Divertissement

Paolo Sorrentino revient sur le tapis rouge avec un film d’une beauté céleste sur le temps qui passe, Naples en cadeau

Le dernier film du réalisateur italien, en compétition en Compétition officielle, a été présenté mardi soir au Festival de Cannes. Un film accueilli avec enthousiasme par le public.

France Télévisions – Culture Edito

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"Parthénope"de Paulo Sorrentino, présenté en compétition au Festival de Cannes 2024 le 21 mai 2024. (GIANNI FIORITO)

1950. Une petite fille naît dans la mer, au pied du palais familial. Elle s’appelle Parthénope, comme la sirène grecque, dont la légende est étroitement liée à la ville de Naples. Dans sa chambre, une calèche l’attend, ramenée de Versailles par son parrain pour lui servir de lit.

Parthénope devient une belle jeune fille (Celeste Dalla Porta), qui suscite le désir de tous, y compris celui de son frère aîné Raimondo. Sandrino, l’ami d’enfance, a toujours été follement amoureux de Parthénope, qui se laisse aimer. Un moment durant lequel elle se laisse distraire de ce frère que tout le monde s’accorde à qualifier de « fragile ». Jusqu’au drame.

Le directeur de La Grande Bellezza, Oscar du meilleur film étranger en 2014, est un habitué du Festival de Cannes. Avec Parthénope Son dixième long-métrage présenté mardi 21 mai sur la Croisette, il est pour la septième fois en compétition officielle, sans jamais avoir remporté la Palme.

Le dernier film de Paolo Sarrentino propose une réflexion sur la jeunesse, cette période faite de désirs et de confusions, et sur ce temps qui passe, et qui ne reviendra pas.« C’est la grande épopée de la jeunesse, avec ses désirs, cette vie pleine de rêves et de promesses », » a confié le réalisateur à franceinfo mardi quelques heures avant la présentation officielle du film.

Une fois le temps passé, le temps des désillusions arrivé, Parthénope se concentre sur ses études, et sur sa soif de connaissances, incarnées par le vieil écrivain désespéré John Cheever, interprété par Gary Oldman, et par son professeur. universitaire, avec qui elle noue une relation quasi filiale, partageant une douleur secrète.

Parthénope finit par quitter Naples. On la retrouve bien des années plus tard, cette fois interprétée par la merveilleuse actrice italienne Stefania Sandrelli. Elle a pris sa retraite et retourne à Naples. On sort du film avec l’image de cette vieille dame dansant d’un pied sur l’autre, une glace à la main, émerveillée comme une enfant devant le spectacle d’un camion-bateau transportant la jubilation d’un groupe de supporters de football. « Pour moi, le miracle continue à m’émerveiller. Plus on vieillit, plus c’est difficile et rare, alors quand ça arrive, ça devient vraiment un miracle. »a déclaré le réalisateur à franceinfo Culture.

Le réalisateur filme Naples vue de la mer, comme une ville inaccessible, ses habitants comme des figurants à la plasticité parfaite, que l’on voit dans des travellings au ralenti saisissant. Comme si la vie en dehors du microcosme du Parthénope s’était arrêtée.

Extrait de film

Extrait de « Parthénope », de Paolo Sorrentino
Extrait de film
(Chemin)

Le grand réalisateur italien, connu pour ses productions rythmées comme les clips, et ses longs métrages souvent empreints d’ironie sur son pays et sa politique, propose ici un film bien plus contemplatif, presque métaphysique.

Dans une mise en scène parfaitement orchestrée, où chaque plan est travaillé comme un tableau animé, Paolo Sorrentino nous invite à observer au plus près les effets du temps qui passe, avec une mise en scène entièrement centrée sur le sujet, reléguant tout le reste, tout le contexte, dans le flou, même hors champ.

« Je vois la beauté partout. Partout et en tout, tout le temps, c’est mon problème », Paolo Sorrentino a déclaré à franceinfo Culture.

« Qu’est-ce que l’anthropologie ? » Cette question de Parthénope chante le film. « L’anthropologie voit, quand tout le reste manque »finira par lâcher le vieux professeur. « Billy Wilder était anthropologue », avait déclaré plus tôt le facétieux professeur, en guise d’allusion, glissant l’idée que le cinéma pourrait être une forme d’anthropologie.

Complètement déconnecté du monde contemporain, telle une bulle en orbite de conflits et de mouvements qui secouent la planète, le dernier film du cinéaste italien propose, dans une sélection cannoise par ailleurs très habitée par les questions politiques et sociétales actuelles, une parenthèse de beauté et réflexion presque métaphysique, totalement épurée, sur la condition humaine. Un film qui pourrait enfin lui valoir la Palme.

Genre : Drame
Directeur: Paolo Sorrentin
Acteurs: Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman
Pays : Italie
Durée
: 2h16 min
Sortie :
2024
Distributeur :
Pathé
Synopsis : La vie de Parthénope depuis sa naissance dans les années 1950 jusqu’à nos jours. Une épopée féminine dénuée d’héroïsme mais amoureuse de liberté, de Naples et d’amour. Les amours vrais, indicibles ou éphémères qui vous condamnent à la douleur mais vous font recommencer. L’été parfait à Capri pour une jeunesse insouciante malgré un horizon désespéré. Autour du Parthénope, les Napolitains. Scruté, aimé, désillusionné et plein de vie, que l’on suit dans leurs dérives mélancoliques, leurs ironies tragiques et leurs moments de découragement. La vie peut être très longue, mémorable ou ordinaire. Le passage du temps offre tout le répertoire des sentiments. Et là, en arrière-plan, proche et lointain, cette ville indéfinissable, Naples, qui envoûte, enchante, crie, rit et peut nous blesser.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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