Mission secrète et mise en scène… La désinformation fait rage après la tentative d’assassinat de Trump
Donald Trump a échappé à une tentative d’assassinat samedi 13 juillet lors d’un rassemblement politique en Pennsylvanie.
Une attaque qui a immédiatement provoqué un flot de théories du complot sur les réseaux sociaux.
Les républicains comme les démocrates sont tombés dans le piège de la désinformation.
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L’information mise à l’épreuve
Le piège semble être devenu inévitable. Après chaque fait divers retentissant, un torrent de fausses informations et de théories du complot inonde les réseaux sociaux, noyant sous sa vague des millions d’internautes. C’est d’autant plus vrai lorsque les enquêtes s’annoncent longues, à l’image de celle sur la tentative d’assassinat qui a visé Donald Trump ce samedi 13 juillet, en plein meeting en Pennsylvanie. Dès que les agents du FBI se sont mis au travail, les internautes ont voulu faire la lumière sur cet événement au plus vite. Et quelques heures seulement après l’attentat, les premiers scénarios fallacieux sont apparus.
Le tireur derrière toutes les spéculations
Il faut reconnaître que c’était prévisible. Comme l’a noté Graham Brookie, spécialiste américain de la désinformation en ligne : « Dans tout événement qui se développe rapidement, il y a inévitablement un afflux important d’informations fausses ou non vérifiées. » C’est particulièrement vrai sur Internet, où chacun peut donner sa propre explication. Des élus politiques aux militants en passant par les blogueurs influents, tout le monde a inondé les réseaux sociaux.
À droite, par exemple, on prétend que le président Joe Biden a « directement » L’homme qui a tenté de tuer son rival dans la course à la Maison Blanche, tandis que le camp adverse accuse Donald Trump d’avoir mis en scène la fusillade pour redonner un nouveau souffle à sa campagne. Des spéculations que rien ne prouve, hormis des photos retouchées, des vidéos sorties de leur contexte ou le piège tendu par un internaute qui cherche à créer la zizanie.
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Alors que l’on ne savait toujours rien de l’identité du tireur de samedi soir, Ronny Jackson a rapidement imaginé son propre scénario. Sur X, cet élu texan, ancien médecin de Donald Trump pendant la présidence, a pointé du doigt des militants de gauche, accusés d’être « directement responsable » événements survenus lors de la réunion. Une piste rapidement étayée par des messages publiés sur Telegram et Gab, le forum préféré des militants d’extrême droite américains, selon lesquels le tireur était un certain Mark Violets, décrit comme un « extrémiste antifa connu ».
Une fausse information – puisqu’on sait désormais que l’agresseur s’appelle Thomas Matthew Crooks – s’est répandue avec la photo de Marco Violi, un journaliste italien qui couvre le football et qui n’a absolument rien à voir avec la fusillade. Apparue d’abord dans les cercles de l’extrême droite italienne, la photo a ensuite été reprise dans un live américain en ligne avant d’atterrir sur le site Pravda, une plateforme qui fait partie du réseau de propagande russe Portal Kombat.
Une fois l’identité du tireur connue, c’est un second document qui a semé la confusion. Une vidéo, présentée comme la déclaration filmée du tireur, montre un homme aux cheveux châtains mi-longs, un trait physique retrouvé chez l’assaillant. « Je m’appelle Thomas Matthew Crooks. Je déteste les républicains. Je déteste Trump. », dit-il à la caméra dans cette séquence filmée depuis sa voiture.
Sur une photo, ce jeune homme aux traits proches de ceux de Thomas Matthew Crooks pose avec un T-shirt de la marque Demolition Ranch, similaire à celui retrouvé sur le corps du suspect. Tous ces éléments sont utilisés comme preuve d’une attaque venue d’extrême gauche par de nombreux internautes. Sauf qu’ils ne sont que le produit de l’imagination d’un « troll » – néologisme utilisé pour caractériser un individu cherchant à attirer l’attention par des comportements controversés en ligne.
Une tempête alimentée des deux côtés de l’échiquier
Si Donald Trump et ses partisans ont fait entrer les États-Unis dans l’ère de la post-vérité, en revanche, le camp démocrate n’est pas à l’abri de la désinformation. Bien au contraire. Plusieurs militants pro-Biden ont accusé le milliardaire et ses équipes d’avoir organisé une « Travail intérieur ». C’est-à-dire avoir mis en scène la fusillade afin de faire du candidat républicain un martyr aux yeux des États-Unis.
Des comptes démocrates liés ont d’abord affirmé que le sang sur le visage de Donald Trump était faux. D’autres ont affirmé que les services secrets, chargés de la sécurité de Donald Trump, avaient orchestré la séquence avec l’ancien président. Le seul argument était une photo montrant trois agents souriants lors de l’évacuation du milliardaire ensanglanté. Sauf que les visages sur la photo ont été modifiés, comme le montre la version originale.
Finalement, une rumeur a circulé samedi soir sur Internet pour prouver que tout était prévu. Selon plusieurs publications, l’ancien président des États-Unis se serait rendu le soir même à un combat de l’UFC, la ligue américaine d’arts martiaux mixtes. La seule preuve était une vidéo de Donald Trump dans l’arène avec Dana White, le président de la ligue qui n’a jamais caché sa sympathie pour le parti républicain. Une vidéo qui a désormais été supprimée et sortie de son contexte.
Au-delà de ces quelques rumeurs fallacieuses, toutes les interrogations autour de la réaction des services de sécurité autour de Donald Trump servent de prétexte aux théoriciens du complot. Parfois, des questions légitimes sur les nombreuses failles de sécurité se transforment en accusations sans aucun fondement. En dénonçant une imposture à grands coups de #staged (ndlr : mise en scène), les pro-démocrates n’ont pas résisté à la vague de désinformation.
Signez que « Personne n’est à l’abri des fantasmes des théories du complot »comme l’a rappelé Anthony Mansuy. Sur ses réseaux sociaux, ce spécialiste de la sphère conspirationniste américaine, note que ces électeurs « Ils détestent tellement Trump qu’ils le blâment pour chaque écart. »
DECRYPTAGE – Zoom sur les « Services Secrets » Source : Bonjour !
Bref, des deux côtés du spectre politique, le premier réflexe a été la précipitation et non la prudence. Au-delà des acteurs de la désinformation qui ont fait du mensonge leur gagne-pain, des militants de tous bords politiques ont commis l’erreur de ne pas attendre les faits et sont tombés dans le piège. Preuve, s’il en était besoin, que sur les réseaux sociaux, complots et spéculations se mélangent pour devenir la nouvelle norme.
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