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L’interdiction des téléphones portables dans les collèges est en vigueur depuis une semaine


C’est l’une des nouveautés de cette rentrée, qu’expérimentent les élèves de près de 200 collèges en France : le dépôt, dès leur arrivée dans l’établissement, de leur téléphone portable dans un endroit dédié.

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L'interdiction des téléphones portables dans les collèges est expérimentée dans près de 200 établissements dans toute la France. Septembre 2024 (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Depuis 2018, une loi interdit théoriquement l’utilisation des téléphones dans les locaux scolaires : les élèves peuvent en avoir, mais les éteindre et les mettre dans leur sac. En réalité, de nombreux jeunes continuent de les utiliser en cachette, ce qui peut être source de distraction, voire de conflits et de harcèlement. Cet automne, une expérimentation est en cours dans près de 200 collèges du pays. Elle consiste à ranger son téléphone portable dans un casier ou une mallette, au lieu de le garder sur soi.

L’idée est de lutter contre les usages frauduleux dans les couloirs ou en classe. Au collège de Langeac (Haute-Loire), à ​​100 km de Clermont-Ferrand, les 200 élèves doivent commencer par se diriger depuis une semaine vers les casiers. Chaque élève y dépose ses livres et son téléphone.

Anouk, élève de 3e année, confie : par le passé, elle ouvrait de temps en temps ses applications préférées Snapchat, Instagram ou TikTok lorsqu’elle était au collège : « C’était bien aussi d’avoir un peu de temps sur notre téléphone, de « s’éloigner » un peu de l’école… Maintenant, on discute entre nous, on parle plus du coup. Mes parents trouvent ça bien, parce que ça nous évite de trop regarder le téléphone, mais parfois c’est d’eux que venaient les messages pour savoir à quelle heure on partait, s’ils venaient nous chercher… » S’il est si difficile de poser complètement son téléphone pendant la journée, c’est parce que certains ados passent tout leur temps libre dessus, témoignent plusieurs collégiennes : « Même quand je rentre à la maison à pied », reconnaît l’un d’eux, qui avoue regarder son téléphone « Au moins sept heures par jour ».

Ces étudiants ont en effet très peur de laisser leur téléphone dans un casier, même s’il est fermé à clé : « Cela me rend un peu anxieuxdit l’un d’eux, qu’il soit volé, que quelqu’un le touche… Mon téléphone est ma couverture informatique  »  » Selon ces adolescents, cette nouvelle règle sera rapidement contournée par certains élèves.

Casiers des étudiants du collège de Langeac (Haute-Loire), septembre 2024 (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

En théorie, il n’y a pas plus de risque de vol qu’avant, puisque le téléphone devait être au fond du sac, éteint. Mais certaines familles en profitent pour ne plus donner du tout leur téléphone à leurs enfants, explique le proviseur du collège de Langeac, Pierrick Villard : « Certains parents ont dit :’les enfants n’emporteront pas leur téléphone à l’école’, d’autant plus que nous avons rappelé à toutes les familles que si elles avaient besoin de contacter leur enfant, elles pouvaient appeler le service d’aide scolaire et que nous transmettrions le message… C’était déjà le cas avant, mais la solution de facilité était un SMS envoyé directement à l’enfant, y compris pendant les heures de cours. »

L’avantage de cette nouvelle interdiction est qu’elle protège le temps scolaire, selon un enseignant, et marque peut-être le début d’une rupture dans l’habitude, selon les surveillants de collège. La ministre démissionnaire de l’Education nationale, Nicole Belloubet, a annoncé vouloir généraliser l’expérimentation à tous les collèges à partir de janvier prochain. D’un point de vue pratique, cette ambition suscite encore quelques interrogations : dans ce collège de Langeac, les élèves utilisent les casiers existants, mais ce n’est pas efficace à 100 %, puisqu’ils y ont accès en journée pour récupérer leurs manuels.

Un équipement sûr serait un casier ou un étui spécifique pour tous les téléphones de la classe, mais cela a un coût et effraie l’association des départements de français, chargée de l’entretien et de l’équipement des collèges. « Il y a eu une estimation du coût d’installation de ces casiers dédiés aux ordinateurs portables : 120 millions d’eurosexplique Marie-Pierre Mouton, qui préside la commission Éducation de l’association. Et je me souviens des propos très récents de Bruno Le Maire, disant que les collectivités étaient responsables des déficits de la France… Donc c’est du « deux poids, deux mesures ».  » « 

Autre problème potentiel : la question de la responsabilité en cas de vol. Certains craignent aussi l’affluence au moment de déposer et de récupérer les ordinateurs portables, et que cela prenne du temps. Selon l’association des départements de France, il serait préférable que les collèges disposent de suffisamment de personnels pour faire respecter la loi de 2018. Elle est rejointe sur ce sujet par les associations de parents d’élèves, qui préféreraient plus d’adultes dans les écoles, plutôt que des casiers flambant neufs. « De nombreux parents s’inquiètent de l’utilisation des écrans par leurs adolescents, il est nécessaire d’encadrer ces usages dans les écoles. On retiendra cependant qu’il s’agit d’une mesure qui existe depuis 2018 et qui n’est pas réellement mise en œuvre, faute de moyens humains.souligne Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE. Il faut arrêter avec toutes ces annonces qui, une fois sur le terrain, ne se déploient pas. A moyen et long terme, nous souhaitons aussi une véritable éducation au numérique pour les étudiants.

francetvinfo

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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