au moins un tiers des revenus de chaque équipe de Ligue 1, et jusqu’à deux tiers pour certains.

 » Généralement, c’est un revenu stable sur plusieurs annéesexplique Antoine Feuillet, auteur d’une thèse sur les droits de retransmission sportive. Là, personne n’est en mesure de dire ce que recevront les clubs. » En attendant de connaître le montant, les équipes tergiversent. Laurent Nicollin, président de Montpellier Hérault et de Foot Unis, le syndicat des clubs professionnels, a résumé dans un entretien avec L’équipe : « Ce n’est pas compliqué. A ce jour, il n’y en a aucun. Donc pour l’instant, il n’y a pas de transferts. »

Certaines formations peinent même à honorer leurs engagements : « Cela ralentit les paiementsconfie notamment Mohamed Amaar, agent de l’international français Youssouf Fofana (Monaco). Nous avons des paiements dus depuis mars, mais les clubs attendent de voir où ils iront. (…) Plus rien ne fonctionne. » La Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) de la Ligue de football professionnel (LFP) se montre indulgente, ayant accepté, dans un courrier daté du 13 mai révélé par L’équipeque les clubs basent leurs projections budgétaires sur leurs revenus télévisuels actuels.

Mais pour de nombreuses équipes, plus que jamais, il faudra suivre le célèbre adage du football français : vendre avant d’acheter. Ce qui n’est pas forcément plus simple, quand les géants européens connaissent cette vulnérabilité financière : « Le fait que la Ligue ait du mal à écouler ses droits, toute l’Europe le saitacquiesce Antoine Feuillet. Évidemment, quand on est un club de Premier League (championnat anglais) et vous traitez avec des clubs de Ligue 1 pour acheter certains joueurs, c’est une manière de négocier à la baisse. D’autant que les clubs français sont déjà obligés de vendre structurellement, même en dehors des périodes de crise. »

Pour ne rien arranger, l’Euro retarde les grandes manœuvres des grandes équipes européennes, et la valse des entraîneurs (Marseille, Lille, Lens, Nice, Reims, Le Havre) n’est pas encore terminée. « Les heures passent sans aucune nouvelledit Vivien André. Il y a peut-être l’impact des droits TV et de l’Euro cumulé, qui fait que le mercato, à mon avis, n’a pas vraiment commencé. »

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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