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L’Arabie saoudite s’inquiète de la saisie des réserves russes


mar 07 mai 2024 ▪
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Nicolas T.

L’avenir du système monétaire international est étroitement lié aux réserves de change russes gelées par l’Occident. Bitcoin en embuscade.

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L’Arabie saoudite s’inquiète

Le système monétaire international est au cœur des tensions géopolitiques et beaucoup dépendra du sort des réserves de change russes.

Le Financial Times révélait ce lundi que le ministre saoudien des Finances s’était alarmé lors de la dernière réunion du G20. Les pays du G7 veulent-ils vraiment piller ces réserves pour financer la guerre en Ukraine ? Conscients-ils vraiment des conséquences d’une action aussi radicale ?

L’Arabie saoudite et les pays membres de l’OPEP détiennent une part substantielle de la dette occidentale. S’emparer définitivement des réserves russes pourrait remettre en question le système monétaire international.

Riyad a déjà pris les devants en réduisant drastiquement ses réserves de bons du Trésor américain. « Les Saoudiens sont très inquiets »a déclaré un responsable européen.

Cependant, la saisie des réserves de change russes ruinerait essentiellement la signature de l’Europe. En effet, le FT rapporte que seulement 5 milliards de dollars ont été gelés par les États-Unis. Plus de 190 milliards gelés sont en réalité des euros. Le reste est constitué de francs suisses, de yens, etc.

C’est pourquoi les conseillers de la Maison Blanche disent des choses comme : « nous avons verrouillé les actifs ensemble ; nous aimerions aussi les mobiliser ensemble »…

Les banquiers centraux du G7 sont toutefois debout. Ils sont conscients du rôle crucial que jouent les réserves de change dans le système monétaire international. Christine Lagarde a prévenu que « passer du gel des avoirs à leur confiscation, puis à leur transfert (pourrait comporter le risque de) perturber l’ordre international que nous voulons protéger ».

«Le FT fait état d’un ‘conflit’ concernant la saisie des avoirs russes gelés. Les États-Unis et le Royaume-Uni veulent le faire ; l’UE possède le plus d’atouts et est plus prudente. Cela créerait un précédent : qui sera le prochain ?! L’Indonésie et l’Arabie Saoudite ont fait pression sur les capitales européennes pour qu’elles ne le fassent pas, craignant pour leurs propres réserves en Occident. »

Washington prêt à sacrifier l’euro

Les Etats-Unis ont voté fin mai un budget de 61 milliards de dollars pour armer l’Ukraine. Le projet de loi de financement accorde également à la Maison Blanche le droit de saisir les actifs russes détenus par les États-Unis.

Mais là encore, une telle mesure serait indolore pour eux. « Ils n’ont pas grand chose à perdre »» a déclaré un diplomate européen au FT.

Mais peut-être que les États-Unis ont l’idée de s’emparer des 770 milliards de dollars de réserves chinoises… Le secrétaire au Trésor Anthony Blinken a récemment menacé de déconnecter certaines banques chinoises du dollar.

Quoi qu’il en soit, la saisie pure et simple des réserves russes ne semble plus être à l’ordre du jour. Les Etats-Unis proposent désormais de débloquer un prêt de 50 milliards de dollars qui serait garanti via les intérêts générés par les avoirs gelés (2,5 milliards d’euros par an).

Ce plan pose cependant problème si la guerre prend fin dans un avenir proche. « La Russie pourrait accepter de faire des concessions territoriales à l’Ukraine en échange du gel de ses fonds. Vous ne pouvez pas faire cela si ces actifs sont utilisés comme garantie pour un prêt. »a déclaré un responsable allemand.

L’UE est plutôt favorable à l’utilisation directe des intérêts générés par les actifs russes pour acheter conjointement des armes pour l’Ukraine. Ce serait bien moins risqué que de monopoliser directement les réserves russes.

Le vieux continent se méfie de tout ce qui pourrait nuire au statut de l’euro en tant que monnaie de réserve internationale. La monnaie unique représente 22% des transactions internationales et 20% des réserves de change.

Réponse via les BRICS

La Russie pourrait réagir en saisissant les actifs européens situés en Russie. Les entreprises étrangères y détiennent des actifs d’une valeur de 285 milliards de dollars, selon une étude d’Armin Steinbach, professeur à HEC.

La plus grande partie (environ 105 milliards de dollars) appartient à des entreprises européennes. Cela représente plus de trois fois les 36 milliards de dollars d’actifs détenus par les entreprises américaines.

Plus généralement, les représailles russes passeront principalement par les BRICS et les trente nations souhaitant rejoindre le club. La Russie préside le groupe en 2024 et entend accélérer le processus de dédollarisation.

Toutefois, le commerce des monnaies nationales a ses limites. Par exemple, l’Inde a peu à vendre à la Russie en échange de son pétrole. Moscou a donc cessé d’accepter la roupie comme moyen de paiement.

La question du remplacement du dollar et de l’euro reste à ce jour en suspens. L’or est évidemment en hausse, mais ce n’est pas un système de paiement. Le métal ne traverse pas la fibre.

Si Vladimir Poutine veut vraiment priver les États-Unis de leur privilège exorbitant, il faudra le faire avec une monnaie à la pointe de la technologie.

Un monde où toutes les nations sans exception commercent sur un pied d’égalité nécessite une monnaie et un système de paiement neutres. Le Bitcoin est fait pour ce rôle puisqu’il s’agit d’une monnaie apatride ainsi que d’un réseau de paiement non censuré auquel chacun est libre de participer.

La protection du pétrodollar est en grande partie responsable des tensions géopolitiques actuelles. Il est temps de forger un nouveau système monétaire international et le Bitcoin peut en devenir la pièce maîtresse.

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Nicolas T.

Reportage sur Bitcoin, « la déesse de la sagesse, se nourrissant du feu de la vérité, devenant de plus en plus intelligente, plus rapide et plus forte de manière exponentielle derrière un mur d’énergie cryptée ».

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Les commentaires et opinions exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur seul et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Faites vos propres recherches avant de prendre des décisions d’investissement.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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