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« Lorsque aucun des ennemis historiques d’Israël ne se félicite de la riposte iranienne, un espace de discussion émerge »

UUne coalition internationale alignée derrière Israël, voilà à quoi ressemble étrangement la communauté internationale depuis le 14 avril, d’ennemis historiques à alliés traditionnels. Après les massacres du 7 octobre 2023, après le bombardement de l’enclave de Gaza, après la frappe meurtrière contre le consulat iranien à Damas, le monde exprime ses inquiétudes, et exhorte à l’unisson Israël à faire preuve de retenue.

L’attaque de drones, de missiles de croisière et de missiles balistiques iraniens vers le territoire israélien dans la nuit du 13 au 14 avril a suscité de nombreuses réactions. Les alliés occidentaux traditionnels ont condamné les frappes, sans surprise et avec fermeté. À la surprise générale, une deuxième catégorie de pays a préféré le camp préoccupant à celui de Téhéran : les alliés traditionnels du peuple palestinien. Pourtant, la guerre à Gaza les a souvent amenés à se détourner d’Israël.

D’un côté, les précurseurs, au Moyen-Orient, de la normalisation des relations diplomatiques avec Israël. L’Egypte appelle à la plus grande retenue, mais reste l’éternel intermédiaire dans les négociations. Historiquement, la Jordanie envoyait ses avions pour défendre Israël et interceptait de nombreux drones et missiles iraniens pendant la nuit. Egalement surprenante, les réactions des monarchies du Golfe reflètent un indéniable alignement contre l’attaque iranienne. Le Qatar exprime sa préoccupation et appelle les parties à désamorcer les tensions. L’Arabie saoudite appelle également à la retenue. Les Émirats arabes unis ont fait plus en rendant leur espace aérien et leurs informations accessibles.

Nouvel espace de discussion

Le cas du royaume saoudien est le plus surprenant. Rappelons qu’elle a normalisé ses relations diplomatiques avec l’Iran en mars 2023, sous l’égide de la Chine, mettant fin à une rivalité historique. Rappelons également que la guerre avec le Hamas a suspendu les négociations du royaume avec l’État hébreu. Rappelons enfin que, depuis les accords d’Abraham, Israël aspire à établir des liens officiels avec l’Arabie Saoudite, dernier bastion peut-être de la paix de l’État juif avant la guerre.

Alors que ni l’Arabie saoudite, ni le Qatar, ni aucun des ennemis historiques de l’État juif ne saluent la réponse iranienne à la frappe israélienne dangereuse et escalade, un nouvel espace de discussion et de coopération émerge.

Ces condamnations ne reflètent pas l’amitié, mais l’inquiétude. Il appartient désormais à Israël de mobiliser cet alignement, inattendu après des mois de guerre, pour maintenir cette relative synergie, cette coalition latente pour la paix, qu’il n’a pas pu maintenir après le 7 octobre. Israël doit faire preuve de retenue en pérennisant cette arène. Car cela pourrait bel et bien être un espace de discussion, d’échange. Celle qui pourrait donner lieu à la signature d’accords de paix et à la reconnaissance d’Israël par les pays arabes et musulmans.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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