Les grandes banques d’investissement françaises détendent une nouvelle fois les cordes du marché boursier à un niveau jamais vu depuis dix ans. En 2023, le nombre de banquiers payés plus d’1 million d’euros a atteint un niveau inédit chez BNP Paribas et Société Générale, après un record déjà enregistré l’année précédente.
Le groupe bancaire dirigé par Jean-Laurent Bonnafé compte 376 financiers, soit sept de plus qu’au pic de 2022, selon le dernier rapport sur les rémunérations de la banque. C’est deux fois et demie le nombre de bénéficiaires au début de la décennie.
En France, le nombre de millionnaires a légèrement diminué, à environ 65 banquiers (contre 67 l’année précédente), même s’il représente le double d’il y a dix ans. Au sein de la banque, la majorité de ces traders et autres banquiers d’affaires travaillent à l’étranger, notamment à Londres et à New York.
Des résultats contrastés
Cette progression générale au classement de la première banque de la zone euro reflète la performance de sa banque d’investissement. Les activités de marché ont marqué un repli, entraînant une baisse des bonus, mais les revenus générés par les équipes d’émission d’actions, de M&A et de financement (Global Banking) ont augmenté de 12,4%, à 5,8 milliards d’euros, notamment en Europe et sur le continent américain.
A la Société Générale également, le nombre de banquiers millionnaires a atteint un nouveau sommet. Ils sont 147 au total à toucher plus d’un million d’euros (soit trois de plus qu’en 2022), contre 109 au début de la décennie. C’est bien moins que chez BNP Paribas.
En revanche, la banque dirigée par Slawomir Krupa compte cette année encore plus de millionnaires en France que sa grande rivale (72). Le successeur de Frédéric Oudéa a mis en place l’année dernière sa nouvelle gouvernance.
Les résultats des banques d’investissement ont été solides mais atones. Les revenus ont diminué de 4,6%, à 9,6 milliards d’euros, après une année 2022 record, en raison de conditions moins favorables sur les marchés des taux d’intérêt. Les métiers actions ont enregistré un fort rebond en fin d’année, avec un niveau proche des records historiques, à 765 millions d’euros au dernier trimestre (+18,22%).
Chez Natixis, filiale de BPCE, les banquiers millionnaires sont également plus nombreux (35 contre 31 en 2022). Les revenus de ses activités de banque de grande clientèle se sont globalement bien comportés, en hausse de 7 %, à 4 milliards d’euros. Ses activités de marché ont progressé de 2 %. La dynamique des boutiques M&A du réseau, notamment à Londres, en Australie et aux Etats-Unis, est forte, en hausse de 13% (319 millions d’euros).
Reste qu’à elles deux et cumulées (558), les trois banques d’investissement françaises n’atteignent même pas le nombre de financiers millionnaires de Barclays. La banque britannique compte à elle seule 668 banquiers millionnaires, 49 de plus en un an et un nombre record sur la décennie.
Barclays plus généreux
Toutefois, Barclays a vu son bénéfice net chuter de 15% l’an dernier, à 4,3 milliards de livres, et les revenus de sa banque d’investissement ont chuté de 4%, à 12,6 milliards de livres, en raison d’une moindre activité de ses clients. Le groupe, qui a supprimé 5 000 postes l’an dernier, a engagé un plan de restructuration massif.
L’autre poids lourd européen de la banque d’investissement et l’une des banques les plus généreuses envers ses banquiers lors de ses difficultés, Deutsche Bank, a au contraire considérablement réduit sa taille l’an dernier. Dans ses rangs, ils sont 67 de moins à prétendre à une rémunération supérieure à 1 million d’euros, soit 505 au total. C’est même le chiffre le plus bas depuis 2016.
