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Municipales en Turquie : l’opposition inflige un revers à Erdoğan

C’est un raz-de-marée. Moins d’un an après sa cinglante défaite à l’élection présidentielle de mai 2023, le Parti républicain du peuple (CHP), principale force d’opposition du pays, a remporté les plus grandes villes du pays : Istanbul, Ankara, Izmir, Bursa ou encore Antalya, Adana et Mersin. Au niveau national, il devance le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdoğan, avec 38,12 % des suffrages, contre 35,45 % pour l’AKP.

A Istanbul, la plus grande ville du pays, le maire Ekrem Imamoğlu a été réélu avec 51,8 % des voix. A Ankara, son homologue du même parti, Mansur Yavaş, a obtenu 60,78% des voix. Il s’agit du plus gros revers subi par Recep Tayyip Erdoğan et son parti depuis son arrivée au pouvoir en 2002. « A travers cette élection, les Istanbuliens ont envoyé un message au gouvernement : la tutelle d’un homme est terminée ! » a lancé Ekrem Imamoğlu dimanche soir, devant une foule de supporters venus l’acclamer à la mairie d’Istanbul.

Espoir retrouvé

Plus loin, dans le quartier de Beşiktaş, fief kémaliste du côté européen de la mégapole, une foule en liesse s’est rassemblée pour faire la fête devant le siège du Parti républicain du peuple. « Je suis tellement heureuse », déclare Selma, une architecte de 32 ans, portant un bandeau avec le slogan de campagne d’Ekrem Imamoglu « Tout ira bien » (Her sey güzel olacak) et des paillettes sur le visage. Nous avions perdu espoir depuis notre défaite à l’élection présidentielle, alors aujourd’hui, je suis allé voter sans rien attendre. Mais là, on a retrouvé l’espoir», poursuit-elle, ravie.

Tout autour, plusieurs milliers de personnes dansent sur les tubes du chanteur populaire Tarkan, brandissant des drapeaux turcs et l’effigie du fondateur de la nation : Mustafa Kemal. D’autres encore brandissent des fumigènes.

« Nous corrigerons nos erreurs »

« La Turquie est laïque et le restera ! », scande la foule exaltée, un pied de nez à l’islamo-conservatisme du Parti de la justice et du développement. A ce rassemblement aux allures de gigantesque fête populaire figure également Mert, un vidéaste de 33 ans. « Je savais que nous allions gagner à Istanbul, mais je n’imaginais pas que nous pourrions gagner autant de villes à travers le pays », confie-t-il. Ces élections sont très importantes car notre moral était à zéro jusqu’à présent, c’est revigorant. D’ailleurs, qui sait, peut-être que cela débouchera sur des élections présidentielles et législatives anticipées », veut-il croire.

S’exprimant dimanche soir depuis le siège du Parti de la justice et du développement à Ankara, Recep Tayyip Erdoğan a reconnu sans enthousiasme sa défaite : « Nous ferons le nécessaire au vu des messages donnés par le peuple aux urnes. Au cours des quatre à cinq prochaines années, nous corrigerons nos erreurs », a-t-il promis. Mais pour Selma, cela ne fait aucun doute. « Nous savons désormais que nous pouvons gagner les élections nationales. Le prochain président sera Ekrem Imamoğlu», assure-t-elle, faisant référence aux prochaines élections prévues en 2028.

Cammile Bussière

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