Paris 2024 : tous les répits sont bons à prendre – La chronique olympique d’Aya Cissoko – 28 juillet 2024
« Miroir, miroir, qui est la plus belle de toutes ? » Vendredi soir, la France était la plus belle ! La cérémonie des Jeux était grandiose. Un savant équilibre entre tradition et modernité, entre les différents arts, les générations, les sexes, les origines ethniques… La France est belle quand elle assume son histoire. Quand elle se pare de ses plus beaux atours. Hier, la France était resplendissante. Mais on redoute la fin de la trêve. On redoute la sonnerie de minuit.
Par expérience, nous savons que ce pays a un talent indéniable pour se mettre en scène quand le monde nous regarde. Il faut entretenir le mythe de la France comme terre d’accueil. Un refuge pour les opprimés de ce monde. Un pays des droits de l’homme. De la liberté. Nous qui vous côtoyons tous les jours, nous savons que le temps était suspendu, superficiellement. Le président l’a annoncé : une trêve politique. Une fois les lumières éteintes, les affaires reprendront comme d’habitude.
On n’oublie pas ! Et on attend la prochaine grenade pour dégoupiller quand le monde aura tourné le dos. Alors on sait, on reste en alerte. Et même si on voulait oublier et profiter pleinement du spectacle, notre corps s’en souvient. Symptôme post-traumatique d’une dissolution qu’on n’a pas vu venir. On venait à peine de se remettre du score de l’extrême droite aux élections européennes que la menace de son accession au pouvoir en France se profilait.
Un mois entier à vivre en apnée. Assurer le quotidien tout en tentant d’ignorer ce bruit de fond, le bruit des bottes, la peur de la peste brune. S’inquiéter pour nos enfants dont les visages ne correspondent pas aux critères d’une France qui se voit blanche. Malgré le faste de cette cérémonie, nous n’oublions pas que, pour au moins 10 millions de Français, nous sommes des figurants. Nombre d’entre eux nous ont rappelé bruyamment notre obsolescence programmée.
Les Jeux olympiques prendront fin et, avec eux, la trêve politique. Nous retrouverons notre condition de prolétaires. Mais la lutte reprendra pour dénoncer l’imposture politique qu’est celle du « ni, ni ». L’absence de choix est déjà un choix. Elle privilégie le statu quo. Comment pourrions-nous nous contenter de celui qui s’assoit arbitrairement sur notre dos et dont nous portons le poids ? Nos vies ne sont pas des variables d’ajustement.
L’avenir de nos enfants l’est encore moins. Notre dignité collective n’est pas négociable ! Toute trêve est bonne à prendre. Elle ne dure jamais ! Mais je garde un doux souvenir de cette grande soirée. Aya Nakamura chantant accompagnée par la Garde Républicaine, c’était quelque chose !
Avant de partir, une dernière chose…
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