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Northvolt : 710 millions de dollars d’argent public en jeu

Savez-vous combien d’argent public québécois a réellement été injecté dans l’aventure Northvolt jusqu’à maintenant? Réponse : la somme totale de 710 millions de dollars.

Il s’agit notamment d’un prêt garanti par le gouvernement de 240 millions de dollars pour l’achat du vaste site de 18,5 millions de pieds carrés situé à McMasterville et à Saint-Basile-le-Grand.

À cela s’ajoutent deux participations dans une débenture convertible en actions de la société mère suédoise Northvolt AB, dont une de 270 millions $ provenant du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et une autre de 200 millions $ provenant de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Comme on le sait, malgré l’appui alléchant des gouvernements Legault et Trudeau, la centrale québécoise Northvolt Six n’a pas été construite, loin de là.

En raison des graves difficultés financières de la société mère, la multinationale suédoise Northvolt AB, la concrétisation du projet de construction de leur usine québécoise de fabrication entièrement intégrée de batteries (avec la fabrication de matière active cathodique sur place, la production de batteries et le recyclage) suscite de grandes inquiétudes. Au point où l’on se demande si le projet sera réellement réalisé !

NOS BALLES RISQUÉES

La question : si l’usine de batteries Northvolt ne voit pas le jour au Québec, qu’adviendra-t-il de notre investissement de 710 millions de dollars?

J’imagine que le Québec pourrait éventuellement mettre la main sur les vastes terres que Northvolt s’est empressé de déboiser avant la récente annonce de la restructuration financière de la multinationale suédoise.

Quant aux deux participations dans l’actionnariat de Northvolt AB, puisqu’elles sont liées à la société mère et non à l’usine « Québec », leur valeur boursière est dépendante de la restructuration financière de la société mère.

Une fois les transactions finalisées, Northvolt était valorisée à environ 11,3 milliards de dollars. L’entreprise prévoyait d’entrer en bourse l’été dernier.

Aujourd’hui, avec tous les problèmes financiers que connaît la multinationale suédoise, ce n’est certainement pas demain matin qu’elle fera ses débuts en bourse.

VALEUR ACTUELLE

Une chose est sûre: les investisseurs, comme le gouvernement du Québec et la Caisse, qui ont participé aux placements privés, se retrouvent probablement aujourd’hui avec une valeur papier nettement inférieure au montant de l’investissement initial réalisé l’automne dernier.

S’agissant d’une entreprise privée, il est malheureusement impossible de suivre publiquement l’évolution de la valeur de l’action de Northvolt AB. L’automne dernier, l’entreprise était valorisée à un peu plus de 11 milliards de dollars.

Depuis 2016, Northvolt a levé environ 15 milliards de dollars en financement par capitaux propres et par prêts.

GRANDE INQUIÉTUDE

La grande inquiétude du moment ? En pleine tourmente financière, Northvolt AB voit ses créanciers évaluer actuellement leurs options.

En effet, selon Bloomberg, les graves problèmes financiers de la multinationale Northvolt ont poussé ses créanciers à recourir aux services de la banque new-yorkaise PJT Partners afin d’« évaluer les options » possibles en vue de remettre l’entreprise sur la bonne voie financière.

L’entreprise va-t-elle être restructurée ? Un nouveau tour de financement va-t-il être lancé ? Tous les scénarios sont sur la table.

Pour nous, Québécois, la question importante est : l’usine Northvolt Six Québec sera-t-elle vraiment construite ?

Je ne veux pas jouer les prophètes de malheur, mais avouons qu’au vu des difficultés financières de la maison mère, cela n’augure rien de bon pour nous !

Cela dit, l’ancien ministre Pierre Fitzgibbon, un « génie des transactions financières » selon François Legault, avait-il bien évalué les chances de succès du projet Northvolt Six de la multinationale suédoise ? Peut-être aurait-il dû consulter le gouvernement ontarien, qui semble connaître du succès avec ses nouvelles usines de batteries !

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