Nouvelles

« Mes ancêtres ne m’ont jamais raconté la véritable histoire de mon pays »

J.Je suis un enfant du pays depuis quatre générations du côté de mon père, et depuis plusieurs siècles par ma mère, dont la grand-mère était une Kanak de Hienghène. Comme beaucoup de Néo-Calédoniens issus de cette mixité et de l’histoire douloureuse de la colonisation, ma famille a vécu de nombreuses années avec la honte de ses origines carcérales. Ce « robinet d’eau sale », comme l’avait décrit à l’époque l’administration française.

Au pays du non-dit, mes ancêtres ne m’ont jamais raconté sa véritable histoire, sans doute pour oublier les raisons qui les ont conduits ici et pour se forger une légitimité, essentiellement par le travail et l’oubli. Pendant très longtemps, on nous a caché que nous faisions partie de ce projet. « robinet d’eau sale », dont les protagonistes ne sont pas restés en Nouvelle-Calédonie par amour mais par obligation, car il leur était interdit de retourner dans leurs familles françaises.

Cette histoire cachée est en grande partie la raison pour laquelle, jusqu’aux événements de ce mois de mai, je n’avais pas compris toute l’étendue et la dimension de la souffrance du peuple kanak à qui je demande solennellement pardon pour mon ignorance. Je n’ai pas honte de mes ancêtres, je ne leur en veux pas, ils avaient sans doute leurs raisons, mais ils ne m’ont pas aidé à comprendre ce pays et ses habitants.

« Politique de la canonnière »

Qu’est-ce que les Néo-Calédoniens ne comprennent pas dans la revendication indépendantiste ? La « politique de la canonnière », menée après la prise du pouvoir du 24 septembre 1853, entraîna la dévastation des villages, la destruction des maisons et des champs, le massacre des populations, leur enfermement dans des terres appelées à tort « réserves », à partir desquelles elles pouvaient seulement des congés pour accomplir des journées de travail obligatoire, pour lesquelles ils percevaient un salaire dérisoire leur permettant de payer la capitation. Oui, ce qu’ils avaient gagné grâce à leur travail leur a été retiré.

Lire aussi le décryptage | Nouvelle-Calédonie : questions pour comprendre la crise

En 1863, la France décide de faire de la Nouvelle-Calédonie une colonie pénitentiaire. Ainsi, environ 30 000 condamnés y furent amenés. Plus de 85 % d’entre eux n’auront pas le droit de rentrer chez eux en France. Ils seront libérés sur place.

A côté de ce noyau pénitentiaire, on retrouve des colons libres (un millier en 1866, un peu moins de 10 000 trente ans plus tard). Il s’agit du premier acte de colonisation. Premier obstacle aux grands principes républicains derrière lesquels l’État français et ses partisans continuent aujourd’hui de se cacher, d’occulter la vérité originelle.

Il vous reste 76,39% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
Bouton retour en haut de la page