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nous vous expliquons la répartition des pouvoirs en cas de concubinage

En choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron s’expose au risque de devoir cohabiter avec un Premier ministre issu de l’opposition après les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.

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Le Palais de l'Elysée le 16 février 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

La dernière remonte à plus de vingt ans. L’organisation d’élections législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet, laisse entrevoir la perspective d’une cohabitation entre un Président de la République et un Premier ministre de bords politiques opposés. Si un tel scénario s’est déjà produit à trois reprises sous la Ve République, sans avoir provoqué de crise majeure, deux réformes ont été adoptées, en 2000 et 2001, pour limiter le risque d’entraver l’efficacité du gouvernement. Le passage à un quinquennat et le fait que l’élection présidentielle précède de peu l’élection des députés étaient censés réduire les risques d’une quatrième cohabitation.

Réduisez, mais ne supprimez pas. Car l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale d’Emmanuel Macron a fait voler en éclat ce projet. En modifiant le calendrier électoral, le Président de la République s’expose à la possibilité de ne pas obtenir de majorité. Toutefois, le chef de l’État aura l’obligation de nommer un Premier ministre issu du parti qui a remporté les élections. Au vu des résultats des élections européennes, la possibilité que ces élections législatives anticipées aboutissent à une cohabitation est dans toutes les têtes. Mais comment fonctionnent les institutions avec un chef de l’Etat et un chef du gouvernement qui n’appartiennent pas au même parti ? Franceinfo explique comment seront répartis les pouvoirs en cas de défaite du parti présidentiel aux législatives.

Les pouvoirs du Premier ministre sont étendus

En période de cohabitation, on assiste « un effacement temporaire de la fonction présidentielle au profit du Premier ministre », écrit le site Vie-publique.fr. C’est en effet la seule période où l’article 20 de la Constitution est appliqué « à la lettre »selon le Conseil constitutionnel. « Le Premier ministre dirige l’action du gouvernement »lequel « détermine et conduit la politique de la nation »préciser les articles 20 et 21. La ligne politique de l’exécutif serait donc davantage déterminée par le chef du gouvernement, soutenu par la majorité parlementaire dont il est issu, que par le chef de l’Etat.

L’article 39 de la Constitution précise notamment que « l’initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre et aux parlementaires ». Un texte juridique sur lequel s’est appuyé Jacques Chirac à son arrivée à Matignon en 1986, lorsque François Mitterrand était président. Dès le début de cette première cohabitation de la Ve République, le Premier ministre a mis en œuvre son programme, en votant les privatisations, la réforme électorale et la réforme de l’audiovisuel. Eans le pouvoir de régulation, le chef du gouvernement est chargé de faire respecter les lois et de diriger la procédure parlementaire.

Une tâche pour laquelle il est accompagné de son gouvernement, dont la composition relève en grande partie de sa responsabilité. Aux termes de l’article 8 de la Constitution, le Président « nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions »mais, seulement « sur proposition du Premier ministre ». Ainsi, la loi prévoit que les noms des ministres sont choisis par le Premier ministre et nommés uniquement par le Président. Encore plus en période de cohabitation. Dans la pratique, certaines nuances ont été observées dans le passé et le président a la possibilité d’opposer son veto à certains postes : François Mitterrand avait refusé en 1986 plusieurs noms proposés par Jacques Chirac pour des portefeuilles souverains.

Le président peut s’opposer partiellement au gouvernement

En cas de cohabitation, le chef de l’Etat n’est pas privé de tous ses pouvoirs. Par exemple, le Président de la République reste le seul habilité à signer des décrets et des arrêtés en Conseil des ministres. Cela lui donne la possibilité de bloquer un gouvernement d’opposition, au moins temporairement. François Mitterrand y a eu recours en 1986, raconte Vie-publique.fr, en refusant de signer les arrêtés de dénationalisation que lui soumettait le gouvernement de Jacques Chirac. Mais il s’agit avant tout d’un blocage symbolique, car le Premier ministre peut transformer une ordonnance en projet de loi et la faire ensuite adopter par l’Assemblée nationale.

Si la cohabitation limite le champ d’action du chef de l’Etat, celui-ci n’en reste pas moins doté de pouvoirs propres, énumérés à l’article 19 de la Constitution. Il peut les exercer seul, sans son Premier ministre ni aucun membre du gouvernement. Parmi ces prérogatives purement souveraines, il y a la possibilité de soumettre un projet de loi à référendum, la nomination de trois membres du Conseil constitutionnel et de son président ou encore l’exercice de pouvoirs exceptionnels. Surtout, le président peut prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale, ce qui met arbitrairement fin au mandat des députés. Il doit cependant attendre au moins un an entre chaque dissolution.

La Ve République reste un régime caractérisé par « un exécutif renforcé », selon le Conseil constitutionnel. Le locataire de l’Elysée n’est soumis à aucun devoir de réserve, il peut tout à fait utiliser la tribune que lui donne sa fonction pour s’exprimer sur la ligne politique de son Premier ministre. En 1997, Jacques Chirac, alors chef de l’Etat, profite par exemple de la traditionnelle intervention présidentielle du 14 juillet pour fustiger la politique de son Premier ministre, le socialiste Lionel Jospin.

L’Elysée et Matignon partagent la politique étrangère

Le président de la République a beau être le chef des forces armées, détenir le pouvoir de négocier des traités et la possibilité de recourir à la force nucléaire, l’action en matière de politique étrangère ne relève pas de la seule compétence du chef de l’État. Si l’article 52 précise que« il négocie et ratifie les traités »rien dans la loi suprême ne prévoit l’existence de« un domaine réservé »surtout depuis que Le gouvernement dispose également de prérogatives constitutionnelles dans ces domaines. Par exemple, le premier ministre est « responsable de la défense national » et le gouvernement « a l’administration et la force armée »conformément à l’article 20 de la Constitution.

Lmaître de conférences en droit public Anne-Charlène Bezzina explique donc à l’AFP qu’il est plus pertinent de parler de « domaine partagé ». LLa Constitution française ne règle pas clairement en cas de cohabitation sur le partage des compétences en matière de politique étrangère et de défense. « Le rôle du Président de la République est essentiellement un rôle de représentation.analyse Thomas Perroud, professeur de droit public, sur Mediapart, avant de préciser que« jeIl ne peut s’engager que sur ce qui a été décidé en amont. » de cohabitation. Il Il appartient alors au chef de l’Etat de trouver un compromis avec le chef du gouvernement pour ne pas paralyser la France sur le plan international.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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