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Malgré l’attaque de son ambassade, l’Iran veut absolument éviter le « conflit direct »

« Ce crime lâche ne restera pas sans réponse », a promis le président iranien. Ebrahim Raïssi n’est pas en colère, alors qu’Israël est accusé d’avoir bombardé une annexe de l’ambassade iranienne à Damas, en Syrie. Ce raid, lancé lundi, a entraîné la mort de 13 personnes, dont sept membres des Gardiens de la révolution iraniens. Téhéran a rapidement convoqué une réunion d’urgence du Conseil suprême de sécurité nationale iranien.

Car si le consulat iranien n’est pas à proprement parler territoire iranien (contrairement aux idées reçues), il n’en est pas moins une institution qui représente ses intérêts. « Il s’agit d’une attaque directe contre l’Iran. Hormis une attaque visant directement le territoire d’un pays, elle est la plus directe possible », assure Thierry Coville, chercheur à l’IRIS et auteur de l’ouvrage. L’Iran, une puissance en mouvement (2022).

« Cet attentat est un acte fort et profondément significatif », ajoute Mahnaz Shirali. Pour le politologue spécialiste de l’Iran, en visant les dirigeants iraniens, Israël s’attaque à « la tête de la pieuvre ». Car si Téhéran nie toute implication dans les attentats sanglants du 7 octobre, il soutient ouvertement le Hamas. Et les affrontements entre l’Iran et Israël, alors que le premier considère le second comme son ennemi juré, ne sont pas nouveaux.

La montée des grèves

« C’est la suite logique des attaques contre des officiers iraniens en Syrie », estime Thierry Coville. Depuis 2011 et le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre des cibles militaires iraniennes ou des groupes pro-iraniens dans le pays, Téhéran soutenant toujours Bachar al-Assad. Et ces attaques se sont intensifiées depuis le début de la réponse militaire israélienne aux attentats du 7 octobre. Le raid de lundi qui a fait exploser la section consulaire de l’ambassade iranienne était le cinquième à cibler la Syrie en seulement huit jours.

Alors que le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a promis que Téhéran ferait « regretter ce crime » au « régime sioniste pervers », l’Union européenne a appelé à la « retenue ». La Russie, qui a dénoncé un « acte d’agression », a demandé la tenue d’une session au Conseil de sécurité de l’ONU, qui aura lieu ce mardi à 21 heures (heure française). Les observateurs internationaux s’inquiètent d’une escalade régionale du conflit, alors que l’offensive israélienne à Gaza a tué près de 33 000 personnes et plongé la population de cette bande de terre dans la famine.

La « patience stratégique » de Téhéran

« Depuis le début de la réponse militaire israélienne aux massacres du 7 octobre, l’Iran a averti Israël et les Etats-Unis du risque d’un conflit élargi », note Thierry Coville, qui rappelle que Téhéran a cependant exprimé son mécontentement dans un communiqué. manière détournée, via le financement du Hezbollah libanais ou encore des rebelles Houthis. « On ne peut pas dire qu’il n’y a aucune chance que l’Iran entre en guerre, mais j’ai ressenti une immense réticence de leur part », rapporte Mahnaz Shirali, qui a notamment suivi une discussion officielle des généraux iraniens sur X.

« Les sympathisants du régime ont critiqué les généraux pour leur inaction lorsque le territoire iranien a été touché par cette attaque, alors que les généraux ne cessaient de se justifier. L’espace lui-même était intitulé « patience stratégique » », explique le politologue. Il est donc difficile d’imaginer Téhéran entrer en guerre demain, tant ses représentants semblent prudents. « L’Iran a toujours évité un conflit direct avec Israël et, sans doute, avec les Etats-Unis, car il sait qu’il ne fera pas le poids », souligne Thierry Coville.

Pour Mahnaz Shirali, l’attentat contre le consulat iranien ne marque pas un tournant dans le conflit, car la réponse iranienne restera faible et détournée. « Ils vont peut-être faire une petite attaque qui va toucher trois arbres et un chien et dire : ‘Regardez, on s’est vengé' », assène-t-elle. Thierry Coville insiste cependant sur la prudence et rappelle : « Beaucoup de guerres ont commencé à cause d’une erreur de calcul, d’anticipation. Et nous voilà sur le fil du rasoir. »

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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