Dermatologues : pourquoi faut-il attendre aussi longtemps pour obtenir un rendez-vous ?
La dermatologie est l’une des deux spécialités médicales pour lesquelles il est le plus difficile d’obtenir un rendez-vous, selon l’enquête de la Fondation Jean-Jaurès basée sur les données de la plateforme Doctolib. Comment expliquer ces délais d’attente ?
Le délai d’attente moyen en 2023 pour obtenir un rendez-vous chez un dermatologue est de 36 jours, selon l’enquête de la Fondation Jean-Jaurès, basée sur les données de la plateforme Doctolib. Depuis des années, quelles que soient les études sur les difficultés d’accès aux soins, cette spécialité médicale est sur le podium.
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Disparités territoriales
Le problème s’observe différemment selon les zones du territoire français. Si la tension se fait moins sentir en région parisienne, elle est en revanche très forte en Lozère, qui ne compte que cinq dermatologues pour 100 000 habitants, ou en Creuse, où il n’y en a pas.
Certains patients abandonnent
Conséquence : les patients doivent parfois attendre un an ou parcourir des centaines de kilomètres pour consulter un dermatologue. Au risque de voir s’aggraver des pathologies qui auraient pu être traitées dès les premiers symptômes. Certaines personnes abandonnent l’idée même du conseil. Selon une étude Ifop pour Sanofi, près de 46 % des personnes interrogées ont déjà renoncé à montrer leur problème de peau à un dermatologue en raison de la difficulté d’obtenir un rendez-vous.
Le vieillissement de la population
Avec le vieillissement de la population française, les problèmes de peau et les besoins en personnel médical qualifié augmentent clairement. D’autant que la recherche scientifique a récemment développé de nouveaux traitements, notamment contre l’eczéma ou le psoriasis, qui nécessitent une surveillance régulière. À cela s’ajoute ce que les spécialistes considèrent comme un recours excessif à la dermatologie. Il y a de plus en plus de patients dont l’état ne nécessite pas de consultation. Par ailleurs, le nombre de rendez-vous non honorés serait particulièrement élevé dans le secteur.
La faute du numerus clausus
La principale raison du manque de dermatologues en France est le vieillissement de la profession. Plus de la moitié des personnes en fonction ont plus de 55 ans. En 2021, la France comptait 3 806 dermatologues, soit 5,9 pour 100 000 habitants. En 2030, ils ne devraient plus être que 3 096, selon les prévisions du ministère de la Santé. La limitation du nombre de dermatologues par le numerus clausus explique cet état de fait. Le quota d’étudiants en médecine fut progressivement porté à une centaine par an. Ce qui reste insuffisant, selon la profession. Et il faudra du temps pour voir les effets, car il faut douze ans pour former un dermatologue.
Des professionnels qui travaillent moins
Une fois installés, les nouveaux dermatologues n’ont généralement pas le même rythme de travail que leurs prédécesseurs. Temps partiel, indisponibilité le week-end… La nouvelle génération travaillerait un nombre d’heures bien inférieur.
Chirurgie esthétique privilégiée ?
On reproche souvent aux dermatologues de privilégier les interventions de médecine esthétique, plus rémunératrices. Au détriment des pathologies cutanées. Une critique balayée par la profession. Selon la Société française de dermatologie, seuls 10 % des praticiens libéraux consacrent 50 à 60 % de leur activité à l’esthétique.