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l’équipe de France en « finale » contre l’Angleterre, royaume du rugby féminin

L'Angleterre soutient Ellie Kildunne lors de la victoire de l'Angleterre contre l'Irlande le 20 avril 2024 à Londres dans le cadre du Tournoi des Six Nations.

Mardi 23 avril, la Fédération française de rugby (FFR) n’a pas manqué d’annoncer la bonne nouvelle. « Le record d’affluence pour un match de rugby féminin en France va être battu », selon elle, samedi 27 avril, lors du choc entre les Bleues et l’Angleterre (17h45), comptant pour la cinquième et dernière journée du Tournoi des six nations. Environ 27 000 billets pour le stade Chaban-Delmas de Bordeaux avaient déjà été vendus vendredi, pour assister à la « finale » officieuse de la compétition, opposant les deux dernières équipes invaincues.

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Ce soutien ne sera pas de trop pour les Français, qui cherchent à remporter le tournoi depuis 2018. Mais il ne faut pas trop effrayer les Roses Rouges. En 2023, le club anglais bat les Bleues et remporte un cinquième Grand Chelem d’affilée devant plus de 58 000 spectateurs rassemblés dans le stade de Twickenham, en banlieue londonienne.

L’enthousiasme du public anglais est représentatif de l’avance que le rugby féminin anglais a pris sur le reste des équipes internationales. Les joueurs de Her Majesty’s collectionnent les distinctions : 2 titres mondiaux, 19 Tournois des Six Nations (un record), 12 victoires d’affilée contre les Bleues, une première place au classement mondial… Seul accroc ces dernières années, une finale de Coupe du monde perdue en Nouvelle-Zélande en novembre 2022. Mais depuis, aucune équipe n’est parvenue à faire pâlir les Roses.

« L’Angleterre est toujours très cliniqueexplique la talonneuse des Bleues, Agathe Sochat. Leurs joueurs font des choses simples, mais à la perfection, en jouant sur les erreurs de l’adversaire. On parle beaucoup de leurs attaquants mais ils ont aussi une ligne de trois-quarts très solide. » Les Irlandais peuvent en témoigner, ayant lourdement perdu (88-10) lors de leur dernier match contre les Anglais.

« L’argent est le nerf de la guerre »

Si l’ampleur du score a pu surprendre – un peu –, le sort du match ne faisait aucun doute, car l’effectif des Roses Rouges est sans égal, porté par une émulation interne de haut niveau. En 2017, la Fédération anglaise de rugby a investi 3 millions d’euros sur trois ans dans son championnat féminin. Ses joueurs sont devenus semi-professionnels, à l’exception de ceux qui défendent le maillot blanc national, qui se consacrent à plein temps au rugby.

En France, on est encore très loin de cette situation. Si 32 joueurs du XV de France sont sous contrat fédéral avec la FFR et disposent d’un statut semi-professionnel, les autres doivent concilier rugby et travail. Le championnat Elite 1 – première division féminine – reste pour l’instant au niveau amateur. Enfin, pour le savoir, il faut être un passionné de ballon ovale, puisque la compétition ne dispose pas de diffuseur.

« Le championnat n’est pas très équilibrénote encore Agathe Sochat. Au club, les filles travaillent la journée et s’entraînent le soir. C’est compliqué pour la vie sociale. La médiatisation de l’équipe de France devrait suivre, car les Anglais ont pris de l’avance, c’est indéniable. L’argent est le nerf de la guerre. »

Outre-Manche, la bonne forme du rugby anglais attire les annonceurs et crée un cercle vertueux. Son championnat, le Premier 15s, était sponsorisé en 2017 par une célèbre marque de chips, remplacée après la pandémie de Covid par un grand groupe d’assurance.

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Même si la concurrence est écrasée par l’équipe Gloucester-Hartpury cette saison (13 victoires en autant de matches), on retrouve des joueuses de très haut niveau dans plusieurs clubs, à l’image de la troisième ligne Marlie Packer, élue meilleure joueuse du monde en 2023, qui joue pour les Sarrasins. Femme du match face à l’Irlande, l’arrière Ellie Kildunne défend les couleurs des Harlequins. Cette répartition est idéale pour multiplier les chocs au cours de l’année et aiguiser ses crampons avant les matchs internationaux.

Marlie Packer lors d'un match des Six Nations entre l'Angleterre et l'Irlande au stade de Twickenham à Londres le 20 avril 2024.

Le XV de France mélange jeunesse et expérience

Mais les Anglais ne misent pas tout sur quelques têtes d’affiche. Leur pool leur permet de s’adapter facilement aux blessures et aux abandons. « Il y a beaucoup de joueurs qui ont de grandes qualités individuelles en Angleterre, c’est ce qui fait leur force collective », a résumé, le 23 avril, en conférence de presse, la demi de mêlée Alexandra Chambon. Ce match ressemble-t-il à une mission impossible pour les Bleus ? « Nous avons repéré de petites opportunités dans leur jeu et nous voulons trouver quelque chose en nous concentrant sur nous-mêmes »A répondu à ses côtés la troisième ligne Emeline Gros.

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Face à la confiance insolente des Roses Rouges, le XV de France opposera une équipe mêlant jeunesse et expérience. Sept Tricolores sélectionnés pour le match (sur 23) ont moins de 24 ans. A 19 ans, l’ouvreuse Lina Tuy ne sera pas sur la feuille de match ce samedi 27 avril mais garde le souvenir de cette affiche dans les catégories inférieures. « Les coachs nous ont fait comprendre que ces duels étaient des matchs particuliers » elle dit.

Et l’histoire de l’opposition entre les deux nations importe peu. « La plupart des joueurs n’étaient pas là en 2018 lorsque nous les avons battus et n’ont pas connu toutes les défaites. Il y a eu beaucoup de renouveau »souligne Agathe Sochat, qui promet que l’équipe de France « ne fera pas de complexe », même s’il y a « Il y a peut-être eu un plafond de verre dans le passé ». « Nous voulons faire face à ce type de sélectionajoute Lina Tuy. C’est une opportunité pour nous. »

L’occasion, aussi, de ne pas accorder encore plus de confiance à une « perfide Albion » qui n’en manque déjà pas. Une défaite des Roses Rouges provoquerait le chaos outre-Manche, la prochaine Coupe du monde ayant lieu en 2025… en Angleterre.

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Cammile Bussière

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