Nikola Karabatic, un dernier avec le PSG pour devenir encore plus légendaire
HISTOIRE – Après plus de vingt ans de carrière, Nikola Karabatic tire sa révérence avec le PSG Handball ce vendredi soir. En cas de succès face à Aix-en Provence, la légende française du handball remporterait son 22e titre de champion en 23 saisons professionnelles. Retour sur les cinq saisons marquantes de sa carrière en club.
2002-2003 : un triplé pour débuter avec Montpellier
Le destin triomphal de Nikola Karabatic n’a pas tardé. Dès sa première saison professionnelle, le Franco-Serbe réalise le triplé. Pas encore la vingtaine, il remporte le championnat, la Coupe de France et (déjà) sa première Ligue des champions avec le Montpellier Handball en 2003. Lors du match aller de la finale, contre Pampelune, c’est la jeune « Kara » qui se démarque avec ses 11 buts inscrits sur les 19 inscrits par le MHB. « Je n’avais pas commencé la réunion et quand Patrice (NDLR : Canayer, entraîneur du club montpelliérain) m’a amené, j’ai marqué une série de buts. J’avais l’impression que quelqu’un veillait sur moi et m’accompagnait. »il s’est glissé à Ouest-France en 2020. Une performance qui permet aux Héraultais de ne pas trop sombrer et d’y croire pour le match retour, malgré huit buts de retard (27-19).
Karabatic, Guigou, Dinart et ses autres coéquipiers montpelliérains »mettre leur cerveau de côté » et renversé cette finale face au Portland San Antonio de Pamplona, emmené par… Jackson Richardson, la star de l’équipe de France. Montpellier s’impose 31-19 et remporte son premier titre européen. L’entraîneur du MHB, Patrice Canayer – qui prend également sa retraite cette année – se souvient de ce qui a renversé la vapeur lors de la double confrontation. « Ils nous ont manqué de respect dans la semaine entre les deux rencontres. Ils avaient la Coupe à domicile et ils ont eu la bonne idée de demander à l’EHF (NDLR : Confédération européenne) s’il fallait la ramener à Montpellier. Il ne faut absolument pas faire ça dans ce genre de match. Cela a fonctionné sur notre fierté et notre fierté !
2006-2007 : avec Omeyer, il emmène Kiel sur le toit de l’Europe
Celui qui a donné la première Ligue des Champions de l’histoire de Montpellier va récidiver. Traversant le Rhin, à Kiel, en 2005, c’est deux ans plus tard qu’il se fait véritablement un nom à l’étranger. Vainqueur de la Bundesliga – dont il a été élu meilleur joueur – aux côtés de son collègue en Bleu, Thierry Omeyer, il a inscrit 89 buts pour devenir le meilleur buteur de la Ligue des champions avant d’en marquer huit en finale et d’offrir un premier titre en Ligue des champions EHF au club du nord de l’Allemagne.
« Quand je suis arrivé à Kiel, Nikola était encore jeune, mais il avait déjà cette « brutalité » dans son jeu, cette folie en main. se souvient de son ancien coéquipier, désormais entraîneur de la même équipe, Filip Jicha pour L’Équipe. Le club allemand a d’ailleurs rendu hommage à la légende du handball français lors de son passage, fin 2023, avec le PSG. Le jeune quadragénaire se souvient que son séjour en Allemagne a été déterminant pour sa progression. « Jouer dans le meilleur championnat du monde, avec les meilleurs joueurs, réussir à être le meilleur de leur championnat m’a renforcé. Par la suite, j’ai pu réaliser cet apprentissage dans d’autres clubs.
2012-2013 : une affaire de paris sportifs qui ternit sa carrière
Si la carrière du quadruple champion du monde avec les Bleus était proche d’atteindre les étoiles, elle a été entachée par un pépin extra-sportif majeur au début des années 2010. De retour au MHB, Nikola était accusé d’avoir participé, avec son frère Luka et d’autres coéquipiers, à des paris sportifs sur le résultat, pendant la trêve, d’un match du club montpelliérain, contre Cessson, en mai 2012. »Cet épisode fait partie de mon histoire. Je pense parfois que je ne serais peut-être pas là aujourd’hui sans cela. Je suis fier d’être resté debout et de ne pas éprouver de ressentiment”a-t-il admis au Monde.
Une affaire qui mettra fin à son histoire avec le MHB. Il démissionne début 2013 et, à la surprise générale, rebondit à une centaine de kilomètres. Il rejoint, avec son frère Luka, le Club Pays d’Aix Université (PAUC). Un séisme sur la planète handball, puisque le club aixois venait à peine de monter en première division. Après 134 buts en 22 matches (environ 6 par match), il maintient le club des Bouches-du-Rhône en D1 et s’apprête à quitter à nouveau la France. Il quitte le championnat national suite à un épisode malheureux, qui l’éloigne de son club formateur. Lors de son retour à Montpellier avec le PSG cette saison, aucun hommage ne lui a été rendu. « On ne peut pas célébrer plus de dix ans après un joueur ayant fait partie d’un groupe mettant le club en danger. Nous devons protéger l’institution et rester cohérents avec notre histoire”a justifié Julien Deljarry, président du MHB, dans les colonnes de L’Équipe.
2014-2015 : la saison parfaite avec le FC Barcelone
Le rebond parfait, il l’a trouvé à Barcelone. Jouant sans trop de pression dès sa première saison, il retrouve un excellent niveau de jeu et se rassure en Catalogne. S’il a remporté quatre titres nationaux en 2014 (championnat, Supercoupe et les deux coupes nationales) – grâce notamment à la crise économique en Espagne qui a provoqué la disparition des grands rivaux catalans comme Portland San Antonio Pamplona, Teka Santander ou BM Ciudad Real – c’est l’année suivante qu’il entre dans l’histoire du club. Le triple meilleur joueur du monde en 2007, 2014 et 2016 a connu le succès dans les mêmes compétitions nationales avec, en prime, une troisième Ligue des Champions à son actif. Meilleur buteur en demi-finale, puis en finale face à Vezprem, « NK22 » a été élu MVP de la compétition et meilleur arrière gauche.
« Quand j’étais petit, deux clubs me faisaient rêver : Barcelone et Kiel. C’est pour moi une immense fierté d’avoir pu jouer pour ces deux mythes, marquant un peu leur histoire. Ces deux années où nous avons tout gagné en valent dix pour moi. » » a proclamé la légende du handball français avant de revenir dans le championnat de France. Après près de 400 buts en deux ans, il signe avec l’ambitieux Paris Saint-Germain, où il retrouve son frère Luka et son ami Omeyer. L’objectif est clair : faire grandir le club et l’aider à remporter sa première Ligue des Champions. Un peu comme Zlatan Ibrahimović, également d’origine balkanique, et arrivé trois ans plus tôt dans la section football du club de la capitale française. Aucun des deux personnages emblématiques n’aura finalement réussi son pari.
2023-2024 : Une dernière danse à ne pas manquer avec le PSG ?
S’il n’a pas remporté l’ultime Graal avec le Paris Saint-Germain, éliminé par le FC Barcelone, en quarts de finale cette saison, il a poursuivi une carrière en club quasi parfaite sur le plan national. Hormis la demi-saison passée à Aix, le Franco-Serbe a remporté 21 titres de champion en 22 saisons professionnelles ! Ce vendredi soir, pour sa dernière danse avant probablement de participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024, il peut remporter un neuvième et dernier titre avec le PSG Handball. Clin d’œil à l’Histoire, le club parisien a besoin d’une victoire contre le PAUC, son ancien club, pour s’assurer du titre de champion de France. Tout résultat autre qu’une victoire pourrait profiter au HBC Nantes. Le club nantais, deuxième avec un point de retard, espère un faux pas des Parisiens pour remporter son premier sacre.
Le succès de la finale de « Kara » n’est pas assuré, même si le PSG Handball quittera sa salle traditionnelle, Coubertin, pour s’installer à l’Accor Hôtel Arena. La LiquiMoly Starligue réalisera d’ailleurs la meilleure fréquentation de son histoire. 15 000 personnes sont attendues ce vendredi soir pour voir la légende française du handball porter pour la dernière fois le maillot du PSG. « Je suis très honoré, très ému de pouvoir jouer mon dernier match sous les couleurs du PSG, à Paris, à l’Accor Arena. C’est une salle mythique du handball français, j’y garde de très bons souvenirs. » admet le triple champion olympique. Une page va définitivement être tournée et le handball français sera bientôt orphelin de sa plus grande légende.