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Mahmoud Abbas forme un gouvernement palestinien à sa main

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas au Caire, le 12 février 2023.

Sous la pression de Washington, qui l’exhorte à se « réforme » et à « relancer », Jeudi 28 mars, l’Autorité palestinienne (AP) a adopté un nouveau gouvernement de technocrates, tous relativement méconnus du grand public. Le président Mahmoud Abbas avait chargé le 14 mars son conseiller économique, Mohammad Mustafa, de constituer cette équipe et d’en prendre la direction. Ce gouvernement est censé préparer un retour de l’Autorité dans la bande de Gaza, dont le Hamas l’a expulsée en 2007, et où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu refuse de la laisser avec la moindre responsabilité.

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L’équipe a été approuvée par un simple décret présidentiel. Elle doit prêter serment dimanche 31 mars, sans passer par le Parlement, dissous en 2018. Le Premier ministre Mustafa est un fonctionnaire apolitique, formé aux Etats-Unis, ancien de la Banque mondiale à Washington. Bon connaisseur des bailleurs de fonds internationaux de l’Autorité palestinienne, il a auparavant dirigé le Fonds palestinien d’investissement. Le ministre de l’Intérieur, Ziad Hab Al-Rih, qui coordonne les forces de sécurité, reste en place. Six ministres sont originaires de Gaza, dont un ancien maire de la ville, Majed Abou Ramadan.

Dans une lettre à la présidence, M. Mustafa a rappelé jeudi que sa priorité serait de « réunifier les institutions, notamment en assumant la responsabilité de Gaza »et de contribuer à « reconstruction » de l’enclave, pour laquelle il envisage de nommer un coordinateur spécifique. Si ce gouvernement a pu se former en deux semaines, c’est parce que sa composition s’est faite sans grandes consultations avec les factions palestiniennes, notamment sans le Hamas, qui a dénoncé cet unilatéralisme le 14 mars.

Conduite à la faillite

Le président Abbas, élu pour quatre ans en 2005, reste au centre du jeu à 88 ans. Il promet des réformes que ses donateurs occidentaux considèrent comme purement formelles, au sein d’une Autorité palestinienne dépolitisée et poussée à la faillite par la pression israélienne accrue depuis le début de la guerre. Cette semaine, le gouvernement israélien doit se prononcer sur une éventuelle rupture des liens entre les banques du pays et les institutions financières palestiniennes, qui en dépendent. Cette procédure a été initiée par le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, un fondamentaliste des colonies de Cisjordanie.

Selon l’institut de sondage palestinien PCPSR, une grande majorité de Palestiniens rejette la nomination de M. Mustafa, qu’ils ne considèrent pas non plus comme un signe de réforme. Plus de 60 % des personnes interrogées réclament au contraire un gouvernement pluraliste, qui ne soit ni sous le contrôle d’un parti ni entre les mains de M. Abbas.

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Eleon Lass

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