N’Golo Kanté en vétéran surprise d’une équipe jeune – Libération
Le sélectionneur de l’équipe de France de football a dévoilé ce jeudi 16 mai au soir sa liste de joueurs appelés à disputer le prochain Euro, du 14 juin au 14 juillet en Allemagne.
Une tradition française. Pendant que nos voisins rivalisent d’imagination, d’astuce ou encore de sobriété pour annoncer la liste des sélectionnés pour les compétitions internationales, l’entraîneur Didier Deschamps s’est sacrifié ce jeudi 16 mai au rite du bon vieux TF1 JT, diffuseur des matchs des Bleus, pour annoncer les vingt-cinq titulaires du Championnat d’Europe allemand, du 14 juin au 14 juillet. Un exercice formel, à l’ancienne, que Deschamps a néanmoins mené avec enthousiasme, insistant à juste titre sur «la jeunesse de (son) groupe» et le fait que huit des dix premières sélections du classement Fifa sont européennes, donc très présentes lors de la compétition à venir.
La vérité date limite, imposé par le règlement, c’est le soir du 7 juin : des changements seront possibles, voire inévitables compte tenu des blessures à venir. Le premier tour des Bleus est coton : Autriche, Pays-Bas et Pologne, dans cet ordre. Le Luxembourg et le Canada, en matchs amicaux les 5 et 9 juin, permettront aux Bleus de s’installer avant la compétition. Bilan des effectifs.
Gardiens. Mike Maignan (AC Milan), Brice Samba (Lens), Alphonse Areola (West Ham).
Troisième phase finale pour Areola après 2018 et 2022 : il n’a pas joué une minute, ne jouera plus en Allemagne et ne s’offusquera pas, condition sine qua non de sa présence dans le groupe. La chasuble d’entraînement fluo, les blocs qu’on bouge, l’enthousiasme social… un agent de la Direction Départementale des Territoires (l’ancienne DDE) plutôt qu’un gardien de but.
Défenseurs. Jonathan Clauss (Olympique de Marseille), Jules Koundé (FC Barcelone), William Saliba (Arsenal), Benjamin Pavard (Inter Milan), Dayot Upamecano (Bayern Munich), Ibrahima Konaté (Liverpool), Théo Hernandez (AC Milan), Ferland Mendy (Real Madrid).
Où l’on retrouve Ferland Mendy, seulement neuf sélections à 28 ans alors qu’il évolue bien dans le meilleur club de la planète. Et boudé par le sélectionneur depuis septembre 2022 et un naufrage collectif au Danemark (0-2) qui aurait tout aussi bien pu en emporter d’autres, Eduardo Camavinga par exemple. Quelque chose n’a pas plu à Deschamps, il faut sans doute chercher ce quelque chose ailleurs que sur le terrain (l’attitude par exemple) mais voilà : Lucas Hernandez est de nouveau blessé et les alternatives au poste d’arrière gauche sont rares, ce qui mécaniquement pousse Mendy dans le groupe pour épauler l’autre Hernandez, Théo.
Qualifié pour « il vaut mieux rester au monde quand tout va bien» par son entraîneur au Real Carlo Ancelotti, assez mystérieux là-dessus, Mendy est un joueur coriace, résistant, plus fort défensivement que ses concurrents pour le poste en sélection. Le genre de beauté que Deschamps aime. C’est au Madrilène de saisir la nouvelle chance qui s’offre à lui.
Environnements. Warren Zaire-Emery (Paris-SG), Aurélien Tchouaméni et Eduardo Camavinga (Real Madrid), Adrien Rabiot (Juventus Turin), Youssouf Fofana (Monaco), N’Golo Kanté (Al Ittihad).
Et revoilà Kanté (33 ans), en exil doré dans le championnat saoudien et qui a disparu des rangs français depuis deux ans. « Je peux comprendre que les supporters des Bleus soient surpris car ils n’ont pas suivi de près le parcours de Kantédit Deschamps. Il avait été gravement blessé à l’automne 2022, sans quoi il partait pour la Coupe du monde qatarie. De par son expérience, ses nouvelles capacités athlétiques, il se devait d’être parmi nous. Je n’ai aucun doute sur ce qui a fait sa force, son expérience du jeu et sa qualité.» Par le passé, le sélectionneur n’avait pas caché un certain scepticisme quant au niveau des joueurs exilés au Moyen-Orient ou aux Etats-Unis : le retour de Kanté constitue donc un précédent. Il n’est pas impossible que la jeunesse objective de l’équipe explique cette prise de risque.
Attaquants. Olivier Giroud (AC Milan), Kylian Mbappé, Randal Kolo Muani, Ousmane Dembélé et Bradley Barcola (PSG), Kingsley Coman (Bayern Munich), Antoine Griezmann (Atlético Madrid), Marcus Thuram (Inter Milan).
Barcola n’avait probablement plus besoin de convaincre l’entraîneur avant quelques semaines. Mais reste. Le match XXL (but, passe décisive, un adversaire expulsé pour une faute sur lui) de l’attaquant parisien mercredi à Nice (2-1), lors d’une rencontre désertée par Dembélé et Mbappé soi-disant préservé, en disait long sur le natif de Villeurbanne : se sachant sous pression vingt-quatre heures avant le verdict, Barcola ne l’a pas laissé paraître, jouant comme s’il était descendu jouer au foot avec ses amis en bas de chez lui et tordant les défenseurs niçois sur tous les ballons. Il y a quelques mois, Deschamps l’invitait par la presse à «améliorez le contenu de vos matchs« , c’est-à-dire être plus agressif avec le ballon et surtout plus actif, plus constant. Peu en vue lors des défaites (0-1 à deux reprises) du Paris-SG en demi-finale de Ligue des champions, Barcola a été non moins difficile à exclure dans une liste de vingt-cinq : le fait d’être titulaire au PSG à 21 ans rend difficile son contournement.