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L’inquiétante montée en puissance maritime de la Chine, nouveau géant des mers

Une image satellite du porte-avions

Ce devait être un casino flottant. L’entreprise de Macao qui avait déboursé 19 millions d’euros pour l’acheter l’avait promis. Le porte-avions, construit en Ukraine pour la Russie et vendu à la Chine en 2000, n’a jamais emporté de roulettes ni de machines à sous. Renommé Liaoning, il devient le premier navire de ce type pour la marine chinoise. Sa mise en service en 2012 a confirmé la montée en compétence du chantier naval de la province qui lui a donné son nom. Elle a également fait taire tous ceux qui jugeaient les Chinois incapables d’armer ce type de bateau.

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Vus des Etats-Unis, les 60 000 tonnes de Liaoning je n’ai rien de très « diplomatique », selon le terme utilisé par l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger (1923-2023) pour qualifier ce type de navire. L’évolution de la flotte de l’Armée populaire de libération est suivie de près par Washington. En termes de nombre de porte-avions en service, les Américains conservent l’avantage : ils en possèdent onze.

Les Chinois ont cependant fait un bond considérable avec leur troisième navire, le Fujian, lancé en 2022 et actuellement en phase de test. Long de 316 mètres, il est équipé de catapultes électromagnétiques de même technologie que celles qui équiperont le successeur du Charles de Gaulle. En attendant, le Fujian est le deuxième porte-avions au monde équipé de ce système, après l’USS Gérald Ford.

Bâtiments militaires XXL

Au-delà de la croissance continue de la flotte chinoise, les investissements réalisés par Pékin dans les infrastructures liées à la marine commencent à inquiéter les Américains et leurs alliés. En Afrique, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, des milliards de yuans sont investis dans les ports, les réseaux 5G, les activités spatiales à applications civiles et militaires. La générale américaine Laura Richardson a exprimé son inquiétude à ce sujet en mars devant la commission de la défense de la Chambre des représentants : « La Chine met en œuvre notre stratégie consistant à être économiquement présente et à équiper militairement nos voisins. »

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La Chine a investi dans une quarantaine de projets portuaires, des Bahamas jusqu’à la pointe de l’Amérique du Sud, en passant par les deux entrées du canal de Panama. L’un des plus emblématiques reste le mégaport construit pour 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) à Chancay, au Pérou, à 75 kilomètres de Lima. Il est destiné à accueillir des conteneurs géants, voire des bâtiments militaires XXL comme des porte-avions.

La Chine possède également déjà six sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire et six sous-marins nucléaires lance-missiles. « L’eau est le meilleur isolant qui soit. Tout ce qui est submergé est difficile à retracer. », explique Clément Galic, co-fondateur d’Unseenlabs, une start-up française qui a lancé treize satellites dans l’espace pour identifier l’activité dans les océans. Sous l’eau, la Chine devrait disposer de soixante-cinq unités d’ici 2025 et de quatre-vingts d’ici 2035.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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