Lyon. Il ouvre un tabac à la Guillotière et pousse un coup de gueule contre ce fléau
Par Anthony Soudani
Publié le
9 avril 24 à 18h02
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Comme un symbole. Les buralistes ont manifesté mardi 9 avril place Gabriel-Péri, haut lieu du trafic de cigarettes à Lyon, pour dénoncer ces ventes illégales. Ils réclament un lissage des prix au niveau européen et une plus grande répression policière.
Feras Jajo, buraliste depuis 14 ans dans la capitale des Gaules, a créé rue de Marseille il ya trois mois. Le commerçant a accepté de témoigneractualités Lyon. «C’est de pire en pire», dit-il.
Ils vendent des cigarettes à 6 euros devant son bureau de tabac
Lorsqu’il a ouvert son bureau de tabac à La Guillotière, il soupçonnait un possible impact sur ses ventes… mais pas à ce point. «Je m’attendais à vendre plus de tabac. Heureusement, j’ai ajouté la presse. »
PMU, FDJ, cigarettes électroniques… autant de services qui lui permettent de faire tourner son entreprise et de rémunérer ses salariés. « Ici, les cigarettes ne sont qu’un produit d’appel. Dehors, ils les vendent six euros… » un voisin commerçant le coupe : « À cinq euros même ! »
Récemment, un vendeur ambulant de cigarettes de contrebande a commis l’erreur de s’installer devant son commerce. « Ça m’a énervé. Il n’est plus jamais revenu. Tout le monde doit nettoyer devant sa porte. C’est ma maison. Ils savent qu’ici, on ne plaisante pas. C’est le commerçant qui doit faire sa place. »
« Dès qu’on sort du métro, c’est Marlboro, Marlboro »
Feras Jajo assure qu’il s’agit toujours des mêmes revendeurs. Il regarde autour de lui : « Sur la place Gabriel-Péri, il y a quatre bureaux de tabac, mais si on y ajoute la contrebande, il y en a huit. » Une véritable concurrence déloyale qui pèse sur son activité.
« Dès qu’on sort du métro, c’est Marlboro, Marlboro ! » Là-bas, c’est calme parce que la presse est présente, mais d’habitude, c’est la pagaille», dit-il en désignant les lieux. « Ce sont des cigarettes infumables, on tombe malade le lendemain. »
Selon le syndicat des buralistes, 40% des ventes de cigarettes ne se font pas dans les bureaux de tabac. Sur ces 40 %, la moitié provient de la contrebande.
640 000 euros de perte pour les buralistes de Lyon
A Lyon, la consommation non domestique stimulée par la circulation génère une perte de 640 000 euros de chiffre d’affaires et 64 000 euros de marge brute pour chacun des 161 buralistes de la commune, selon Philip Morris France.
Il s’agit d’un calcul entre le niveau de consommation extérieure à Lyon (près de 40 %) et les volumes vendus par les buralistes lyonnais, rapportés au prix moyen du paquet et à la marge des buralistes (10 %) sur un paquet de cigarettes.
Feras Jajo, qui connaît bien la région, se dit « choqué » par la tournure des événements. « C’est devenu un véritable business. » Comme ses autres collègues, ils réclament davantage de répression policière.
Une grosse prise de la police… mais ça ne suffit pas
Côté policiers, leur présence est quotidienne place Gabriel-Péri. Récemment, en mars, les forces de l’ordre ont arrêté une quantité importante de trafic : 6 884 cartouchessoit au moins plus de 1 376 000 cigarettes, ont été récupérées.
« Cela fait une semaine d’activité », précise Didier Gonin. Il est buraliste près du Tonkin, à Villeurbanne. Et même s’il est loin de La Guillotière, il dit ressentir une baisse de 20% à cause de la contrebande. Un mal qui se propage dans toute la métropole.
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