Meta sommé de s’expliquer par la Commission européenne après la suppression de CrowdTangle, outil clé contre la désinformation
La Commission européenne a demandé vendredi 16 août des informations à Meta pour vérifier sa conformité avec les règles de l’Union européenne après la suppression de CrowdTangle, un outil considéré comme essentiel pour repérer et analyser la désinformation sur Facebook et Instagram.
Bruxelles demande notamment à Meta de détailler les mesures prises par rapport à ses obligations, prévues par le règlement sur les services numériques (DSA), de « donner aux chercheurs l’accès aux données » de Facebook et Instagram. La Commission européenne demande enfin au groupe de Palo Alto de l’informer, d’ici le 6 septembre, des décisions qu’elle compte prendre à ce sujet.
CrowdTangle est indisponible depuis le 14 août, au grand dam de nombreux chercheurs et journalistes qui l’utilisaient pour suivre en temps réel la propagation de théories du complot, d’incitation à la violence ou de campagnes de manipulation pilotées depuis l’étranger.
Une enquête ouverte fin avril
Cette demande d’informations s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte fin avril, cinq semaines avant les élections européennes, contre Facebook et Instagram, soupçonnés de ne pas respecter leurs obligations en matière de lutte contre la désinformation. Parmi les griefs répertoriés, Bruxelles s’inquiétait notamment du projet de suppression de CrowdTangle, sans solution de remplacement adéquate.
La décision de Facebook et de la maison mère d’Instagram de supprimer l’outil a suscité de vives critiques des deux côtés de l’Atlantique. Dans une lettre ouverte adressée à Meta, la Fondation Mozilla, une organisation mondiale à but non lucratif, avait demandé que le service soit maintenu au moins jusqu’en janvier 2025, en invoquant notamment les nombreux événements électoraux de 2024, dont l’élection présidentielle américaine. « L’abandon de CrowdTangle (…) porte atteinte au principe fondamental de transparence » et constitue un « menace directe » pour l’intégrité des élections, déclare la lettre, signée par des dizaines d’observateurs et de chercheurs.